Tartine. — « Dis donc, Hamilton, tu nous as écrit une tartine, hier soir !
— Oui, car nous avons abordé plein de sujets intéressants... Et je n'ai même pas mentionné ma lecture intensive du Marie Claire de Léandra, ni notre idée d'enregistrer une soirée à l'aide d'un dictaphone numérique...
— Bigre !
— En outre, je ne sais pas si tu as remarqué, mais j'aborde tout cela avec une certaine légèreté. Je fais de l'humour en mentionnant David Vincent ou bien le taux de pénétration, pour citer deux exemples qui n'ont strictement aucun rapport entre eux...
— Euh...
— Et tu en penses quoi, de mon nouveau système de présentation ? Le fait d'abandonner les trois astérisques au profit de paragraphes introduits par des sous-titres en gras suivis d'un tiret cadratin tout propret ?
— Hein ?
— Peu importe ! Tout ça pour dire que quand j'écris de cette manière, c'est que je suis bien dans ma peau, dans mon "état normal" en quelque sorte.
— Mouais... Dans ton "état normal", sauf que tu recommences à discuter avec toi-même...
— Ça faisait longtemps, hein ?
— Et là, tu fais le malin en mettant en lien un vieil article de ce blog, pour te vanter : "Hé, regardez, ça fait un petit temps que je tiens le coup, quand même !" »
Balai. — Dans le train de retour vers Liège-Guillemins, en soirée, une discussion entre deux dames (la mère et sa fille ?) installées sur les banquettes de l'autre côte de l'allée centrale...
« (...) Ouais, ça fait une semaine qu'il loge chez moi. Et il fout que dalle...
— Quel feignant !
— Et il a un problème avec les balais...
— En plus du reste ?
— Ouais... À mon avis, son père lui a mis un balai dans le cul quand il était gamin, alors il est traumatisé.
— Il a quel âge ?
— Vingt ans.
— Et il reste combien de temps, encore ?
— Trois semaines environ...
— Ha. Merde.
— Mais bon, il est mignon. C'est pas ça le problème, hein... »
Le retour. — Maison du Peuple. Emily est revenue de son long week-end chez ses parents. Ça fait dix jours exactement que je ne l'ai plus vue. Elle s'est un peu maquillée et parfumée, présente une coupe de cheveux légèrement différente ainsi qu'un joli collier. Par ailleurs, elle porte de nouveau, en arrivant, ce manteau rouge confortable, plus pragmatique que le reste de son habillement.
Elle me donne des nouvelles de sa famille. Sa mère est toujours maniaque de la propreté et veut toujours tout contrôler (au point de critiquer le moindre bout de légume traînant dans la cuisine quand Emily fait à manger) ; son père a toujours l'air aussi sympathique (la cinquantaine l'a rendu cool) et son frère toujours aussi psychopathe (il a démoli psychologiquement une de ses collègues... et en est fier).
Bribe de discussion :
« Tu devrais lui téléphoner... Ça lui ferait plaisir.
— Tu sais, je ne téléphone pas souvent aux gens.
— Pourquoi ?
— J'ai l'impression que je les dérangerais.
— Mais non, tu ne les dérangerais pas...
— Si Léandra ne me téléphonait pas, par exemple, je pourrais rester des semaines sans la contacter. Je sais que ce n'est pas bien, mais ça ne veut rien dire.
— C'est bizarre.
— Ouais. Je n'aime pas contacter les gens. C'est comme ça. Et je n'ai, du coup, pas de nouvelle de grand monde en ce moment, à l'exception de Mary et de Léandra... »
Je suppose que c'est lié à mon éducation... Mes parents ne sont pas du genre à me téléphoner pour rien et, à chaque fois que je téléphone à mon père, il est tout surpris : « Ouais, Hamilton, qu'est-ce qu'il y a ? Y a un truc qui ne va pas ? » Donc je ne téléphone que pour dire quelque chose. Si je n'ai rien à raconter, je garde le silence — au téléphone, tout au moins !
Emily a besoin de dormir (et moi aussi). Cependant, pour une fois, je reste seul à mon « quartier général », histoire d'écrire un peu...