Non, ce titre n'est pas une tentative désespérée pour rameuter du monde sur ce blog délaissé par tous. Par tous ? Non ! Car une poignée d'irréductibles lecteurs résiste encore et toujours à la tentation de se casser en courant. Et la vie n'est pas facile pour ces derniers, tentant coûte que coûte de digérer les nombreuses salades sur Wittgenstein, l'Univers, la sérendipité et les bunkers... (Mille fois merci à eux.)
En fin d'après-midi, Maïté vient rechercher Gaëlle à Bruxelles. Elle débarque à la Gare centrale avec dans une poussette son deuxième enfant, qui ressemble toujours à un petit bouddha. Durant une dizaine de minutes, j'attends avec elle sur le quai son train de retour vers Namur. C'est un vrai supplice pour moi. Comment est-il possible d'avoir été aussi proche d'une femme pendant plus de sept ans et d'en être aussi éloigné aujourd'hui ? À chaque fois que je la vois, il me faut une heure ou deux pour m'en remettre, non parce que je suis encore amoureux, mais simplement parce qu'elle me rappelle à la fois de très bons souvenirs (parmi les meilleurs de ma vie) et de très mauvais (parmi les pires).
Je bois un verre seul à la gare pour m'en remettre, puis rejoins Léandra et Jonas au Potemkine pour un concert de jazz. Quand j'arrive, la salle est pleine. Marrant : Marie Arena (l'ancienne ministre PS de l'enseignement en Communauté française, entre autres) est debout près de l'entrée et passe plus ou moins inaperçue. Je dis bonjour à Léandra et à son compagnon installés juste en face du groupe de jazz. Impossible de trouver une chaise. Je ne suis toujours pas dans mon assiette et l'ambiance m'oppresse. Je m'en vais donc assez rapidement. Quand Léandra me recontacte pour me signaler qu'une table s'est libérée et que je peux venir m'asseoir auprès d'eux, je suis déjà à la Maison du Peuple devant une Chimay blanche, et je m'y sens beaucoup plus à l'aise. Finalement, je resterai là toute la soirée et serai rapidement rejoint par Emily de retour de son pub (elle a assisté au match de rugby France-Irlande), puis par Léandra et Jonas, et enfin par Walter.
* * *
« J'ai appris quelque chose de comique récemment : certaines de mes collègues ne posent pas leurs fesses sur la cuvette des toilettes au boulot.
— Moi non plus, avoue Emily. Pourtant les toilettes à mon travail sont lavées trois fois par jour. Enfin bon... Ça fait des muscles !
— Ha ? C'est marrant, ça... C'est sans doute plus fréquent que je ne le pense.
— C'est lié à mon éducation.
(Léandra revient des toilettes, justement.)
— Léandra, j'ai une question : est-ce que tu poses tes fesses sur la cuvette des WC quand tu n'es pas chez toi ?
— Hmmmm... En fait, ça dépend... J'observe l'apparence générale du truc et je décide au cas par cas.
— Ha oui... C'est une question de visuel, quoi.
— Pas seulement. Parfois, ça a l'air propre mais quelque chose d'indescriptible ne m'inspire pas confiance, alors je ne m'assieds pas... »
* * *
Au cours de la nuit du 17 au 18 janvier, dans le prolongement d'une discussion sur la musique, j'avais envoyé un e-mail à Emily, Léandra et Jonas dans lequel je listais cinq groupes ou musiciens qui m'inspiraient. Je leur avais proposé de faire la même chose. Seule Léandra a répondu à l'appel jusqu'à présent, mais peu importe... Dans le message, j'écrivais que des groupes comme Battles ou Suuns représentaient, dans une certaine mesure, "le son rock du futur". Par là je voulais dire, sans l'expliciter, qu'ils constituaient peut-être une forme d'avant-garde sonore, catégorisant un des aspects du "son rock" des années à venir, à base d'electro, voire de house ou de techno, très loin de groupes — parfois très bons au demeurant, là n'est pas la question — qui vivent dans le passé, autrement dit qui ne font que copier la musique des sixties, des seventies ou des eighties.
« Le rock n'a pas sa place dans le futur, me dit Jonas. C'est une forme particulière de musique qui s'insère dans une époque bien définie.
— Je ne suis pas d'accord ! Le rock, au contraire, est une musique qui évolue tout le temps. C'est même ce qui fait sa force et sa longévité !
— Le rock, c'est une musique qui déchire. Un gars qui prend sa guitare et qui en sort un son monstrueux, ça c'est du rock.
— Si on prend cette définition à la lettre, certains morceaux de Pink Floyd ou de King Crimson, une part du rock progressif et plus tard du post-rock ne rentrent pas dans la catégorie "rock". Pourtant, c'est du rock.
