Triple anniversaire

Je ne suis pas content de la façon dont j'ai décrit cette journée assez spéciale. Je trouve le texte ci-dessous plat, matérialiste et sans passion. Et j'en suis le premier désolé.

Ce samedi soir est l'occasion de fêter un triple anniversaire : celui de mes 32 ans (le 10 janvier), celui des 33 ans de Léandra (le 17 janvier) et celui enfin de mes 4 ans de célibat (pile le 14 janvier !). Léandra et moi avons décidé de fêter les deux premiers à la Porte Noire, café celtique situé dans une vieille cave très proche de l'ancien tracé de la première enceinte médiévale de Bruxelles. Pour moi, c'est une habitude. La nouveauté réside dans la mutualisation de l'événement avec Léandra.


Sur la plan humain, il est possible de considérer quatre ensembles différents :
0x0 : ceux qui n'étaient pas invités et qui ne sont pas venus.
0x1 : ceux qui n'étaient pas invités mais qui sont venus quand même.
1x0 : ceux qui étaient invités mais qui ne sont pas venus.
1x1 : ceux qui étaient invités et qui sont venus.
0x0 : ceux qui n'étaient pas invités et qui ne sont pas venus

C'est un peu con d'en parler, puisque cet ensemble intègre la quasi-totalité de l'humanité... Je n'ai pas invité Mohandas Karamchand Gandhi ; il n'est pas venu ; normal d'ailleurs, car il est mort. Je n'ai pas non plus invité Richard Stallman et force est de constater que lui non plus n'est pas passé faire un petit coucou. Et que dire des centaines de millions de paysans chinois, que je n'ai pas invités et qui ne sont pas venus non plus ?

Plus prosaïquement, Léandra et moi avons décidé de ne pas inviter un certain nombre de personnes, principalement quelques anciens amis que nous avons perdus de vue depuis plusieurs années, ainsi qu'une grande partie du "groupe des Français". De ce pseudo-groupe, ne restent que quelques rescapés : Emily évidemment (la question de l'inviter ne se pose même pas), Lyric (que Léandra adore), Christelle (mais qui est hélas loin, très loin, trop loin de Bruxelles) et Fany (au départ, je ne l'avais pas invitée mais elle m'a envoyé un très gentil message pour mon anniversaire, donc je me suis ravisé). Pour le reste, hé bien voilà : après moult réflexions, nous avons fait l'impasse sur Lytle, Vespertine, Charles-Henri, Annabelle (qui n'est pas Française, ceci étant dit) et tous les autres. Quel intérêt de toute façon ? Nous nous sommes perdus de vue à très grande vitesse... C'est en grande partie de ma faute, d'ailleurs !

0x1 : ceux qui n'étaient pas invités mais qui sont venus quand même
Un seul élément entre dans cet ensemble et c'est le même que l'année dernière : il s'agit de Harisson, un Français, pote de Lyric... Celui qui aime bien la science-fiction et qui m'avait traité de "troskiste" un jour parce que je lui avais dit que j'étais clairement et définitivement de gauche (un curieux amalgame). Bref, ça commence à faire partie d'une tradition : Harisson vient faire un petit coucou et prendre un verre, malgré tout. Pourquoi pas, après tout ?

1x0 : ceux qui étaient invités mais qui ne sont pas venus

Dans cette catégorie, la palme d'or revient à Hamilton II, "mon vieil ami" qui m'avait confirmé qu'il passerait mais qui, au dernier moment, a préféré ne pas venir, car il est "un peu malade". Ce comportement est tellement courant de sa part qu'il vaut mieux en rire. L'année prochaine, peut-être se fera-t-il mal en ouvrant une boîte de pizza ou bien se coincera-t-il le petit orteil dans son clavier d'ordinateur ? L'année prochaine, peut-être vais-je oublier de l'inviter ?

D'autres amis ont de meilleures raisons pour ne pas venir : Fred Jr doit garder ses filles (et nous a vu jeudi dernier pour "réparer" son absence d'aujourd'hui) ; Christelle est à Lyon ; Judith fête l'anniversaire de son compagnon ; FBsr est à une réunion de parents d'élèves ; Claire est à Rome ; Vinge... euh... doit se faire opérer à au moins cinquante-sept endroits du corps (mythomane et hypocondriaque, lui ? Meuh non !).

