La couleur qu'il renvoie

Baignade. — « Je ne vois qu'une seule solution : rattraper le temps en écrivant vite et peu ; évacuer tous les détails, m'attacher à l'essentiel » (28 avril 2013), raison pour laquelle je mentionne deux jours plus tard les détails les plus insignifiants de ma journée, jusqu'à paraphraser ce que je ressens lorsque je croise des commerciaux de bon matin à la gare des Guillemins. C'est à croire que j'aime me baigner dans un retard sans fin !

Diem perdidi. — Aujourd'hui, jour de la Fête du Travail, je ne travaille pas, je ne sors pas, je ne fête rien. Je reste cloîtré chez moi, je n'écris pas, je ne lis pas. Je regarde Seinfeld par intermittence dans ma chambre, entre sommeils et bains chauds. La journée me semble perdue tant je suis improductif, mais si j'avais été, au contraire, très productif, la journée n'aurait-elle pas, de toute façon, été perdue ? Comment définir une journée gagnée ? 

Message incompréhensible. — Parce que la plupart des pensées qui me passent par la tête s'effritent très rapidement, j'utilise souvent mon vieux téléphone portable pour garder une trace de ce que je pense à un moment précis. Parfois, je retombe par hasard sur d'anciens petits messages perdus de vue et, le contexte d'écriture manquant cruellement, je ne me rappelle plus du tout de ce que je voulais alors exprimer (c'est comme si je découvrais une pensée étrangère). Médaille d'or pour le message suivant, dont j'ai oublié jusqu'à la signification : « Il me dit ceci mais la couleur qu'il renvoie n'est pas celle qu'il exprime. » — Étais-je saoul ? La phrase est jolie, sonne bien, mais ne me dit absolument rien.

L'opposé. — Vu aujourd'hui : l'épisode final de la cinquième saison de Seinfeld intitulé « The Opposite ». Partant du principe que son instinct le trompe lourdement et que chaque décision qu'il prend s'avère catastrophique à plus ou moins court terme, faisant de sa vie l'opposé de ce qu'il voudrait qu'elle soit, George décide, afin de retourner la situation, de faire l'exact opposé de ce qu'il ferait d'habitude : il commande ce qu'il considère comme l'opposé de son dîner routinier, il prend un air cool et décontracté, arrête de crier à chaque contrariété et, surtout, devient d'une honnêteté sans faille et d'une franchise déconcertante... Et ça marche : grâce à ce nouveau comportement, il sort avec une femme ravissante et trouve un très bon job au sein du secrétariat des Yankees de New York. — L'épisode, en plus d'être hilarant, pourrait presque devenir la base d'une nouvelle psychologie comportementale : si je faisais le contraire de ce que je fais d'habitude, que se passerait-il ?

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