Le fabuleux monde du marketing pour enfants

Marketing. — La semaine dernière, j'avais promis à Gaëlle de lui acheter des « Zoobles ». Je me rends donc avec elle ce samedi après-midi dans un magasin de jouets du côté de City 2. Ma fille devient manifestement fan de ces petites bestioles ressemblant à des Mogwais (voir ici) et peut aujourd'hui m'en raconter un peu plus sur le fabuleux monde du marketing à destination des plus petits : « En fait, les "Bakugans", c'est des attaquants ; ils ont chacun une arme spéciale ; c'est pour les garçons... Et les "Zoobles", c'est des gentilles bêtes roses qui vivent dans les arbres ou dans l'eau ; c'est pour les filles... »

C'est quelque chose de très flagrant quand on entre dans un magasin de jouets : tout, absolument tout, est compartimenté selon le genre... Les boîtes à dominante rose et à l'esthétique naïve (avec moult princesses, fées et licornes) sont pour les filles, et les boîtes à dominante bleue et à l'esthétique guerrière sont pour les garçons... Et c'est là que le lecteur avide d'analyse sociologique de haut vol s'attend à un long développement en 17 points expliquant la raison d'être et la critique d'un tel système de marketing ciblé... Un développement qu'il ne lira jamais ici car 1) je ne suis pas sociologue ; 2) j'ai la flemme et 3) j'ai envie de rattraper le retard accumulé ces derniers jours dans l'écriture de mon journal.

Après quelques hésitations, Gaëlle flashe sur un kit complet contenant une sorte d'arbre-nid, accompagné d'une maman Zooble et de ses deux petits. Un « Zoobling » (c'est ainsi qu'on nomme un enfant Zooble) a la capacité de se loger dans le ventre de la maman qui, elle, peut se replier et se déplier à loisir, à l'aide d'un système aimanté (une vidéo vaut mieux qu'un long discours)... « Oh, regarde, papa ! Une balançoire pour les deux petits ! », « Oh ! Tu as vu ? Elle peut faire tourner le carrousel ! », « Je ne m'en lasserai jamais ! C'est le plus beau cadeau du Monde ! Tu es le plus gentil papa du Monde ! », etc.


Réflexions enfantines. — Nous faisons la file à la caisse du magasin de jouets, derrière un gamin tenant une boîte de jeu d'échecs. Gaëlle me demande : « Papa, pourquoi les rois se font la guerre ?
— Hein ?
— Pourquoi les rois, ils se font la guerre ?
— Eh bien, euh... Parfois, ils la font pour agrandir leur territoire, parfois à cause de la religion ou encore parce qu'ils ont besoin d'argent... Et parfois pour ces trois raisons à la fois... Ou encore pour autre chose... Mais pourquoi tu me poses cette question, toi ?
— Je ne sais pas. Je réfléchissais à ça, c'est tout... »

« Papa ? Pourquoi est-ce qu'on dit "Le tour du monde en quatre-vingts jours" et pas "Le tour de la Terre en quatre-vingts jours" ?
— Euh... »


Le soir au pied du lit, Gaëlle adore que je lui lise des histoires de Léonard, la série de bandes dessinées signée Turk & De Groot. Elle rigole de bon cœur à chaque fois que le pauvre disciple qui-sert-la-science-et-c'est-sa-joie se prend une enclume ou un coup de tromblon dans la tronche. J'ai toute la collection jusqu'au numéro trente mais je trouve que les premiers tomes de la série sont les plus marrants. C'est ce que je veux expliquer à Gaëlle, mais je fais un lapsus. Ainsi, au lieu de dire : « Les plus vieux albums sont les plus comiques », je lui lâche : « Les plus vieux albums sont les plus nouveaux », ce qui — on en conviendra ne veut pas dire grand-chose. La réponse de Gaëlle vaut le détour : « Hé papa, "Les plus vieux sont les plus nouveaux", c'est un oxymore, ça ! C'est vraiment contradictoire, "vieux" et "nouveau" ! C'est un oxymore ! »

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