Panique à la TEC

Durant la nuit de jeudi à vendredi, je regarde le film Take Shelter de Jeff Nichols, l'histoire d'un homme obsédé par la venue d'une énorme tempête qui n'apparaît a priori que dans ses pires cauchemars et hallucinations. Il est poursuivi par des visions d'apocalypse et décide d'agrandir son refuge anti-tempête afin de protéger sa famille de la destruction qui se prépare... À tel point qu'il en perd la raison, son travail, ses amis... 

Est-ce un film banal ou un chef-d'œuvre ? Il me faudra le regarder une seconde fois pour rendre un avis définitif. En tout cas, en visionnant ce film, tard le soir, je suis en parfaite continuité avec la discussion d'hier sur le monde qui s'écroule.

* * *

Une heure de l'après-midi. J'ai achevé ma matinée de boulot et je suis dans un bus assez bondé qui se dirige vers la gare des Guillemins et le Centre-ville de Liège. Trois jeunes — ils doivent avoir entre 16 et 18 ans — abordent une jeune femme assise au milieu du véhicule. (Comme d'habitude, les conversations sont approximatives : il y a du monde et certains éléments m'ont été rapportés indirectement par les passagers du bus.)

« S'cusez-moi, mademoiselle, mais on vous a déjà dit que vous étiez très jolie ?
— Oui, on me le dit souvent, répond-elle, l'air exaspéré.
— Pourquoi tu me parles comme ça, toi ?
— Désolée mais ce genre de drague, je trouve ça très lourd.
— Tu sais, je te nique quand je veux, salope. »

Une autre jeune dame, assise un peu plus à l'arrière, s'en prend au gars :  
« Putain, mais arrête ça, ducon, tu fais de la peine à voir, franchement !
— Qu'est-ce que tu me veux, toi ?
Tu t'es entendu parler ? T'as aucun respect. Tu te crois malin parce que tu peux frimer devant tes potes, c'est tout. Respect, respect !
(Le jeune rigole, s'approche de la femme d'un air menaçant et tend vers elle une main tremblante.)
— Mais allez, vas-y, gamin, tu crois que tu me fais peur ? Des cons comme toi, j'en vois à longueur de journée, là où je travaille... Pfff...
— Mais de quoi tu te mêles ? »

C'est plus ou moins à ce moment qu'un autre passager du bus entre dans la danse. Il fonce sur l'impoli, l'empoigne et lui donne plusieurs coups de poing dans la figure en lui criant : "Connard ! Tu fais moins le malin quand t'as affaire à un homme, hein ?" ; l'autre se protège la tête de ses mains puis tente à son tour de donner des coups de poings. La rixe se transforme en pugilat pendant une vingtaine de longues secondes. Une dame, presque au bord des larmes, crie : "Vous voyez où elle nous mène, toute cette violence !" Plusieurs passagers hurlent au chauffeur : "Arrêtez le bus, arrêtez le bus !" Le bus s'arrête, les portes s'ouvrent et les trois jeunes s'en vont. Celui qui s'est pris quelques coups de poing dans la figure lance à son agresseur : "On se reverra, mec, on se reverra !" Puis le bus redémarre et tout le monde, forcément, parle de l'événement. 

* * *


Je prends le train vers Namur, j'attends l'heure de la sortie des cours à la brasserie "Le Flandre", je récupère ma fille à l'école, nous attendons le train pendant une demi-heure dans le hall de la gare, Gaëlle joue au petit train, nous reprenons le train vers Bruxelles rempli jusqu'à ras bord, nous allons faire les courses, je nettoie mon appartement, je fais à manger. Quand Léandra sonne chez moi, vers 19h45, j'ai réussi à rendre l'appartement convenable et à préparer une partie de la nourriture, mais la vaisselle n'est pas finie et la table n'est pas encore entièrement dressée. 

Je voulais leur faire des carbonnades flamandes, à mes invités de ce soir (Léandra et Jonas), mais c'est impossible puisqu'il y a dans la préparation de ce plat un élément incompressible : le temps de cuisson. Faut que ça cuise des heures entières, Madame, pour que ce soit bon... Et aucun de nous n'a envie de manger à dix heures du soir, vous comprenez ? C'est humain, ha ben oui. Y a comme un avant-goût de printemps aujourd'hui, vous ne trouvez pas ? 

J'opte alors pour un rôti de bœuf sauce au poivre et une salade de pâtes. Pour la sauce au poivre, j'essaie un nouveau "truc" qui s'avère vraiment pas mal, qui consiste à faire infuser à feu doux des grains de poivre noir entiers dans de la crème fraîche, puis de filtrer cette dernière à l'aide d'une simple écumoire pour enlever les grains de la sauce. Ensuite, il faut mélanger le résultat obtenu avec des échalotes finement hachées préalablement cuites dans le jus de la viande avec quelques cuillerées de Porto et un soupçon d'Armagnac. Tout ce bordel pour deux décilitres de sauce au poivre : tout compte fait, j'aurais dû préparer des carbonnades...

* * *

Et voilà : à part deux noms d'auteurs de science-fiction, je n'ai rien noté de la soirée et, en conséquence, évidemment, je ne me souviens que de l'ambiance générale (c'était une chouette soirée) mais pas du contenu. C'est un peu décevant, non ?

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