1x1 : ceux qui étaient invités et qui sont venus

Ne reste plus qu'à traiter du plus important des ensembles, celui des amis qui nous ont fait le plaisir d'être là : Andrew (fatigué), Doëlle et son copain (en coup de vent), Emily (toute souriante, ça fait plaisir), Flippo (saoul ?), un ancien collègue de Léandra et sa compagne, Jonas (en forme), Lyric (en début de soirée, avec Harisson), Mary et deux de ses colocataires, Pat (venu de Namur juste pour l'occasion), Romain, Tom et Ophely (avec leur bébé Sophia, âgée de quatre mois !) et Walter (extrêmement stressé par son départ pour le Congo demain matin). Je ne pense avoir oublié personne.

La soirée

J'ai carburé à la pinte de Guinness toute la soirée. Je sais d'expérience qu'il ne faut jamais, au grand jamais, mélanger les bières. Pari gagné : malgré trois litres de Guinness (ou de "stout" dans le même genre) dans le corps, je ne serai à aucun moment malade. Les invités sont calmes, très calmes. Le système est, comme d'habitude, celui du (ou des) verre(s) offert(s) : dites "Anniversaire de Léandra et d'Hamilton" au bar, et vous recevrez une bière gratuite. Tout le monde a été très sage à ce niveau ou bien a refusé de profiter du système.

Comme cadeaux, outre la présence-de-mes-amis-qui-est-mon-plus-beau-cadeau-au-mondeuh-gnagnagna, j'ai reçu une série d'objets qui montrent que tous ces gens me connaissent quand même vachement bien. De Jonas, Histoire des codes secrets de Simon Singh et des cordes de guitare (!). De Flippo et Romain, Le miroir d'Andrei Tarkovski (Flippo : "Pour une fois que je peux offrir un film de Tarkovski à quelqu'un"), un guide sur Montréal et Québec ainsi que The Beats, une "anthologie graphique" sur la Beat Generation. De la "dream team" (moins Léandra qui m'a déjà offert des savons), Paroles de l'ombre. Lettres et carnets des français sous l'Occupation (1939-1945), un très beau livre-objet contenant des fac-similés de documents d'époque, ainsi que Le grand roman de la physique quantique de Manjit Kumar. De Tom et Ophely, un CD de la Passion selon saint Jean de Bach. De Pat, une bouteille de Pomerol. Tous ces cadeaux me permettront de nourrir ce blog comme il se doit durant les prochains mois. Même le Pomerol me sera utile car au plus je bois, au plus mes textes sont naturels et touchent l'essence même des choses (ben voyons !).

De la soirée en tant que telle, difficile de décrire quoi que ce soit faute d'avoir pris note. Je n'allais pas commencer à sortir un carnet tout de même !

Je pense que la plupart des gens s'y sont plu. Un constat négatif néanmoins : la Porte Noire est très bruyante passée une certaine heure, en partie à cause d'hystériques qui ne peuvent s'empêcher de parler en criant comme des sopranos à la voix éraillée. J'ai un gros problème : je ne peux tenir une discussion dans un pareil  boucan (c'était déjà comme ça dans les soirées universitaires, il y a de cela une dizaine d'années). J'ai besoin de calme pour réfléchir et pour parler. Léandra se demandera à un moment : "Peut-être est-ce nous qui devenons vieux et qui ne supportons plus ça ?". Mais non, mais non... 

Toujours est-il que nous avons décidé d'un commun accord de nous rendre en fin de soirée dans un endroit plus tranquille, à savoir le Moeder Lambic du Centre-ville. À ce moment, ne restent plus qu'Emily, Flippo, Romain, Jonas, Léandra et moi. C'est à mon sens le meilleur moment de cette soirée, sans que je puisse rationnellement expliquer pourquoi.

Vers 2h20, tout le monde rentre chez soi. Je réclame ma cigarette d'anniversaire (une Gauloise blonde horriblement forte pour un non-fumeur) à Flippo. Léandra dira : "M'enfin, c'est totalement ridicule de te voir avec une cigarette à la main !" En effet, c'est ridicule... Ensuite, nos chemins se séparent : Flippo et Romain rentrent à pied, Léandra et Jonas aussi (ce dernier habite à deux pas), Emily et moi nous dirigeons vers les arrêts de bus Noctis. Nos bus respectifs arrivent rapidement. Le mien est rempli d'une bande de jeunes saouls qui gueulent, croyant être marrants (c'est raté).

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