Féerie canadienne

Hier, j'étais tellement fatigué (je le suis encore d'ailleurs) que je n'ai pas pris la peine d'écrire ce qui s'est passé après mon week-end à Hanzinne... J'étais un peu déconnecté du "monde réel" là-bas (à moins que ce ne soit l'inverse ?), à me ridiculiser à la pétanque ou à jouer à Time's Up jusqu'à trois heures du matin dans les vapeurs de Marijane et d'alcool. Le retour à la capitale est un peu triste. Forcément. J'avais presque oublié durant ces trois jours à la campagne qu'il existait une ville remplie de citadins énervés et énervants s'engouffrant dans les trams et les métros comme si leur vie dépendait de l'obligation absolue d'être le premier à l'intérieur.

Bref, toujours est-il que ce lundi, j'ai revu à la Maison du Peuple une Léandra à l'humeur joyeuse (cette phrase n'est pas ironique). Ce sont là les bienfaits d'un week-end musical et de nouvelles rencontres. En fait, Léandra est en forme quand elle sait que des gens s'intéressent à elle et totalement déprimée quand elle croit que personne ne l'aime. Léandra rentre tôt chez elle. Je reste à peine cinq minutes tout seul à la Maison du Peuple avant que n'arrive Mary, revenant du badminton. Mary est contente de me voir. Elle me parle de ses sujets habituels ("T'as personne en vue pour le moment ?", "Tu devrais être plus avenant, faire comprendre que tu tiens réellement aux gens", etc.). Mary veut toujours bien faire, mais elle ne me changera pas.

Voilà pour la fin de soirée de lundi, en résumé.

* * *


Ce mardi soir, après le boulot, je me rends au double concert de Murder et de Timber Timbre, qui a lieu au Parc de Bruxelles, dans le cadre des "Feeërieën" organisées par l'Ancienne Belgique. Comme j'aime bien les choses nettes et les saines compartimentations, j'ai décidé de chroniquer le concert en tant que tel sur le blog adéquat. Je n'en parlerai donc plus ici.

Pour ce spectacle, j'ai rendez-vous avec Emily. Depuis que je suis parti du boulot, je cours comme un malade pour être là le plus vite possible. La météo étant étouffante, il fallait absolument que je prenne un bain et que je me change avant le concert. Je rejoins Emily vers 20 heures. Elle est en train de discuter avec un Canadien anglophone assis sur un des bancs juste devant la scène. Le type est un peu paumé. Il revient d'Italie, est de passage à Bruxelles et repart le lendemain vers Paris. Il a envie de discuter. Je croyais qu'il venait pour voir les concerts mais il s'en va assez vite, avant même l'arrivée de Timber Timbre.


Au loin, sur un autre banc, j'aperçois Claudine, l'Allemande aux longs cheveux roux, assez réservée, que j'ai croisée au gîte ce week-end. Je ne vais pas lui parler. Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire de toute façon ? ("Bonjour, ça va ?", peut-être, tout simplement ?)

Mary est là aussi. Elle adore Timber Timbre, qu'elle a découvert grâce à son père (ce dernier a, paraît-il, "les mêmes goûts que moi"). Elle est accompagnée de deux de ses potes : un gars du nom de Jerry ainsi que son fameux meilleur ami Bob, dont elle m'a déjà parlé (un petit blond barbu et assez marrant).

Emily a faim. Il faut qu'elle mange. N'ayant rien trouvé sur place, elle décide d'aller chercher un kebab du côté du Botanique. Emily partie, Mary me parle pendant 10 minutes de mon aspect extérieur, qu'elle trouve trop froid. Elle me dit que j'aurais dû accompagner Emily, que ç'aurait été sympa, qu'il faudrait que je fasse plus attention aux autres, que je suis un "idiot musicophile" car c'est plus important d'accompagner quelqu'un que d'attendre bêtement seul sur un banc. Je lui ai sorti un truc du style : "Oh, arrête de m'énerver, je suis comme je suis. Point. Et puis, Emily est débrouillarde et n'aime pas spécialement qu'on soit constamment dans ses pattes".

Mary attendra sur le banc avec moi jusqu'au retour de cette dernière, mettant ainsi elle-même en pratique ce qu'elle venait de me dire. Emily n'a pas trouvé de kebab et revient avec une pizza Hut forestière. J'en mange une partie. Ça me fait mal de me dire ça, mais la pizza n'est pas mauvaise. On regarde la fin du concert debout, une bière en main.

La fin de la soirée se termine dans une taverne très désagréable : le Magic Rubens. Je n'y mettrai plus jamais les pieds. Un des serveurs est un petit excité de cinquante balais environ, qui se croit drôle, qui drague tout ce qui passe et qui n'est en fait pas du tout sympathique : il refusera obstinément que mes amis prennent des frites en terrasse alors que leur cuisine ne fait plus à manger à cette heure-là (ça, à la limite, je peux encore comprendre) et engueulera Emily parce qu'elle a osé poser sa jambe sur un siège (elle a une entorse) : "Directive de la direction". La direction, je l'emmerde. 
Mary veut aller manger des frites. Il est minuit. Emily est censée gentiment me ramener chez moi en voiture mais je ne tiens plus debout. Je décide donc de dire au revoir à tout le monde et de happer le dernier tram à la Bourse. Fin de la féerie.

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