Café, boss ?

Que raconter un dimanche ? Pas grand-chose, ça va aller très vite.

Je me couche vers 6 h 32 et je me réveille quatre heures plus tard. Je ne fais rien pendant une bonne partie de la journée, si ce n'est relire des Lucky Luke. Quand Goscinny est au scénario, cette bande dessinée de Morris est vraiment formidablement bien construite. Morris et Goscinny arrivent à mettre en cases des moments chargés d'humanité très difficiles à saisir, comme par exemple, dans Le Pied-Tendre, l'émotion très palpable de Lucky Luke face au testament de son vieil ami qui vient de décéder. Je n'ai pas la BD sous les yeux, mais de mémoire ça donne une séquence de ce genre : Luke lit le testament, roule une cigarette sans rien dire mais n'y arrive pas, faisant tomber le tabac. Le notaire touche son épaule et lui dit simplement : « Tu es ému, Luke ». Un autre grand « moment », relu également aujourd'hui : dans En remontant le Mississippi, Ned, « le meilleur et le plus menteur des pilotes du fleuve », boit café sur café, servi par Sam, son « fidèle verseur » (!), qui lui lance son sempiternel « Café, boss ? ».

* * *

Le soir, je me rends à la Maison du Peuple de Saint-Gilles avec mon ordinateur pourri mais le Wi-Fi ne fonctionne pas. Pas moyen de travailler sur mes devinettes visuelles. Tant pis, ça attendra. Emily me rejoint une heure plus tard environ, à l'improviste. Elle a mis son linge à la wasserette – tiens, je me rends compte en vérifiant l'orthographe que ce terme est belge – toute proche et l'a laissé tourner sans surveillance. La laverie en question constitue une expérience bobo du nom de « Wash & Web » : « Ne perdez pas votre temps », disent-ils sur un panneau, « surfez sur le Web ! » (le Wi-Fi est gratuit pour les utilisateurs des machines à laver). Pourquoi pas ?

Andrew nous rejoint un peu plus tard, au Verschueren. On termine la soirée à manger un couscous aux « Mille et une Nuits », rue de Moscou. La serveuse est sympathique, l'ambiance feutrée, les canapés confortables. Un des sujets de discussion : les cours d'éducation sexuelle à l'école. Je me rappelle ma dernière année de primaire, aux alentours de douze ans donc. Au premier semestre, nous avions eu droit à un cours de secourisme avec un certain Monsieur Mouton (si ma mémoire est bonne). Il nous a appris à faire des bandages complexes et à faire du bouche à bouche. Au dernier cours de l'année, il avait ainsi apporté un mannequin en plastique grandeur nature, sur lequel il fallait pratiquer à tour de rôle (oui, oui) le fameux bouche à bouche. Si on le faisait bien (autrement dit, si on arrivait à insuffler de l'air dans le mannequin), un petit voyant vert s'allumait ; si on le faisait mal, un voyant rouge. Je garde un souvenir très précis de Monsieur Mouton me disant, devant une classe hilare : « Bravo, c'est toi qui le fais le mieux dans cette classe ». Je n'ai jamais vraiment profité sur le moment de cette éphémère renommée (j'étais jeune et innocent).

Au second semestre, le secourisme était remplacé par des cours d'éducation sexuelle. La classe était mixte et les professeurs au nombre de deux (un homme et une femme). Les premières séances étaient consacrées aux questions. Chaque élève écrivait de manière anonyme sur un papier les interrogations qui lui passaient par la tête et plaçait le papier dans une urne. Puis, les professeurs sélectionnaient les questions, les reformulaient et y répondaient. Parmi les questions les plus marrantes : « Combien de litres de sperme a-t-on dans les testicules ? » ou encore « À quoi sert une érection ? ». Les heures suivantes étaient consacrées à décortiquer en long et en large, en plan de coupe et tout et tout, les appareils reproducteurs masculin et féminin. A priori, ça ne donnait pas trop envie, mais je me souviens tout de même d'un gars de ma classe, un peu « en avance sur le programme », lançant, excité, en cours de récréation : « Raaaah, j'ai envie de le faire, j'ai envie de le faire ! ». De bons souvenirs, ces cours (la géographie des corps, ça changeait des mathématiques).

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