Anouchka

Ce dimanche après-midi, à l'occasion des cinq ans de leur fille Anouchka, Donna et Fred Jr ont convié les « habituels » : parents, tantes, marraine (Pippa — qui vient d'accoucher, mais ça ne se voit pas) et parrain (moi). Enzo, le compagnon de la maman de Fred, se présente mais je l'arrête net : « Mais oui, nous nous sommes déjà rencontrés, à Villers-la-Ville ! » Et j'aurais pu ajouter : « C'était le samedi 26 mai 2012, un peu avant 18 heures, dans la nef en ruine de l'ancienne abbatiale... Même que j'étais en train de noter des informations dans le carnet à dessins de ma fille et que deux équilibristes, dont un en béquilles, répétaient leur numéro au milieu du transept ! » (La grande question du jour étant : si je ne l'avais pas écrit dans ce journal, m'en serais-je seulement souvenu ?)

Anouchka est toute fière de me raconter qu'elle va désormais dormir dans un « lit à étage »... Comme cadeaux, je lui offre le « Bassin des pingouins » PLAYMOBIL® ainsi qu'un livre pour enfants intitulé La porte ! (l'histoire d'une petite fille qui veut prendre son bain tranquillement mais qui est constamment dérangée dans son intimité par sa famille ; à la fin de l'histoire, en colère, elle crie : « La porte ! », et ce sera la seule parole de tout le récit). Anouchka laisse le livre de côté pour se précipiter sur le bassin en plastique. Parmi les autres cadeaux, elle recevra également un petit appareil photo numérique.

Les deux filles de Donna et Fred sont très différentes, tant au niveau du physique que du caractère : Anouchka, blonde aux yeux bleus, est plutôt du genre bavarde et souriante ; Mado, brune aux yeux bruns, ne parle quasiment pas (mais elle est plus jeune) et fluctue entre rires francs et crises de pleurs à chaque contrariété.

Les invités s'en vont rapidement en fin d'après-midi (c'était déjà le cas l'année dernière) et je suis donc le seul qui reste pour manger des frites avec la petite famille. « Tu vas manger avec nous, Hamilton ? Tu vas manger avec nous ? », demande Anouchka. Elle paraît démesurément contente quand je lui réponds par l'affirmative. « Et tu vas rester dormir ici cette nuit ? » Non, quand même pas. Elle ne me quitte plus d'une semelle. Elle me fait de grands câlins, me lance des « Je t'aime vraiment très fort, Hamilton ! »

Il y a un an, je quittais la maison de Fred en soirée pour rejoindre Andrew et Walter à la Maison du Peuple, Léandra s'étant éclipsée pour accourir au chevet de Jonas. Ce soir, je quitte la maison de Fred en soirée pour rejoindre Léandra et Andrew à la Maison du Peuple. (Il y a du changement dans l'air !) Ces deux-là reviennent d'un petit week-end à Chevetogne organisé avec des amis de l'impro, dans la maison de campagne de l'un d'eux. Ils ont fait de belles promenades bucoliques et visité une jolie église d'aspect oriental, au caractère œcuménique.

Lorsque je retrouve mon appartement, Mary est installée à la table de la salle à manger en compagnie de Cyrus et de Martin (deux potes du club de badminton d'Ixelles). Devant chacun d'eux sont empilés des jetons de différentes couleurs. Ils jouent au poker depuis environ cinq heures de l'après-midi. Mary m'explique : les trois autres joueurs ont perdu la partie et sont partis. Je m'installe au bout de la table et observe. Les parties défilent à coup de « Check », de « J'me couche », de doubles coups sur la table, de regards faussement sérieux, de rires jaunes, de petites intimidations... Et moi, je ne pige strictement rien, si ce n'est que Mary dispose d'un réservoir de jetons beaucoup plus conséquent que ses deux adversaires. Cyrus se refait une santé mais finit par perdre la partie contre Mary, aux alentours de minuit.

De mon côté, je suis entretemps retourné à mon ordinateur. Avant de partir, Martin se dirige vers moi, curieux :
« Qu'est-ce que tu fais ?
— J'écris...
— Pour ton travail ?
— Pas vraiment. Je tiens un blog quotidien... Je rédige un article par jour...
— C'est en rapport avec ton métier d'historien, c'est ça ?
— Oh non ! Je ne suis pas assez cultivé pour écrire un article historique par jour ! Non, non, j'écris un peu n'importe quoi. Ça peut être sur ce que je lis ou bien sur ce que je fais...
— Une sorte de journal de bord ?
— Oui, c'est ça ! D'ailleurs, il y a des chances pour que je parle de vous dans l'article de ce dimanche... Toutes les personnes que je croise, je leur donne un prénom d'emprunt dans mon blog. Par exemple, Lewis, je ne l'appelle pas "Lewis" mais "Lewis"... Là, tu vois, il apparaît 48 fois...
— Lewis ?
— Oui, Lewis du badminton.
— Et tu tiens ce blog depuis quand ?
— Depuis un peu plus d'un an... »
Il n'a pas l'air plus intéressé que ça.

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