Pastis-pétanque sans pastis

Dernière journée de boulot en compagnie de Bernard Selayve, un des anciens membres des Mouvements Marxistes Militants (MMM en abrégé), un groupe d'extrême-gauche belge qui fit de nombreux attentats à la bombe dans les années 80 contre les symboles du système capitaliste et de l'impérialisme américain (banques, entreprises d'armement...). L'institution dans laquelle je travaille a hérité des archives de ce groupe et je passe ainsi la matinée à les trier en compagnie de Bernard, un gars bien sympa. Il a un peu des côtés de mon pote anar Zapata : le même humour et le même idéalisme. Ça me fait un bien fou de me retrouver en compagnie d'un militant de la gauche radicale. Ce type partage beaucoup de valeurs en commun avec celles de ma famille, notamment avec le radicalisme marxiste et syndical de mon père.

En soirée, je me rends au "pique-nique pétanque" proposé par Andrew pas loin de chez lui. Il me faut un temps de dingue pour retrouver le petit parc dans lequel nous allons jouer. Quand j'arrive, Andrew est déjà en compagnie d'Emily et de ses deux stagiaires : Zahra, que j'avais déjà vue, ainsi que Lavida, la fameuse stagiaire franco-israélienne dont Andrew parle tout temps. Cette dernière ressemble très très fort à ma collègue de bureau Wynka. Elle déprime en Belgique à cause du temps : heureusement pour elle, elle s'en va bientôt. Dommage, elle avait l'air sympa.

On mange bien, trop bien même : il y a plein de charcuteries et de fromages sur la table et j'ai apporté une grande salade. Certains boivent du vin. Moi je suis à l'Orval, comme d'habitude. Quand Walter arrive, il boit des Chimay Bleues, comme d'habitude aussi. On joue à la pétanque. Que de souvenirs... On n'a pas trop perdu la main, en fait, même si on ne sait plus trop chasser les boules. Au crépuscule, un SDF s'installe pour la nuit en dessous du petit préau situé juste en face du terrain de pétanque. La situation m'embête au plus haut point, non pas, bien sûr, parce qu'il est là, mais plutôt parce qu'on vient de bien boire, de bien manger et que lui n'a rien. Du coup, je lui demande s'il veut à boire ou à manger, ou bien une cigarette, seule chose qu'il accepte. Andrew est gêné par la situation : il dit que parfois, ces gens ont des situations tellement éloignées de la nôtre qu'on ne sait jamais s'il faut vraiment leur proposer quoi que ce soit. Il parle aussi d'un livre qui traite de ce sujet délicat : une histoire d'anthropologue au milieu des SDF, ou un truc dans le genre. Sur le coup, ça m'énerve un peu : j'en ai rien à battre de ce livre à cet instant précis. Je trouve juste totalement condescendant de jouer à la pétanque comme s'il n'existait pas, et totalement malsain de ne rien lui proposer à manger.

Fin de la soirée et début de la nuit chez Andrew. La discussion tourne autour des femmes que Léandra n'aime pas (comme Mary Augustus et Annabelle...), pour une raison que je continue à trouver en partie irrationnelle. C'est assez fou de détester à ce point certaines personnes. Léandra trouve que Mary est très froide. Mary pense exactement la même chose de Léandra. Léandra n'aime pas les femmes qui ne s'intéressent pas à elle. C'est pourtant l'inverse qui s'est passé au début avec Mary : c'est Léandra qui ne s'est pas intéressée à Mary, qui la prenait un peu pour une "envahisseuse" dans la discussion qu'elle avait avec Walter, à l'Atelier.  Qui a raison, qui a tort ? C'est curieux car je ne les trouve ni l'une ni l'autre froides. Des "querelles de filles", quoi (pourtant, ici, il n'y pas réellement d'enjeu). Mmmmh, ce paragraphe tourne un peu à la "Santa Barbara". Par après, énième discussion entre Léandra et Walter sur leur ancienne relation, blablabla. Walter parle avec beaucoup de verve, Léandra lui sort des réponses froides, coupées au couteau. 

Au retour en taxi, je me rends compte que j'ai trop bu. Je discute avec le taxi, mais je ne me souviens pas ce que je lui ai dit (pauvres taxis, ils doivent en voir de toutes les couleurs la nuit).

Laisser un commentaire