La citation du jour« Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. »Ludwig Wittgenstein, Tractatus Logico-Philosophicus, 1921.
Repassés "de l'autre côté", avant de nous séparer, nous allons manger/boire un verre à la Bastoche.
La citation du jour« Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. »Ludwig Wittgenstein, Tractatus Logico-Philosophicus, 1921.
Repassés "de l'autre côté", avant de nous séparer, nous allons manger/boire un verre à la Bastoche.
« Si on met un "2" dans cette case, alors forcément le "8" est là et, du coup, on peut mettre un "9" dans le carré adjacent. »Emily Courfet, Le sudoku pour les nuls, Chatellerault, 2010, p. 43.
Il est évidemment hors de question que j'utilise un tel programme : je veux résoudre ce sudoku coûte que coûte, bordel de cul, ou alors démontrer que sa résolution est impossible. Je ne veux pas qu'une machine procède à toutes les itérations et sorte la solution en une seconde à peine.
(Emily a apporté de délicieuses parts de cheese-cake. J'ai passé par ailleurs une très chouette soirée. [Ce paragraphe est destiné à ne pas sous-estimer le côté humain de toute recherche sudokiste.])
Mes amies parties, je replonge dans le sudoku. Je finis par tester une éventualité : mettre un "2" dans le carré en haut à droite. À partir de cet essai, il est possible de déduire tous les chiffres restant... Et ça marche :
Je suis certain qu'un habitué du sudoku arriverait au même résultat en quelques minutes, alors que nous avons pris une journée. L'on pourrait dire : "Peu importe le temps ; seul le résultat compte". L'on pourrait dire des centaines de phrases dans le même genre, sans que celles-ci aient forcément un sens. Dès lors, mieux vaut ne rien dire du tout.
La citation du jour« On devrait interdire les sudokus dans les cafés. C'est antisocial. »Léandra Courbet, Ma vie en aphorismes, tome II, Bruxelles, 2012, p. 247.
J'essaie de résoudre à nouveau ce putain de jeu à la con : la dernière fois, Andrew, Léandra et moi nous étions trompés et avions abandonné en cours de route. Je dois vraiment avoir un problème avec les sudokus car, aujourd'hui, malgré l'aide de Walter, je me suis à nouveau gouré quelque part. Oui, mais où ? J'abandonne. De toute façon, comme dirait Léandra, c'est antisocial, ce machin. Elle déchire néanmoins son set de table en deux et place la partie contenant le sudoku dans son sac, pour une résolution ultérieure. Ce jeu est antisocial, mais faut pas déconner non plus, merde quoi !
Le serveur est un peu à l'Ouest... Rien de nouveau : je m'étais fait la même remarque la semaine dernière. La commande ressemble à un test d'Asch à l'envers : tout le monde à table annonce sa boisson dans l'ordre des aiguilles d'une montre. Je suis avant-dernier, Walter est dernier. Tout le monde prend un Coca, un Coca Light ou un Coca Zero. Je voulais prendre une boisson non-alcoolisée moi aussi et, par conformisme, je devrais commander un Coca. Je commande donc un Orval. Le serveur ne comprend pas : il croit à deux reprises que j'ai commandé... un Coca ! Quant à Walter, faute de Chimay bleue ou de Leffe, il prendra un... Coca Zero. Mon dieu !
Avant de me retrouver à la Brasserie du Parvis en fin de soirée, j'étais à la Maison du Peuple. Et avant d'être à la Maison du Peuple, j'étais au Potemkine. Et avant d'être au Potemkine, j'étais à mon appartement avec Gaëlle.
Au centre d'une discussion : Jonas, qui n'a toujours pas offert son cadeau d'anniversaire à Léandra... L'offrira-t-il un jour ? Cette éventuelle petite attention de sa part, comme tant d'autres petites attentions, aurait énormément d'importance aux yeux de mon amie... Mais non : le mode de pensée de ces deux-là semble tellement antagoniste que ça frise le surréalisme, parfois/souvent. Précision importante : lors de notre anniversaire commun du 14 janvier, Jonas m'a offert un cadeau (un livre sur l'histoire des codes secrets, ainsi que des cordes de guitare), mais n'a rien offert à Léandra. Une hypothèse : Jonas n'est doté d'aucune empathie ; en conséquence, quand il offre un cadeau, il propose un objet qui lui ferait plaisir, à lui... M'offrir une histoire des codes secrets n'est donc pas un problème (c'est un sujet qui le passionne) ; offrir un cadeau à Léandra est plus complexe, car il pense (à tort) qu'elle ne s'intéressera pas à ce qui l'intéresse. Conclusion (triste) de Léandra : "Il pense que je suis bête".
