Je connais très bien Dinant pour y avoir passé, enfant, de nombreuses heures, accompagné de mes parents. C'est la porte de l'Ardenne, un passage presque obligé vers le sud de la Belgique si, comme ma mère, on déteste rouler sur l'autoroute. — À chaque fois que nous partions en vacances dans la verte province de Luxembourg, nous faisions systématiquement un arrêt à Dinant pour y manger ou nous y promener. Je la connais donc comme ma poche, cette ville coincée entre Meuse et falaises escarpées : la Citadelle, le Mont-Fat, le Rocher Bayard, la grotte « La Merveilleuse », la collégiale et, dans les proches environs, les ruines du château de Poilvache (oui, le nom est très poilant) et le parc escarpé de Furfooz, en bord de Lesse...
Ce samedi en fin de matinée, Gaëlle et moi faisons le voyage ferroviaire en compagnie d'Amy, Flippo, Zapata, Bastien et Thibaut. Entre Ottignies et Dinant, le train s'arrête assez régulièrement dans des bleds complètement paumés. Mon sac à dos est rempli de nourriture pour le pique-nique du midi, mais j'apprends assez rapidement que, en raison de la température extérieure, il n'est plus du tout question de pique-nique mais de restaurant. (Qu'à cela ne tienne !) Arrivés à destination, nous retrouvons des amis de Bastien, qui sont venus en voiture : Manon, Armand et leur fils Toinet.
Officiellement, nous sommes à Dinant pour nous promener, mais il y a un objectif officieux, secret, caché, qui est au centre de ce voyage organisé de main de maître : aller visiter, dans les hauteurs de la campagne dinantaise, deux bâtisses entourées de terrains verdoyants et de bus-dortoirs, qui sont au cœur d'un des projets de Zapata : créer une auberge alternative qui permettrait, à terme, d'être indépendant, autrement dit d'échapper au dur monde du métro-boulot-dodo. Zapata cherche des gens motivés pour mettre avec lui des « parts ». — Oui, je serais volontiers coopérateur si j'avais autre chose sur mon compte bancaire qu'un nombre précédé d'un trait négatif. (Qu'est-ce que l'argent ? Si je le savais, je ne poserais peut-être pas la question.)
Pourquoi ai-je décidé de monter ces escaliers plutôt que de prendre ce téléphérique ?
Pourquoi ai-je refusé d'acheter cette fée en plastique à 3,10 euros dont Gaëlle est tombée éperdument amoureuse sur le chemin du retour vers la gare ?
Pourquoi est-ce que je m'obstine à écrire des articles journaliers alors qu'il est évident que je suis dépassé par les événements ?