Vacances sépias

Disposant à nouveau du petit ordinateur de Léandra, je peux reprendre mon rythme de croisière, bien que je n'aie pas grand chose à raconter en ce moment et accuse en outre toujours un gros retard en matière de mises à jour. (Bientôt, ce blog ne sera plus qu'une longue plainte monotone dans laquelle j'avouerai constamment prendre un retard que je n'arrive pas à combler.)

Autre problème : dans le train vers Liège de ce matin, je relis une dizaine d'articles que j'ai écrits ces derniers jours et j'y découvre d'énormes fautes de pluriel ainsi que quelques oublis de mots. Je profite du Wi-Fi de la gare des Guillemins pour corriger rapidement ces horreurs mais le mal est fait ! Tout fout le camp !

Nous ne sommes que trois au bureau cette semaine. À la pause café, Charlotte raconte que son compagnon, informaticien de formation (encore un !), lui a comme chaque année préparé une énigme à l'occasion de son anniversaire. Face à ce type, mon ami FBsr, pourtant déjà très balaise, est un petit joueur. Le concept est le suivant : pour recevoir son cadeau, Charlotte doit déchiffrer un mot codé à l'aide de plusieurs clés assez simples (comme, par exemple, le chiffre de César). Le mot, une fois déchiffré, donne quelque chose comme « MAIL ». Elle va donc jeter un œil à ses courriels et tombe sur un code QR (!) qui, une fois activé, renvoie vers une page Web diffusant la mélodie faite par les touches d'un clavier de téléphone (!!). En plaçant cette combinaison de sons devant un vrai combiné téléphonique, le numéro, dit-elle, se compose tout seul (ha bon ?). Le portable de son compagnon se met alors à sonner et à jouer un message en alphabet morse (!!!). C'est à ce moment que Charlotte abandonne : « Les "bip bip" étaient tellement rapprochés que je n'arrivais même pas à faire la différence entre un trait et un point... Et en plus, nous avions rendez-vous au restaurant... »

Ce midi, une passionnante discussion entre Charlotte et Wynka sur le maquillage, les faux ongles, l'épilation définitive et les diététiciens. Je suis complètement largué.

Je passe la soirée tranquillement chez moi. Je n'ai pas envie de sortir, je n'ai pas envie d'écrire... Pour tout dire, je n'ai envie de rien faire du tout, si ce n'est me reposer les neurones devant une série télévisée. N'importe quelle série. Je m'ouvre un Orval et j'opte tout simplement pour quelques épisodes d'une des récentes saisons des Simpson, saisons à propos desquelles j'ai un jugement assez négatif, que l'on pourrait résumer par : « À partir de la septième saison, Les Simpson, c'est de la grosse daube sans queue ni tête ! »

Je tombe néanmoins sur une belle scène, au début de l'épisode The Wife Aquatic (Les Aqua-tics en français, 2007)... L'histoire : Marge se souvient, nostalgique, de ses vacances sur une île merveilleuse du nom de Barnacle Bay, lorsqu'elle n'était encore qu'une gamine. Mais lorsqu'elle y revient plus de vingt ans plus tard, l'île est complètement métamorphosée à cause de la pêche intensive d'une espèce de poisson et la magie du lieu n'opère plus. Le reste de l'épisode est un peu idiot mais ce passage, sur fond de Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns et de vieilles vidéos aux couleurs légèrement délavées, est particulièrement bien foutu...
... Tellement bien foutu qu'il va jusqu'à faire revenir à la surface mes propres souvenirs de vacances estivales enfantines. Enfant et adolescent, je passais une partie des mois de juillet et d'août dans une énorme propriété boisée détenue par la Centrale des Métallurgistes FGTB... Le Domaine de la Reine Pédauque, que ça s'appelait... C'était à Melreux, en Province de Luxembourg, au bord de l'Ourthe, à deux pas du joli village de Hotton [lien Google Maps]. De temps en temps, avec d'autres délégués syndicaux, mon père y suivait des formations... Et l'été, nous y allions en villégiature. Il y avait une plaine de jeu, un mini-golf, un château faisant office d'hôtel et de restaurant, un parc, un étang et des bungalows. C'est là, à douze ans, que j'ai vécu mes premiers petits bisous (un truc très, très soft) avec une fille du nom de Sylvie, qui était amoureuse de moi. C'était il y a... euh... vingt ans, bordel ! (Le jour où ce joli coin de nature a été liquidé pour devenir un centre de réfugiés, tout un pan de mon enfance très heureuse a disparu d'un seul coup.)
En soirée, Léandra, assez angoissée, me contacte pour savoir si je suis à la Maison du Peuple de Saint-Gilles, car je lui avais affirmé hier que j'y passerais une grande partie de mes soirées cette semaine. Je n'y suis pas : je me suis ravisé et, au moment où elle m'écrit, je stagne déjà, telle une larve, emmitouflé dans mes draps.

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