Des glaçons dans le café noir

Quelques événements à raconter aujourd'hui, mais rien de saillant. 

Train Bruxelles-Namur. — À Ottignies, le wagon se remplit d'étudiants de Louvain-la-Neuve qui repartent chez papa-maman pour le week-end. Une pensée : « Comme ils sont jeunes ! » (C'est le début de la fin, mon petit Hamilton !) Une étudiante en droit (très moderne, cheveux blonds courts, voix grave, d'un genre qui plairait — enfin, façon de parler ! — à Léandra) s'installe sur la banquette en compagnie d'un autre étudiant. Le gars est du genre « jeune homme avachi qui parle d'un ton égal, sans passion ». Je me dis qu'il est tellement mou qu'on pourrait, à l'instar de l'adolescent trouvé au détour d'une bande dessinée de Midam et Clarke*, le replier complètement et le mettre dans un petit bocal rempli de formol. Le contraste avec la jeune femme aux yeux marron pétillants qui lui sert d'interlocutrice est assez frappant.
Ils parlent des amours, ceux des autres surtout, comme s'ils commentaient la trame d'une série télévisée américaine à l'eau de rose : « Thibaut, il est sympa, mais il est quand même très bizarre. Il fait peur, parfois. Sandra m'a expliqué qu'un jour, il lui a offert un bouquet de fleurs en la regardant avec ses yeux de taré. Elle était vraiment gênée, car elle ne comprenait pas ce qu'il lui voulait... » Ou encore, plus tard : « Cindy a fini par le quitter, forcément. Elle était amoureuse, mais il n'arrêtait pas de la tromper, ce salaud ! C'est le style "tombeur", lui, hein... » (Pourquoi ai-je l'impression d'avoir entendu ces conversations de très nombreuses fois ?)

Café brûlant avec glaçons.  — Stand AMT Coffee, gare de Namur. Dans une sorte de cagibi ridiculement petit, un serveur me demande ce que je veux boire. Le monsieur, fin de quarantaine, cheveux grisonnants bien rangés (je m'intéresse beaucoup aux cheveux aujourd'hui), a plus le look d'un agent secret britannique que d'un préposé « cafés & milk-shakes » dans un hall de gare.

« Je vais prendre un simple café, s'il vous plaît.
— Avec du lait ?
— Non, noir.
— Du sucre ?
— Non, non, surtout pas de sucre ! Un café noir de noir...
— Je vous mets des glaçons dedans ?
Pardon ? Pourquoi des glaçons ?
— Le café, lorsqu'il est servi, est à environ 80 degrés. Les glaçons, c'est pour le refroidir afin d'éviter que vous ne vous bruliez...
— Ha... Euh... D'accord !
— Combien j'en mets ?
Hein ?
— Je vous en mets combien, de glaçons ?
— Je ne sais pas, moi, euh... 
— Deux glaçons, c'est bien !
— Ha ! Eh bien va pour deux glaçons alors !
— Un café noir, avec deux glaçons ! Bien, Monsieur... »

Résultat : quand je le bois, le café est presque tiède. Misère ! — Il est à la solde de la Perfide Albion, j'en suis sûr, maintenant... Car seuls des Britanniques seraient capables d'une telle ignominie. Je m'en vais avant qu'il ne sorte son révolver.

Soirée. — De retour chez mes parents, avec Gaëlle. Pas grand-chose à signaler. Ma fille est adorable. Elle regarde des dessins animés, dessine, écrit. Elle a fait de fabuleux progrès dans ces deux domaines : les corps humains ressemblent désormais vraiment à des corps humains et les lettres, les mots sont beaucoup plus précis, moins gros, plus droits. — Et voilà : ils ont réussi à la formater ! 
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* Durant les travaux, l'exposition continue. (Je pense que c'est la première histoire du deuxième tome, mais je n'en suis plus certain... — Impossible de vérifier car je les ai prêtées.)

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