« L'aubépine du comte Eberhard »

« Cher Monsieur Engelmann !

Merci beaucoup pour votre aimable lettre et pour les livres. Le poème d'Uhland est vraiment magnifique. Il en est ainsi : si on ne cherche pas à exprimer l'inexprimable, alors rien n'est perdu. L'inexprimable est plutôt — inexprimablement — contenu dans l'exprimé ! (...) »

(Extrait d'une lettre de Ludwig Wittgenstein à Paul Engelmann,
9 avril 1917, reproduite dans Ilse Somavilla [dir.] et
François Latraverse [trad.], Ludwig Wittgenstein.
Paul Engelmann. Lettres, rencontres,
souvenirs
, 2010, p. 33.)


« Le comte Eberhard le Barbu
du pays de Würtemberg
S'en allait en un pieux voyage
Vers les rivages de Palestine.

Un jour qu'il chevauchait
À travers une fraîche forêt,
Il eut tôt fait de couper
Une verte brindille d'aubépine.

Il la plaça soigneusement
Sur son casque de fer ;
Il l'emporta au combat
Et sur les flots de la mer.

Et de retour chez lui,
Il la planta en terre,
Où bientôt maintes pousses nouvelles
Naquirent au doux printemps.

Le comte, fidèle et bon,
Lui rendait visite chaque année,
Se réjouissant du courage
Avec lequel elle grandissait.

Le seigneur était vieux et las ;
La petite branche était désormais un arbre,
Au pied duquel s'asseyait souvent
Le vieillard dans un rêve profond.

La voûte, haute et large,
Lui rappelle par de doux murmures
L'ancien temps
Et le pays lointain ! »

(Source : Ludwig Uhland [1787-1862], L'aubépine du comte Eberhard, traduction de l'allemand sur base des traductions existantes et notamment de celle de François Latraverse dans Ludwig Wittgenstein... op. cit., p. 31, note 26 et p. 138. — Cette dernière traduction me semblant par trop s'éloigner du texte original [voir ici] et les autres trouvées sur le Web ne me satisfaisant pas entièrement, je propose dans ce journal ma propre version qui, évidemment, ne me satisfait pas non plus, on l'aura compris !)

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