Après la Brasserie du Parvis, tout le monde s'en va, sauf Walter et moi, qui retournons pour un dernier verre à la Maison du Peuple... Il est très tôt, 21h30 tout au plus. Walter parle du Congo. Pour ma part, atteint que je suis, j'arrive à placer, quelque part dans la conversation, un extrait de la biographie de Wittgenstein (à savoir le fait qu'il a renoncé à son héritage familial et à sa fortune, pour devenir simple instituteur dans un village de montagne, en Autriche).
Une heure plus tard, Walter me reconduit chez moi en voiture. Curieusement, je ne suis pas spécialement obnubilé par le sudoku non résolu de la Brasserie du Parvis... Pas encore en tout cas.
« 462. Je peux le chercher s'il n'est pas là, mais je ne peux pas le pendre s'il n'est pas là.
On pourrait vouloir dire : "Mais il faut pourtant bien qu'il soit là si je le cherche." — Alors il faudrait aussi qu'il soit là si je ne le trouve pas, et même s'il n'existe pas du tout. »
(Extrait de Ludwig Wittgenstein en mode "Far West" : si le coyote n'est pas là, je ne peux pas le pendre.)
On peut chercher une chose sans jamais la trouver.
On peut chercher une chose qui n'existe même pas.
On peut chercher une chose indépendamment du fait qu'elle existe ou non.
"Sommes-nous seuls dans l'Univers ?" : que penser d'une interrogation pareille ? — Digression : je me souviens d'une soirée d'été, confortablement installé à la terrasse de la buvette du stade communal d'Ixelles, soirée durant laquelle Lewis a posé une question très proche de celle-là, sans réellement écouter les réponses de la tablée, comme d'habitude. La question exacte était : "Pensez-vous que nous sommes seuls dans l'Univers ?" Flopov, la jeune badiste, avait alors répondu du tac au tac (le sujet lui tenait à cœur) : "Moi, je crois qu'on ne peut pas être seuls. C'est impossible. M'enfin ! Quand on voit toutes ces étoiles, ce n'est simplement pas possible que nous soyons seuls". Je me souviens, pour ma part, avoir répondu qu'il était impossible de répondre par oui ou par non à ce type de question pour le moment (le sujet me tenait aussi à cœur — en tout cas, j'y avais déjà beaucoup réfléchi). Lewis a alors continué la discussion en parlant de l'invasion des Suèves de 406, mais peu importe...
La question est terriblement floue. Que signifie "Être seuls dans l'Univers" ? Walter pourrait répondre : "Nous sommes toujours seuls" dans un sens solipsiste... Et je pourrais répondre presque de la même manière, lors d'une crise d'angoisse existentielle : "Je suis seul dans l'Univers !" — Mais, à l'ordinaire, la question est presque toujours posée dans un sens précis, qui est tout autre : "L'humanité est-elle la seule intelligence dans l'Univers ?" ou bien : "Existe-t-il une autre forme de vie intelligente dans l'Univers ?"
L'air de rien, ce genre de question en engendre une série d'autres dont les réponses sont incertaines et loin d'être évidentes, comme : "Qu'est-ce que l'intelligence ?" — et au-delà : "Peut-on concevoir une intelligence autre que celle, facile à concevoir, qui est la nôtre ?" — ou : "Qu'est-ce que l'Univers ?" — Nous sommes limités dans notre observation ; nous ne pouvons accéder qu'à un fragment du Monde : l'Univers observable, celui dont la lumière a eu le temps de se propager jusqu'à nous.
