Contre-journal

J'ai du retard dans l'écriture de ce journal, alors j'ai décidé de faire un contre-journal pour ce 1er septembre. Le concept : je reprends la partie du journal de mon amie Léandra où je suis présent et je décris les mêmes événements, mais à ma façon. Mon frère Lionel, qui regarde à l'instant (comme souvent) par-dessus mon épaule pour lire ce que je suis en train d'écrire, trouve que c'est vraiment une idée de gros flemmard, mais je l'emmerde.

* * *

Ce soir, je suis invité chez Léandra. J'arrive chez elle vers 19h avec des Chimay blanches (il n'y a plus d'Orval au Delhaize des Guillemins), que je mets directement au frigo (en fait, je le fais presque machinalement : je ne demande même plus). Léandra est encore sous antibiotiques et carbure donc au jus de clémentines. On mange, on
discute, on sort évidemment l'ordinateur. Je dois gérer les commentaires
de mon "Devinoscope". Léandra n'est toujours pas convaincue que modérer les réponses avant publication soit une bonne idée : elle trouve que ça enlève le
côté palpitant du jeu. Mais comme elle semble être la seule ou presque à penser ça, elle écrase. Personnellement, je n'ai pas d'avis : j'ai juste envie de tester les deux systèmes (avec et sans modération), afin de faire un choix en fin de week-end...

Léandra fera un repas tout simple : du chili
con carne, accompagné d'avocats. C'est une bonne idée. J'aime bien les avocats, mais là, ils sont vraiment immangeables car vraiment pas assez mûrs. Léandra les coupe en petits morceaux et essaie quand même de les manger, mais elle abandonne après quelques minutes. Je parle d'une technique pour les faire mûrir très rapidement, sans doute la réminiscence très lointaine d'une émission TV que j'ai dû entendre il y a des années... La technique consisterait à malaxer fortement les avocats dans ses mains pendant un quart d'heure environ, mais j'ai l'impression en en parlant que c'est du grand n'importe quoi. Plus tard, j'irai voir sur le Web. Si certains citent également cette technique, d'autres parlent de leur truc à eux : les faire rouler sur une table (ou à la main, sous les aisselles ?) ; les placer à côté d'un citron, d'une pomme ou d'une banane ; les sortir à température ambiante ; les mettre dans un sac papier ; les mixer ; les cuire au four à micro-ondes (!) ; les passer rapidement dans l'eau bouillante ; les acheter déjà mûrs chez le marchand (l'inventeur de cette technique ne s'est pas vraiment foulé) ; leur gueuler dessus ; les cajoler ; les soumettre à une salve de rayons gamma ; les faire manger par un chat innocent ; etc.

Léandra a également acheté des fraises pour le dessert. Elle me
demandera si je veux les manger avec du sucre directement dessus ou si
je préfère le sucre à part, "comme Andrew". Léandra est très prévenante avec ses invités.
Je m'en fous un peu, mais je demande quand même une sous-tasse de sucre, pour ne pas que celui-ci baigne et fonde sur les fraises.
Tout ça pour manger trois fraises en tout et pour tout (hé ouais, car, à ce moment-là, se prépare dans mon ventre une petite crise dont l'apogée sera atteinte vers 3 heures du matin).

Nous passons un long moment à inventer de nouvelles devinettes
visuelles et nous amusons bien. Pour trouver de l'inspiration, Léandra sort
un livre de peinture et son fameux "Lagarde et Michard" sur la littérature du XXe siècle. J'essaie d'utiliser son ordinateur à plusieurs reprises pour effectuer des recherches sur
le Web, mais sa connexion rame. Faut dire que ce n'est pas vraiment sa connexion, mais celle qu'elle pique à l'un ou l'autre de ses voisins, et cela depuis des plombes. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment elle arrive à vivre avec un Wi-Fi aussi instable, d'autant plus qu'avoir un accès au Web est totalement vital pour elle. La chose a sans doute un rapport avec sa phobie de payer les factures. Léandra m'explique que pour
améliorer la connexion, il faut toucher la prise d'alimentation du PC. C'est du grand n'importe quoi à mon humble avis, mais ça m'amuse beaucoup de faire de d'humour en répétant ce bête geste à différents moments.

Durant la soirée, je reçois un courriel de Christelle. Le message me donnera le cafard pendant quelques minutes.
À un moment, on parle de Jonas et la soirée devient subitement plus tendue. La raison : cette bête histoire de running gag qui date de la soirée de samedi soir chez moi. On s'était dit, Emily et moi, qu'on allait inviter Jonas de 23h à 23h30, juste pour qu'il fasse la vaisselle. Léandra l'a très mal pris car ça l'irrite profondément que son amour blessé devienne un sujet anodin, dont on peut plaisanter.
Elle trouve que c'est dévaloriser quelque chose
d'important pour elle et en lequel elle a cru. Pourtant, ce n'est pas du tout ça, mais juste une gentille blague débile sur une manie, un peu comme si on rigolait de mes besoins de symétrie ou du fait que je passe beaucoup de temps dans ma baignoire, comme Marat. J'ai beau tenter de me mettre à la place de Léandra, imaginer une situation similaire, j'ai du mal à comprendre le malaise. Je finirai par comprendre ce qu'elle veut dire, mais vraiment avec beaucoup de mal. C'en est presque flippant.

On finit par discuter d'autre chose : de tout et
de rien, de nos amis. Léandra ne me proposera pas de café. De toute façon, je n'en aurais pas pris (j'avais déjà du mal à terminer ma Chimay blanche – d'ailleurs, pourquoi a-t-il fallu que je la termine ?). Je quitte son appartement et reviens chez moi vers minuit. Je ne peux alors plus rien faire, si ce n'est me tordre dans mon lit pendant environ quatre heures. Je suppose que c'est toujours ce même problème de calculs à la vésicule biliaire. Je sais des heures à l'avance quand je dois me préparer à une mauvaise nuit. Par contre, à la fin de la crise, la douleur passe d'un seul coup. À certains moments, c'est difficilement tenable. J'essaie de penser à autre chose, de lire des BD, mais j'arrive à peine de me concentrer... Il faut vraiment que je me rende chez le médecin la semaine prochaine.

Je me demande si ces crises sont purement physiques ou si elles ont une quelconque relation avec mon état psychologique du moment. Autrement dit : les courriels que je reçois durant une soirée peuvent-ils influencer mon état physique ?

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