Le train, c'est l'avenir !

Avantage du
train : ça me laisse beaucoup de temps pour écrire toutes mes âneries.
Avantage supplémentaire
du train Bruxelles-Maastricht, avec ses retards fréquents, ses suppressions inopinées
(comme aujourd'hui matin) : ça me laisse encore beaucoup plus de temps.
Et du
temps, c'est tout ce qu'il me faut pour écrire toutes mes âneries.
Je n'ai
jamais vraiment compris les travailleurs qui se plaignaient des retards de leur train. Ce n'est
pas de leur faute s'ils sont en retard, c'est de la faute du train. Donc, normalement, ils doivent être
payés comme s'ils étaient présents au boulot. En outre, les retards, ça permet de se reposer, de lire, d'écrire, bref de faire ce
qu'on veut de sa vie. Donc, haut les cœurs, vive les retards ! Vive la SNCB !
* * *
Aujourd'hui,
j'ai fait deux constats.
Le premier est qu'il m'est plus facile de créer de la fréquentation avec un blog de jeu –
même minimaliste – qu'avec un journal. En effet, je regarde les premières
statistiques du "Devinoscope" (notre nouveau blog de devinettes
visuelles, à Léandra et à moi), et j'arrive à une soixantaine de visiteurs
différents dès ce premier jour, soit plus du double du taux de fréquentation moyen
du présent journal. La grande majorité de ces soixante visiteurs sont
originaires de Facebook car des amis (et des amis d'amis, sans doute) ont eu la
sympathique idée d'en partager le lien sur leur profil ; quelques uns ont aussi
été redirigés depuis Twitter, où officient Léandra et Andrew ; les
derniers, enfin, viennent du forum MonLégionnaire, où d'anciens camarades de
combat ont cru bon de créer un post à ce sujet. Maintenant, il faut voir si
j'arrive à fidéliser et à garder mon public, comme on dirait dans un bureau
d'études commerciales.
Question :
pourquoi un blog de jeu fonctionne-t-il mieux ? Première hypothèse : parce que
c'est un jeu justement et que, de manière générale, beaucoup d'humains aiment se torturer
les méninges pour avoir l'immense satisfaction de la découverte, cette
petite "étincelle neuronale" qui soudain prend sa source dans une partie indéterminée du cerveau.
"Eurêka", comme dirait l'autre. Ici, ça ressemble plus à un :
"Bordel, j'ai enfin trouvé la solution de cette putain de devinette à la
con !". Bref, la découverte de la réponse est une immense victoire...
Pourquoi tant de gens aiment jouer au Sudoku dans le train ? Pourquoi tant
de gens aiment les énigmes du père Fouras ? Je suppose que c'est dans le
même ordre d'idée, même si personnellement, je déteste le Sudoku et ai
constamment envie d'arracher la barbe postiche du faux vieillard de Fort Boyard.
Je sais ainsi de source sûre que, quand j'ai lancé le concept de ces énigmes
pour la première fois sur Facebook, certaines personnes n'arrivaient pas à
dormir s'il restait une devinette non résolue à la tombée de la nuit !
Conclusion : ces devinettes ridicules peuvent devenir une drogue, tant
d'ailleurs pour le découvreur que pour le créateur (va falloir que je fasse
gaffe !). Seconde hypothèse : ce journal, faut se le taper. Il n'est
pas spécialement marrant, ni même spécialement intéressant, sauf pour moi-même.
C'est un truc personnel : au départ, je l'écrivais d'ailleurs juste pour
moi. C'est encore un peu le cas maintenant, même si le fait de savoir que je
suis lu change forcément ma façon de l'écrire, dans le sens où je m'amuse à
faire de plus en plus de références ; mais aussi où j'ai de plus en plus
peur de ce que j'y évoque ("Comment va-t-il/elle le prendre ?",
"Est-ce que je dis ça ou pas ?").
Ce qui
m'amène au deuxième constat de cette journée : ce que j'écris dans ce
journal a des répercussions sur le monde extérieur parce que je n'y parle
pas que de moi, mais aussi de mon entourage plus ou moins proche... C'est même "pire"
que ça : je parle de ma façon de voir les autres. Ces autres-là, se
voyant dans le miroir déformant que je leur tends, n'ont pas demandé à être
décrits. Cette façon de faire ne pose aucun problème pour des inconnus
rencontrés dans un café ou au hasard d'une navette de train. Et comme me le
fera comprendre Léandra, elle n'en pose pas plus pour les personnes qu'on
n'aime pas et qu'on ne côtoie donc pas. C'est tout autre chose avec
les amis. Certains adorent, d'autres détestent.
C'est pour cela que j'ai donné des pseudonymes à (presque) tout le monde, pour minimiser la
portée de ce que je raconte. Mais ça ne change rien en fait, car tout le monde se reconnaît,
forcément (bah oui). De même, Léandra me dira que c'est pour ça que, dans son journal à
elle, sauf exception, elle décrit les faits les uns
après les autres, du début à la fin de la journée. Elle fait bien plus que ça,
pourtant, quand j'y réfléchis : un style d'écriture, même s'il se veut factuel,
purement descriptif, permet de faire passer beaucoup plus d'idées que ne le pense le
rédacteur. L'écriture trahit : une plume n'est jamais
neutre. De toute façon, je ne pourrai jamais faire comme Léandra, car j'ai
pris pour parti depuis quelques mois de laisser tomber certains pans de ma
journée pour me consacrer de manière plus précise à d'autres, que je décris dès
lors de manière plus analytique.
Bref, tout
ça pour dire que je me suis rendu compte de cet aspect des choses aujourd'hui. Je ne parle
jamais à la deuxième personne dans ce journal (sauf pour me tutoyer quand je suis saoul)
et je vais donc utiliser un chemin détourné pour faire passer ma pensée : si
certaines personnes qui me lisent ne veulent pas/plus figurer ici, il est
très facile de me le faire savoir. Je ne m'en vexerai pas le moins du monde. Je
peux même supprimer jusqu'à leur présence si elles le désirent (mais ça me
prendra un certain temps dans ce cas, surtout pour des amis proches).
* * *
Le soir, je suis à la Maison du Peuple de Saint-Gilles (ouais, encore !). Je croyais y être seul aujourd'hui, mais en fait tout le monde débarque en même temps : Léandra en coup de vent, avec un Nanash pressé que je ne vois même pas ; Andrew, énervé par les subtiles manœuvres d'évitement dudit Nanash ; Emily, qui doit travailler un peu sur son PC... Après avoir mis en place une série de devinettes visuelles pour aujourd'hui et les jours prochains et après qu'Emily a terminé l'écriture d'un mail, nous nous rendons à une autre table, où Andrew est déjà installé avec Zahra et un de ses compatriotes azerbaïdjanais, pour "fêter" le départ de Zahra de Bruxelles (elle retourne à Paris).