Lu récemment sur le Web, un avis sceptique concernant la fameuse question de notre solitude ou non-solitude dans le Cosmos. Il s'agit d'un article de Jean-Paul Baquiast (ou à tout le moins d'un article introduit par lui ? — impossible de trancher) consacré à un livre récent de l'astrophysicien et vulgarisateur John Gribbin intitulé Alone in the Universe: Why our Planet is Unique ("Seuls dans l'Univers : pourquoi notre planète est unique", 2011).
Reprenant l'argumentation de Gribbin, l'auteur postule que l'intelligence dans l'Univers est extrêmement rare, voire unique, pour la raison suivante : la longue séquence d'événements ayant donné naissance à une forme de vie intelligente (l'humanité donc) est tellement improbable que, même en prenant pour cadre élargi notre galaxie et ses quelque 300±100 milliards d'étoiles, voire même l'Univers entier, on peut presque à coup sûr affirmer le caractère unique de la Terre et de la conscience de soi qui caractérise l'homo sapiens. L'article combat en outre le principe anthropique, à savoir la croyance que l'Univers est, dans un certain sens, taillé sur mesure pour le développement de formes de vie complexes. Il met enfin en avant l'intérêt de préserver et de protéger notre planète, du fait de son unicité — une intention louable, mais qui n'a qu'un rapport très ténu avec la question de notre éventuelle solitude (on peut détruire notre planète même si elle est unique et la préserver même si elle ne l'est pas).
La réponse à cette question semble asymétrique... La proposition : "La vie intelligente n'existe pas ailleurs que sur Terre" est réfutable car il suffirait de trouver — mince affaire ! — un seul exemple d'intelligence extraterrestre pour la contredire (le programme SETI, qui braque ses radiotélescopes à la recherche d'un signal intelligent et structuré, a-t-il jamais fait autre chose que cela ?). Au contraire, la proposition : "La vie intelligente existe ailleurs que sur Terre" n'est pas réfutable car il n'existe aucun moyen de l'invalider logiquement. Il faudrait, pour cela, arriver à montrer que la vie n'existe pas ailleurs en passant au crible l'ensemble de ce qui a existé, existe et existera, ce qui est au-delà de toute expérience humaine.
Qu'est-ce que cela signifie ? Simplement que l'hypothèse qu'une vie intelligente n'existe pas ailleurs que sur Terre semble réfutable, alors que l'hypothèse qu'une vie intelligente existe ailleurs que sur Terre ne l'est pas. Cela ne signifie en rien qu'une vie intelligente existe ou n'existe pas ailleurs que sur Terre (cela est du domaine de la croyance), mais seulement que si nous voulons progresser dans ce domaine, la prudence est de mise et qu'il vaudrait mieux prendre pour hypothèse que la vie intelligente n'existe pas ailleurs que sur Terre et éventuellement chercher une trace de vie intelligente ailleurs pour invalider cette hypothèse de départ.
Que quelqu'un comme Gribbin corrobore — ou plutôt tente de corroborer, à l'aide de probabilités — la proposition "Nous sommes seuls au moins dans la Voie lactée" n'est somme toute que très banal et ne nous fait pas avancer. La réelle avancée serait que quelqu'un réfute la proposition. Si aucune réfutation n'est faite — ce qui est le cas actuellement —, ce n'est pas si grave...
J'écris cela et en même temps, je me rends compte de l'inintérêt de pareil développement intellectuel. Dans la mesure où nous ne savons strictement rien au sujet de l'existence ou non d'une intelligence extraterrestre, développer une telle argumentation n'est rien d'autre que de tourner en rond. — Difficile de savoir comment aborder quelque chose de totalement inconnu.
J'aime construire un château de cartes pour souffler dessus quelques minutes plus tard... Tout ce que nous savons, c'est que nous ne savons rien. Des propositions comme "Nous sommes seuls dans l'Univers" ou "Nous ne sommes pas seuls dans l'Univers" sont indécidables à l'heure actuelle ; elles ne rentrent même pas dans le jeu du "vrai" ou du "faux". Dès lors, que faut-il croire ? Ce que vous voulez : je m'en contrebalance !
