Ce soir, Emily me propose d'aller à la Cinematek Flagey voir Dark Waters de Walter Salles, remake américain (2005) d'un film de Hideo Nakata (2002). J'accepte, sans vérifier ce que c'est. Un peu plus tard, je m'en vais lire ce qu'en dit la critique. Celle-ci est presque unanime : mieux vaut visionner l'original japonais, qui joue beaucoup mieux sur l'esthétique et les ambiances oppressantes, que son homologue américain... Zut alors ! Pas grave, on verra bien. Par ailleurs, j'apprends que l'actrice principale du film n'est autre que Jennifer Connelly, celle qui, à la fin de son adolescence, joua dans Labyrinthe de Jim Henson... Donc si le film s'avère nul, je pourrai toujours passer presque deux heures à dévorer des yeux cette actrice qui constitue un de mes absolus en matière de féminité. (Et c'est quoi tes autres absolus, mon gars ?)
Conclusions après visionnage : un film fantastique "classique" pas trop mauvais, qui mise plus sur la création d'une atmosphère oppressante que sur une quelconque vision gore. Ici, pas de découpage à la tronçonneuse ni d'horribles monstres purulents. Non : ici, tout tourne autour de l'eau. Une eau noire qui se déverse dans l'appartement d'une jeune femme et de son enfant (ce fait me rappelle le sang de l'ascenseur dans Shining), en parallèle avec la mort d'une petite fille abandonnée, qui réclame l'attention qu'elle n'a pas eue de son vivant. Une mort par noyade, comme on l'apprendra plus tard et comme on s'en doutait déjà un peu... Bah oui : si la petite fille était morte incendiée, le film ne se serait pas appelé "Dark Waters" mais plutôt "Dark Fire". Pas con, le réalisateur...
Comme trame parallèle, les déboires de Dahlia Williams (Jennifer Connelly) avec son ex-mari pour la garde de leur fille. Dahlia va s'installer dans un coin paumé de New York, ce qui énerve son ancien compagnon qui continue d'habiter la ville et qui doit se taper "Outsiplou-les-Bains-de-Pieds" pour la récupérer chaque week-end. La petite fille a également une amie imaginaire, qu'elle appelle Nona Alexandra... Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne peut être que fortuite... Et puis, Maïté ne ressemble pas à Jennifer Connelly... Quoique... Euh... Maintenant que j'y pense, il y a quand même un petit air général, en fait...
Le logement dans lequel vit Dahlia et sa fille est présenté à des fins commerciales par le promoteur immobilier comme une utopie... Une utopie ratée dans ce cas... Une sorte de phalanstère dont l'idée originelle (regrouper une communauté dans un environnement harmonieux et autarcique) s'est perdue dans l'oubli. Ne reste plus que de hautes tours résidentielles délabrées, avec des locataires vivant dans l'isolement le plus complet. Une dystopie, un anti-phalanstère, dans les faits. C'est, je pense, cet aspect du film qui m'a le plus plu.
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Après le film, Emily et moi allons au Murmure, un café étroit dans une petite rue à deux pas de la Cinematek, dont le décor est constitué de gros et de petits tuyaux. Autant Emily déteste le Verschueren (voir hier), autant elle adore le Murmure, car l'endroit "possède un cachet particulier". Bref. Nous y restons le temps d'un verre. Emily prend un Orval. Quant à moi, je prends... un Orval aussi. Nous regardons le programme de la Cinematek et nous disons que nous devrions y retourner plus souvent...
Emily tombe subitement (c'est le mot) malade. Son nez se bouche à la vitesse d'un Thalys sur la LGV2. Elle me raconte qu'en Belgique, les habitants ont beaucoup plus de sinusites qu'ailleurs à cause du temps très humide. Je n'ai pas envie d'aller vérifier cette information... Après notre Orval, nous reprenons le chemin du retour, elle vers le quartier de l'université en bus, moi vers Saint-Gilles en tram...