Ce matin, Doëlle, Miss "Numérisation des patrimoines", nous rend visite. Elle ne serait sans doute pas très contente si elle savait que je la présente de cette manière ici-même, mais fort heureusement elle ne lit sans doute pas ce blog. De toute façon, personne ne lit ce blog (c'est pas bientôt fini de se plaindre, ici ?).
Je ne savais même pas que Doëlle devait passer aujourd'hui : je ne suis au courant de rien, comme d'habitude... Ou alors, plus vraisemblablement, j'ai encore oublié d'écouter/prendre note à la réunion d'équipe de ce lundi. Que je sois maudit jusqu'à la septième génération de ma race pour avoir lancé un tel affront au glorieux monde du travail ! Malgré le fait qu'elle débarque sans que j'en sois informé, Doëlle arrive quand même à attraper un café. Une chance quand on connaît la vitesse vertigineuse à laquelle descend le niveau du thermos dans cette petite institution de caféinomanes... Tout va bien donc. Je me rends même utile en donnant à Doëlle le nom d'un logiciel "magique" qui permet de réaliser en quelques clics des renommages de fichiers : ça s'appelle Ant Renamer (Entrenémeur ?), c'est gratuit et ça
a changé sa vie et "celle de nombreuses institutions", paraît-il.Ce matin encore, j'abats toujours une masse conséquente de travail. Ça veut dire que d'habitude, je ne fous rien ? Non, ça veut dire que d'habitude, je n'ai pas à travailler sur dix projets en même temps, que je dois clôturer pour cette fin d'année (qui s'approche dangereusement, mazette !). Ma collègue de bureau Wynka est encore beaucoup plus sous pression que moi : comparé à elle, je suis presque peinard, je me la coule douce... Elle doit actuellement gérer la dernière ligne droite de la publication d'un livre dont elle est la "rédactrice en chef" (ce n'est sans doute pas le bon terme), sauf qu'elle endosse la responsabilité d'une série de tâches dont elle ne doit normalement pas du tout s'occuper. Elle récupère une partie conséquente du travail d'acteurs extérieurs qui font mal leur job (Wynka est un peu dans la même situation que Léandra en ce moment !) : elle doit prendre des contacts avec l'imprimeur alors qu'il y a une infographiste attitrée, elle doit faire office de secrétaire en redistribuant des courriels, etc. Wynka est stressée, elle est à bout de nerf, elle s'active dans tous les sens. J'essaie de la faire rire de temps en temps : ça marche, mais ça ne la calme pas. À midi, elle dit : "Ha ! il y a du vin à table. Hé ben ce n'est vraiment pas de refus !".
Wynka a été entre autres éduquée par une mère fan de programmation neuro-linguistique (PNL en abrégé). Elle en rigole souvent et je ne sais pas si elle y croit réellement. À de nombreuses reprises, Wynka a déjà explicité les propos de sa maman : en PNL, il faut exprimer ses pensées de manière positive et avoir le moins souvent recours à la négation. Par exemple, en résumé, il vaut mieux dire : "Il y a du soleil" plutôt que : "Il ne pleut pas". Les deux phrases désignent le même fait sauf que la seconde est construite en référence à une pensée négative (pô bien !). Autre détail cocasse : toujours d'après la maman de Wynka, quand on veut que quelque chose se réalise, il faut regarder en haut à droite, signe d'avancement et de prise de hauteur. En haut à droite ? Ben oui : en haut à droite ! C'est-à-dire diriger ses yeux vers le coin du plafond qui se trouve à notre droite. Et quand il n'y a pas de plafond ? Hé bien on l'imagine, pardi ! Je ne peux m'empêcher de penser au ridicule de la situation si tout le monde se mettait à tourner les yeux en haut à droite, tout le temps et de manière frénétique.
Ce petit préambule pour amener le fait que Wynka, parlant brièvement des textes d'un militant communiste qu'elle a relus il y a peu, a sorti ce merveilleux commentaire : "C'est normal que ce qu'il proposait ne s'est jamais concrétisé car il construit systématiquement toutes ses phrases sur le mode négatif, sur l'opposition". La remarque me fait penser à... euh... quelqu'un... Je lui pose donc la question : "Et moi, je m'exprime comment ? J'écris comment ? De manière négative ou positive ?". Elle me répond, sans aucune hésitation : "Toi ? Tu es extrêmement positif en tout !". (Faut dire qu'au boulot, la très grande majorité du temps, mes collègues ne voient que ma version diurne : le type très confiant en ses capacités intellectuelles, trop sans doute. J'espère pour l'image que je leur donne qu'ils ne verront jamais la version nocturne.)
Ce soir, je suis invité chez Léandra. L'idée : me rendre d'abord à la Porte de Hal pour acheter des frites ("Yes Sir !"), qu'on mangera chez elle. Alors que je suis encore en réunion dans la banlieue de Liège (17h30, déjà ?), coup de téléphone d'Emily. Recontactée plus tard, elle veut savoir si je vais à la Maison du Peuple ce soir. Réponse :
– Non, je vais chez Léandra manger des frites, mais je lui ai posé la question et tu es la bienvenue !
– C'est qu'il y aura Walter aussi.
– Arf. C'était censé être une soirée à deux au départ et ça va commencer à faire beaucoup... Je pense que ça ne va pas le faire.
– Pas de problème, je comprends.
Comme me le fera remarquer Léandra, nous allons encore passer pour de vieux acariâtres auprès de ces deux "jeunes gens" mais tant pis. Le but n'était nullement de faire une soirée "dream team".