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Schizophrénie chez Walt Disney (4/4)

Résumé de l'épisode précédent : après un (petit-)déjeuner made in Disney, nous nous rendons de bonne heure au parc Walt Disney Studios®. L'occasion pour Emily, Walter et moi de tester une attraction phare du parc : la Tower of Terror, un ascenceur fou "descendant plus vite que la gravité". L'occasion aussi pour nous de boire un café Disney totalement répugnant et d'imaginer Sexland®, le pendant (sans mauvais jeu de mot) sexuel du parc Disneyland®. Nous terminons notre rapide visite des studios par le Studio Tram Tour, une plongée dans l'univers des décors de films et des effets spéciaux. Début d'après-midi, nous regagnons le parc Disneyland®, plus particulièrement le Blue Lagoon, le restaurant pirate, yohoho !

Un restaurant en extérieur à l'intérieur

[+] Je suis sans doute beaucoup trop émotif, mais j'ai vraiment été impressionné par ce restaurant. Le concept est génial : nous nous trouvons à l'intérieur d'un bâtiment (le grand hangar qui contient l'attraction Pirates des Caraïbes), mais l'endroit où l'on mange est uniquement constitué d'une terrasse (un extérieur donnant sur un intérieur). Après un petit temps d'attente à l'entrée du restaurant (nous avons réservé mais le Blue Lagoon est apparemment très couru), un serveur-pirate s'occupe de nous et nous installe à une table donnant directement sur le retour des embarcations de l'attraction. De temps en temps, des jeunes adolescents dans les barques nous lancent des "Bonjour !" enthousiastes et légèrement moqueurs.

[-] D'un point de vue marketing, ils ont réussi leur coup, ces salauds de chez Disney : quand on est dans l'attraction, on a une vue sur la fameuse terrasse et tout est fait pour donner l'envie d'y réserver une table.

[+] C'est terrible : tous les détails du restaurant sont extrêmement soignés : les fausses lanternes qui diffusent une lumière tamisée, les bougies, les tables, les palmiers, les fausses lucioles au loin dans la jungle, le bruit des grillons et des grenouilles (!). Une fausse nuit permanente vachement bien foutue donc. Niveau nourriture, ça change de tout ce qu'on a pu voir/manger jusqu'ici : le service se fait à table et les plats sont d'un niveau nettement supérieur. C'est une sorte de "restaurant gastronomique à la Disney". Le menu est plus cher, évidemment (39 euros pour le "Coffre du capitaine"), mais comparativement aux autres restaurants (12 euros environ pour de bêtes fajitas même pas bonnes), nous sommes gagnants. Pour ma part, je prendrai de l'espadon fumé "Boucanier" en entrée, un "Talisman jamaïcain" (3 médaillons de veau délicieux) et un café gourmand. Si l'on veut quelque chose de plus sexuel (ça y est : il recommence !), il faut embarquer avec la "Caresse antillaise", continuer avec le "Désir de dorade" et terminer avec "La banane dans tous ses états" (ça existe vraiment !). C'est tellement gros que nous nous demandons si ce n'est pas fait exprès.

[/] Léandra trouve que cette pause-midi est trop longue : ça l'emmerde et elle ne semble pas très heureuse d'être là. Quant à Gaëlle, elle dessine sagement mais ne mange quasiment pas. 

Autopia et le Carrousel de Lancelot

[/] Après le restaurant pirate, nous testons Autopia, une attraction où nous conduisons des voitures à une vitesse ridiculement basse. Conduire est un grand mot : la voiture est fixée à un système de rail unique et il s'agit simplement d'appuyer sur l'accélérateur et de tourner le volant si nous le désirons, sans que ce geste ne change réellement la trajectoire. Gaëlle embarque avec Emily, Léandra avec Walter et moi avec Andrew (mon "frère ennemi", etc.). Nous traversons un "circuit modèle", avec sa flore et sa ville utopique, baptisée "Solaria".
[-] D'après Wikipédia, la définition exacte d'Autopia est "un endroit où la ville, la nature et les autoroutes vivent en parfaite harmonie". C'est un thème hérité de la vieille science-fiction, de films comme Métropolis de Fritz Lang (1927) dans lequel des routes parcourent une mégapole futuriste dans tous les sens. La ville, la nature et l'autoroute vivant en parfaite harmonie : je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer...

Métropolis

[/] Après Autopia, Gaëlle et moi nous séparons du reste du groupe. Ma fille veut faire un tour sur le Carrousel de Lancelot. Il y a des dizaines d'attractions délirantes pour les enfants de son âge dans le parc, mais elle veut faire une file d'une demi-heure pour un bête carrousel de foire, avec ses éternels chevaux et carrosses ? Une confirmation supplémentaire de la "théorie de l'emballage cadeau" : donnez un cadeau extraordinaire à un enfant et il jouera avec l'emballage.

Voyage en hyperespace

[/] Après avoir été ridicule pendant quelques minutes sur un petit cheval aux côtés de ma fille, je retrouve les autres pour la dernière attraction du séjour, et non la moindre : Star Tours. Le concept : nous faisons la file dans un spatioport pour effectuer un voyage touristique vers une lune d'Endor. Le problème : une fois dans le vaisseau, le droïde RX-24 qui le conduit n'est pas très expérimenté et le pilote avec une maladresse inouïe.

[-] (Encore un droïde stupide issu de l'univers de Star Wars. La société dépeinte dans cette saga semble de prime abord  hautement technologique mais – énorme paradoxe – n'est jamais capable de créer une intelligence artificielle digne de ce nom : R2-D2 ne sait pas parler, C-3PO sait à peine marcher et RX-24  est censé avoir été créé pour piloter mais ne sait justement pas piloter.)