Elles sont toujours aussi impressionnantes, ces sensations de déjà-vu/déjà-vécu, ces "hics" mémoriels que le cerveau semble "réparer" en quelques secondes... En cherchant un peu, j'apprends qu'il existe d'autres phénomènes apparentés, comme le "jamais-vu", qui est presque l'exact opposé du déjà-vu, à savoir l'impression d'observer une situation pour la première fois alors que l'on sait pertinemment qu'on l'a déjà observé auparavant. Pour autant que je m'en souvienne (putain de mémoire !), je n'ai jamais encore été confronté à une sensation de jamais-vu, alors que celles de déjà-vu se comptent chez moi par centaine depuis l'enfance...
* * *
Je gagne la dernière partie presque par traîtrise, en exploitant une règle que je croyais connue de tous, celle qui consiste à briser l'unicité d'une route adverse grâce à une colonie judicieusement placée à l'une de ses intersections. Emily parle de son frère, qui veut à tout prix gagner quand il joue à un jeu et qui "par conséquent" triche tout le temps. Je trouve ça terriblement débile : quel est l'intérêt d'arriver premier si c'est par des moyens détournés et malhonnêtes ? Tout cela m'échappe complètement.
Je remettrais bien mon titre en jeu dans une cinquième et ultime partie, mais Walter tombe de fatigue. Mes invités s'en vont donc, vers 3h30 du matin.
Je suis trop peu avancé dans ma lecture pour décrire ici le fond de ces fameuses Recherches (ou Investigations, selon l'ancienne traduction), texte central du "second Wittgenstein". Par contre, je peux au moins coucher quelques remarques d'ordre personnel, expliquant ce que j'aime et qui n'arrête pas de me marquer profondément chez ce philosophe :
1) La façon d'aborder ses sujets. Cet homme est avant tout un cartographe. Comme le remarque à raison Élisabeth Rigal, qui signe l'avant-propos de l'édition que je tiens en main (Gallimard, 2004), "(...) la grammaire du langage est comme la géographie d'un pays pour lequel on disposerait seulement de fragments de cartes isolés (...)". En effet, c'est très marquant : Wittgenstein ne fait que dire constamment la même chose (je force le trait) en changeant de perspectives, tout en utilisant un vocabulaire courant (aucun charabia philosophique abscons ici). Il tente d'établir la géographie de sa philosophie et pour ce faire, il n'attaque jamais le problème frontalement : il fonctionne par couches successives (grandes analyses, inventions de l'esprit, analogies, exemples...). À la première lecture, cette manière de fonctionner peut paraître totalement déroutante. En s'accrochant, je perçois, j'effleure ce vers quoi il veut m'amener, à force de redondances, de changements d'angles et de répétitions.
2) La ponctuation et le style : ce penseur possède une écriture unique, pour autant que je puisse en juger à partir de la traduction française (qui me semble de qualité). Il tire un grand parti de la ponctuation et des signes typographiques. Il remplit ses phrases de tirets cadratins (—), voire de doubles cadratins (——), ainsi que de parenthèses ; il use du guillemet et de l'italique à tout bout de champ, pour des raisons précises, qu'il ne prend pas la peine de définir (à quoi bon ?). Selon leur place dans la phrase, ces signes possèdent une signification propre, dont la compréhension s'avère le plus souvent évidente lors de leur mise en contexte. Wittgenstein a par ailleurs fréquemment recours à la deuxième personne du singulier, afin de créer une forme de dialogue virtuel avec le lecteur... Mais à quel lecteur s'adresse-t-il ?
3) Ce philosophe ne semble jamais satisfait de ce qu'il écrit. C'est bon signe. (Se méfier des gens qui ne doutent pas.) Le seul livre qu'il a publié de son vivant, le Tractatus Logico-Philosophicus, il le reniera en partie plus tard car l'ouvrage était révélateur, de son propre aveu, de son "ancienne manière de penser". Quant aux autres textes, il n'en a jamais terminé aucun. Tous ont été publiés après sa mort sur base de manuscrits ou de tapuscrits. Wittgenstein, dans la préface des Recherches, avouera : "Après de nombreuses tentatives infructueuses pour réunir [en un livre] les résultats auxquels j'étais parvenu, j'ai compris que je n'y arriverais pas, que ce que je pourrais écrire de meilleur ne consisterait jamais qu'en des remarques philosophiques, car mes pensées me paralysaient dès que j'allais contre leur pente naturelle et que je les forçais à aller dans une seule direction (...)". Bigre ! Peu importe : à force de lire des fragments, je finirai par avoir une idée du tout.
