« HOUit »

Intervention chirurgicale sur un tiers. — 16h55, gare de Tamines. Le train vers Charleroi ayant été supprimé, je prends celui en direction de Namur. À hauteur de la gare d'Auvelais, coup de fil de Léandra... 
Elle m'apprend que Jonas va se faire opérer beaucoup plus tôt que prévu, à savoir demain. Elle me dit aussi qu'il a mal, qu'il se plaint beaucoup et qu'il ne voit pas une intervention chirurgicale, même minime, de la même manière que moi : « Je lui ai parlé du fait que toi, tu trouvais l'expérience intéressante... Mais il n'a pas eu l'air rassuré. » C'est vrai que j'aime particulièrement les opérations chirurgicales lorsqu'elles sont pratiquées sur moi-même (un peu comme le sexe, haha !  — Mon dieu, elle est vraiment nulle, celle-là). J'en parle d'ailleurs déjà dans ce blog, de manière presque émerveillée, en date du 7 octobre 2011.
L'expérience humaine a un début et une fin. Dans l'intervalle : plaisirs et découvertes, mais aussi douleurs et pertes. C'est la vie ! Mieux vaut regarder cette vérité en face plutôt que de l'enfouir sous le tapis. C'est comme ça : au cours de cette échelle de temps ridiculement courte (une absurdité) durant laquelle il semblerait que je sois en vie, la douleur (au même titre que le plaisir) et les expériences corporelles extrêmes (dont font partie l'anesthésie et l'opération chirurgicale) sont pour moi intéressantes à vivre en tant que telles. Nul enseignement on n'apprend pas à avoir mal ni morale dans cette histoire... Des expériences brutes, tout simplement, sur le tiraillement du corps.
Le retour du café brûlant avec glaçons. — Gare de Namur, AMT Coffee. Je commande un café noir à la préposée du jour. « Avec du lait ? — Ni lait, ni sucre ! — Vous voulez des glaçons pour refroidir votre café ? — Oui, mais UN seul glaçon s'il vous plaît ! » (Aujourd'hui, je gère comme un chef !) 
Un jour, j'écrirai un article entier sur la difficulté de commander un café dans ces enseignes modernes (Starbucks, AMT et autres). Vous y commandez un honnête café noir et vous vous retrouvez avec un café au lait avec glaçons, accompagné d'un brownie et d'une tarte... (Ça s'appelle avoir le sens des affaires !)
Gare de Bruxelles-Luxembourg. — Je suis pour ainsi dire en transit vers l'appartement de Flippo et Bastien, où je vais passer la soirée. Je suis en avance d'une heure et m'installe donc sur un des bancs à l'intérieur de la gare, profitant du réseau Wi-Fi pour publier l'article consacré à ma journée de vendredi. 
Cette gare est la plus aseptisée de toutes les gares que j'ai jamais visitées. Toute forme de vie a été bannie de ce lieu morne et blanc. À l'extérieur, même constat : de grands bâtiments froids et propres qui font penser au quartier de la Défense à Paris ; une esplanade traversée par quelques humains, écrabouillés par l'immense structure du Parlement européen... — Ont-ils voulu créer ici le même sentiment d'écrasement que celui voulu par Poelaert avec son Palais de justice mégalomane ?

Quelle place pour le grouillement ici-bas ? Aucune. Les cinq jeunes qui jouent au football sur l'esplanade ne semblent d'ailleurs pas à leur place, même s'ils s'amusent (car ils s'en foutent). Vus de l'extérieur, eux aussi semblent écrasés. Leurs cris résonnent puis se perdent le long des murs.

Prononciation. — Trois personnes sont présentes à la soirée chez Flippo et Bastien, en plus de ces deux-là et de moi-même : Thibaut (un ami français de Bastien), Amy et Zapatta... Le repas est végétarien : des légumes et des pommes de terre au curry, accompagnés de naans (pains indiens) de différentes natures : normaux, au beurre (à la demande de Flippo qui en a fait une fixation), à l'ail et au fromage.
« Comment prononcez-vous le nom du groupe de Freddie Mercury ? demande Thibaut en début de soirée.
— Queen, répond Flippo.
— Ben oui... Queen, surenchéris-je.
— Voilà ! Vous dites QOUeen alors que c'est Queen...
Queen... C'est ce que j'ai dit !
— Non, non, tu dis QOUeen à la place de Queen... Mais vous, les Belges, n'êtes pas capables de faire la différence entre "oui" et "ui".
— Ha ! C'est comme pour le chiffre "huit" qu'on prononce "HOUit" ? À force de fréquenter des Français, j'ai fini par comprendre la différence, mais je dis toujours "HOUit" quand même... »

Un peu plus tard...
« Quand vous dites : "J'aurai" au futur simple, vous le prononcez "J'auré" alors qu'il faut le prononcer "J'aurè", comme au conditionnel présent.
M'enfin, mais non !
— Les professeurs de français doivent rectifier le tir tout le temps.
— Non, non... Si je dis : "J'irai à Montréal en septembre", ça ne se prononce pas de la même façon que : "J'irais bien à Montréal en septembre". Et c'est tant mieux, d'ailleurs : ça permet de faire la distinction entre le futur simple et le conditionnel présent. Même chose avec le passé simple (j'allai) et l'imparfait (j'allais)...
— C'est une erreur... »

(L'attitude un rien paternaliste de la « métropole » française vis-à-vis de ses « frontières » : la Belgique mais aussi la Suisse et, plus loin, le Québec...)

Lu sur le site de l'Académie française : « [Grevisse] recommande la prononciation "é" pour le passé simple et le futur simple à cette même personne (je mangeai, je mangerai), afin d’éviter la confusion avec l’indicatif imparfait ou le conditionnel présent dont la terminaison se prononce "è" (je mangeais, je mangerais). » — Maurice Grevisse le grammairien était-il aussi dans l'erreur ? Il était Belge, soit dit en passant.

Aventuriers du Rail « Asie » et Colons de Catane. — En seconde partie de soirée, nous jouons aux Aventuriers du Rail « Asie », une des nombreuses extensions du jeu de société à succès d'Alan R. Moon. La différence majeure avec le jeu de base réside dans cette règle : nous jouons en équipe (Flippo et moi ; Amy et Bastien ; Zapata et Thibaut) et certains des objectifs-destinations à réaliser sont communs. Amy et Bastien nous atomisent, atteignant tous leurs objectifs et dépassant allègrement les deux cents points.

Un peu avant minuit, Thibaut repart chez lui et Flippo et Bastien s'en vont dormir. Amy, Zapata et moi continuons à jouer, aux Colons de Catane. J'ai envie de leur montrer un des scénarios les plus prenants, un de ceux qui comprennent les deux extensions (« Villes et chevaliers » et « Marins »). Dans ce scénario, déjà joué en partie chez Walter et de nombreuses fois en ligne, deux uniques petites îles sont visibles et une terre inconnue traverse le plateau de jeu en son centre, comme la Voie lactée dans un ciel sans lune. 

Je gagne la première partie ; Amy remporte la seconde. Lorsque nous rangeons les différents morceaux du plateau, il est presque cinq heures du matin... Mon retour se fait d'abord en métro, puis en tram, très rapidement. Sur le quai du métro, à l'arrêt « Trône », peu avant 6 heures du matin, déjà des centaines de personnes...  — Impression de décalage.

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