[+] Cette vieille attraction (1992) est géniale à tout point de vue : il s'agit d'un simulateur de vol performant qui nous fait ressentir en temps réel les mouvements que nous observons sur un écran situé juste en face de nous. RX-24, notre pilote, fait connerie sur connerie : il frôle les murs de la station spatiale ainsi qu'un nombre impressionnant de vaisseaux de combat ennemis. Il se trompe également de chemin, nous faisant assister à la destruction de l'Étoile de la Mort par des vaisseaux de type "X-wing". Lors de deux passages en hyperespace, nous sommes scotchés à notre siège. Gaëlle, encore une fois, rit aux éclats et, à la sortie de l'attraction, me demande si nous sommes réellement allés dans l'espace. Je n'arriverai jamais à savoir si la question était on ne peut plus sérieuse ou bien si Gaëlle voulait simplement y croire

[*] Mais comment cela fonctionne-t-il ? Est-ce que le compartiment dans lequel nous nous trouvons se déplace légèrement dans une sorte de hangar ou bien reste-t-il statique ? Je me pose la question car les "déplacements dans l'hyperespace" nous collent gentiment à nos sièges pendant quelques secondes, comme si nous sentions l'effet d'une véritable accélération. La réponse : nous nous trouvons dans un simulateur de vol ; aucun déplacement donc, juste des inclinaisons sur trois axes, grâce à un système de vérins hydrauliques. Pour créer cette attraction, Walt Disney Imagineering (le nom des concepteurs Disney) a acheté des simulateurs à l'armée américaine ($500.000 l'unité), qu'ils ont transformé pour les besoins de l'attraction. J'apprends également que la sensation d'accélération lors du passage en hyperespace est simulée d'une manière toute bête : rapidement, via le système de vérins, le nez du simulateur pointe vers le ciel et la queue vers le sol, et la gravité fait le reste : elle nous colle à notre siège. N'ayant pas de référentiel spatial extérieur à la capsule, notre cerveau imagine une accélération...

Parade et shopping

[+] Le séjour touche à sa fin. Nous nous dirigeons vers Main Street pour voir la parade, cette fameuse parade dont tout le monde me parle depuis tant d'années (j'ai tendance à exagérer). Elle passe devant une foule compacte et docile. Je m'attendais à un défilé de majorettes et de pom-pom girls mais nous en sommes très loin. La parade Disney est faite de chars sur rail et, de nouveau, force est de constater que c'est très bien foutu. Chaque char est thématique : le char du Roi Lion, le char des ténèbres (avec un impressionnant démon noir qui rejette de la fumée), le char des princesses qui font des saluts mielleux... Gaëlle, sur mes épaules puis sur celles d'Andrew, est subjuguée.

[/] Après la parade, sur Main Street, nous formons deux groupes : d'un côté Léandra et Andrew qui vont faire les magasins pendant une petite heure ; de l'autre Emily, Walter, Gaëlle et moi qui allons faire les magasins aussi, mais en très grande vitesse, pour ensuite aller nous reposer à la terrasse d'un café.

[-] Je n'ai pas encore mentionné ce que Gaëlle a acheté durant ce séjour. C'est le moment ou jamais... Ma fille a reçu de ma famille un pécule conséquent (200 euros) pour acheter de la camelote de chez Disney. Elle a donc pu grosso modo recevoir ce qu'elle voulait recevoir. Son butin est le suivant :
- une longue-vue de pacotille ;
- un médaillon pirate de pacotille ;
- un pistolet pirate de pacotille ;
- un gobelet "Ariel la petite sirène" de pacotille ;
- une paille Mickey de pacotille ;
- des oreilles de Minnie (offertes par Léandra) ;
- des oreilles de Minnie différentes ;
- un appareil lumineux ridicule ;
- un petit robot-chien ridicule ;
- une robe de Cendrillon (46€, hé ouais !).

[-] Je ne supporte pas ces magasins de Main Street noirs de monde, remplis d'individus qui se marchent sur les pieds et qui tendent tous vers ce même but idiot : acheter ce putain de tee-shirt Disney "spécial Halloween". Je veux partir loin, loin, très loin de cet endroit.

[/] Nous retrouvons Andrew et Léandra à l'entrée du parc. Direction la voiture, direction Bruxelles. Le rêve est terminé.

* * *

Dans la voiture d'Emily, sur le chemin du retour, Gaëlle s'endort presque immédiatement. Elle dormira durant la majorité du trajet, à tel point que je resterai dans la voiture avec elle pendant l'arrêt sur une aire d'autoroute.

Durant le trajet de retour, c'est la musique d'Emily qui passe dans la voiture. À un moment, nous entendons la très connue "Stairway to Heaven" de Led Zeppelin. Emily : "J'adore cette chanson, du début jusqu'à la fin". Moi : "C'eût été mieux s'ils s'étaient interrompus vers la quatrième minute". D'autres chansons rock passent. Je trouve qu'elles contiennent des envolées de guitares superfétatoires (il était temps que je la place, cella-là). Certaines des mélodies entendues me font penser à Queen (c'est une obsession !), avec leurs solos de guitares qui ne servent à rien. Emily remarque à raison : "En fait, tu as de sérieux problèmes avec les solos de guitare". Moi : "Non, ce n'est même pas vrai : je n'aime pas les solos sans raison". Puis, enfin, la délivrance : nous entendons "Where Is My Mind?" des Pixies. Moi : "Ha ! Voilà un air qui tient debout, sans fioriture !" Sorti en 1988 s'il vous plaît ! Une longueur d'avance ! Cerise sur le gâteau : la chanson clôture à merveille ce long week-end Disney, en posant la question qui fâche : "Où est passé mon cerveau ?"

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