Zahra a constamment le sourire aux lèvres. Elle aura par ailleurs clairement un effet calmant sur Andrew. Le gars qui l'accompagne est beaucoup moins causant. Il ne parle pas français et nous sortira : "Brussels is an international city, so I don't need to speak french" (ou une phrase approchante). Je déteste ce comportement. C'est comme si j'allais à Londres et que je ne faisais pas l'effort de parler anglais, parce que "Londres est une ville internationale". Bref. De toute façon, il est assez laconique, même en anglais, et restera la moitié de sa soirée sur son téléphone (mais à qui me fait-il penser ?).


On entend "London Calling" des Clash et je me dis qu'ils passent de la bonne musique ce soir. Pas de bol : juste après, c'est au tour de Queen. J'ai pensé trop vite.


Zahra et Monsieur je-ne-parle-qu'anglais s'en vont. La fille fait une bise chaleureuse à tout le monde en guise d'au revoir. Le gars me sert la main sans me regarder. Quel contraste ! J'apprends que c'est chez ce type que Zahra est allée habiter lorsqu'elle venait d'arriver à Bruxelles, délaissant dès les premiers jours la chambre que Léandra avait préparée pour elle.

Plus tard, Andrew parlera, je ne sais pour quel raison, d'un sujet assez casse-tête. En résumé, ça donne : en amour, vaut-il mieux tenter le coup avec quelqu'un dont on n'est pas spécialement amoureux mais avec qui on a toutes ses chances ou vaut-il mieux au contraire tenter le grand amour, même si ça semble mal parti d'avance ? La question est toute théorique à mes yeux vu que je ne tente jamais rien, à quelques infimes exceptions près. À un moment, je lancerai quand même un très beau : "De toute façon, il ne faut pas réfléchir autant : il faut se lancer, c'est tout !" (de ma part, fallait oser). Toujours est-il que mon petit cerveau a déjà vécu à plusieurs reprises ce genre de petit débat interne... à mes dépens d'ailleurs, vu que j'ai toujours eu le chic pour choisir des relations impossibles et qu'au final, je ne sors jamais avec personne... C'est la vie !

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