— Vraiment, pour moi, le rock, c'est un truc bien précis. Par exemple, seul le premier album de Radiohead [Pablo Honey] est un album de rock. Après, ce n'est plus vraiment du rock.
— M'enfin ! C'est un peu bête de réduire à ce point la définition, non ? Selon toi, pour que ce soit du rock, il faut qu'il y ait un rythme basique à quatre temps, un chanteur et une guitare ? »
Est-il nécessaire d'être aussi restrictif ? Ne vaut-il pas mieux considérer que toute musique vivante échappe à toute forme de définition cadrée et donc dire que : "Est rock tout ce qui est considéré par quelqu'un qui aime le rock comme étant du rock" ? Peu importe qu'on appelle cette musique du "rock", du "rock progressif" ou encore du "rock alternatif"... Le genre échappe à toute mise en boîte. La musique est comme un langage : elle ne nécessite pas de définition. Dit de cette manière, Jonas est plus ou moins d'accord... — Toute discussion sur des définitions est presque par essence stérile : on peut être d'accord sur le fond et en opposition sur la définition, ce qui est absurde.
— Je ne suis pas d'accord ! Le rock, au contraire, est une musique qui évolue tout le temps. C'est même ce qui fait sa force et sa longévité !
— Le rock, c'est une musique qui déchire. Un gars qui prend sa guitare et qui en sort un son monstrueux, ça c'est du rock.
— Si on prend cette définition à la lettre, certains morceaux de Pink Floyd ou de King Crimson, une part du rock progressif et plus tard du post-rock ne rentrent pas dans la catégorie "rock". Pourtant, c'est du rock.
— Vraiment, pour moi, le rock, c'est un truc bien précis. Par exemple, seul le premier album de Radiohead [Pablo Honey] est un album de rock. Après, ce n'est plus vraiment du rock.
— M'enfin ! C'est un peu bête de réduire à ce point la définition, non ? Selon toi, pour que ce soit du rock, il faut qu'il y ait un rythme basique à quatre temps, un chanteur et une guitare ? »
Est-il nécessaire d'être aussi restrictif ? Ne vaut-il pas mieux considérer que toute musique vivante échappe à toute forme de définition cadrée et donc dire que : "Est rock tout ce qui est considéré par quelqu'un qui aime le rock comme étant du rock" ? Peu importe qu'on appelle cette musique du "rock", du "rock progressif" ou encore du "rock alternatif"... Le genre échappe à toute mise en boîte. La musique est comme un langage : elle ne nécessite pas de définition. Dit de cette manière, Jonas est plus ou moins d'accord... — Toute discussion sur des définitions est presque par essence stérile : on peut être d'accord sur le fond et en opposition sur la définition, ce qui est absurde.
« C'est un peu comme le jeu. Peut-on définir ce qu'est un jeu ?
(Wittgenstein revient au galop.)
— C'est quelque chose d'inutile, lance Léandra.
— Marrant : ma collègue Charlotte disait quant à elle que c'était quelque chose de "divertissant" parce que le jeu détourne des choses sérieuses. Mais peut-on dire qu'un jeu est toujours inutile ou toujours divertissant ?
— C'est vrai qu'il y a les serious games et ce n'est pas inutile...
— Bref, ça ne sert pas à grand chose de le définir : nous savons tous reconnaître un jeu de ce qui n'est pas un jeu. — Pas besoin d'avoir en tête une définition du mot "joueur" pour se rendre compte que quelqu'un joue. »
(Je redeviens énervant, là, non ?)
« C'est un peu comme l'amour. Peut-on définir ce qu'est l'amour ? »
En définitive, j'aurais mieux fait de ne pas la poser, cette question. J'aurais dû anticiper les réponses...
(Je redeviens énervant, là, non ?)
« C'est un peu comme l'amour. Peut-on définir ce qu'est l'amour ? »
En définitive, j'aurais mieux fait de ne pas la poser, cette question. J'aurais dû anticiper les réponses...
* * *
« En ce moment au bureau, raconte Léandra, j'ai un problème de clavier assez ennuyant. La lettre "Q" ne fonctionne plus très bien. Parfois, j'appuie sur la touche mais le "Q" ne s'affiche pas.
— Ha !
— Je m'imagine mal appeler le help desk pour leur dire que j'ai un problème de "Q".
— Mouarf ! "Comment Madame ? Votre cul ne s'affiche plus ?"
— Oui ! Quand j'appuie sur mon "Q", il ne se passe rien.
— "Ne vous inquiétez pas, nous allons vous le remplacer, votre cul !"
— Hahaha !
— Quelle idée, aussi, d'être en panne de "Q"... »