4) Malgré l'utilisation de la seconde personne du singulier et la volonté à certains moments de montrer, d'expliciter — de vulgariser presque —, Wittgenstein ne semble guère se soucier de son lectorat. (Et c'est sans doute mieux comme ça !) Sa pensée est en progression constante. J'ai souvent l'impression de le surprendre en pleine réflexion, chose assez unique pour... un livre. Peut-on dire qu'il écrit pour lui et pour lui seul ? En tout cas, il ne ménage pas ses lecteurs et ne les prend certainement pas pour des imbéciles. Il ne se donne pas la peine d'expliquer les principes philosophiques généraux qu'il cite par-ci, par-là, ni encore les pensées des philosophes auxquels il se réfère de temps en temps. Il considère forcément toutes ces choses comme acquises. (Dans De la certitude, Wittgenstein fait souvent référence au travail de G.E. Moore sur le sens commun, sans en expliciter véritablement le contenu). Il refuse par ailleurs de se présenter en chef de file de quoi que ce soit : "Je souhaiterais", conclut-il dans sa préface, "que ce que j'ai écrit ici ne dispense pas les autres de penser, mais au contraire incite, si possible, tel ou tel à développer des pensées personnelles". Nous sommes à des années-lumières de la philosophie bling-bling de BHL et consorts, dont le but n'est pas tant de réfléchir que de bien parler (et de bien vendre, par la même occasion).
Pour toutes ces raisons (et pour plein d'autres), j'adore Wittgenstein et sa pensée pour le moins complexe, difficilement abordable : une philosophie qui demande du temps et du travail.
La salle de lecture du boulot est fermée pour récolement : les tables sont remplies de bouquins et nous ne pouvons pas y manger. Wynka, Sylvette, Christiane (mes trois collègues présentes) et moi décidons donc d'aller dîner en ville, dans un snack à hamburgers du nom original (hum !) de "L'Homme Burger".
Christiane prend un petit burger avec de la viande et un peu de sauce (elle déteste la salade et les crudités), Wynka prend un gros hamburger au bacon, Sylvette un petit King burger avec des frites. Quant à moi, je prends la totale : l'assiette complète, avec frites, salade et un gros King burger. Et une bière aussi. Le pain est artisanal, la viande est bonne, le tout se laisse manger.
Depuis hier, je crois avoir perdu je ne sais trop comment ma carte MoBIB, celle couplée à mon abonnement SNCB. Je l'avais mardi matin mais mardi soir par contre, les portails des stations de métro ne s'ouvraient plus lorsque je tentais de la valider. Ne la trouvant pas à l'intérieur de ma carte Train, j'en ai par conséquent déduit que je l'avais perdue... En attendant le duplicata de ladite carte, j'ai donc utilisé un ticket de métro de dix voyages pour passer les portails de la STIB.
Aujourd'hui soir, une préposée au guichet de la gare de Bruxelles-Midi s'apprête à me créer un duplicata (une quinzaine d'euros pour cette connerie) mais s'arrête en palpant ma carte Train : "Mais elle est là, votre carte MoBIB ! Je la sens : elle est cachée dans votre carte Train !" Sa conclusion : "Parfois, les bornes ne s'activent pas, on ne sait pas vraiment pourquoi !"
Au Potemkine, je suis rejoint en fin de soirée par Léandra, qui revient de la réunion de son groupe d'impro : "Haha, même ici, faut que tu te la pètes avec un livre de Wittgenstein posé négligemment sur la table ?" Bah ! Elle rigole, elle rigole, Léandra mais depuis ce matin, au moins dix personnes ont été intriguées par la couverture de ce livre et y ont jeté un regard furtif !
Nous terminons la soirée à la Brasserie du Parvis. C'est désert, c'est un peu triste, mais ils font de la bonne bouffe pas chère. Le serveur a l'air dépassé par les événements : "Ha ? Vous voulez manger ?" La chose l'étonne, du coup je me méfie un peu... Je mange néanmoins de bonnes tagliatelles au thon piquant, Andrew prend un spaghetti à la bolognaise et Léandra un jambon-fromage (si mes souvenirs sont bons). À l'entrée du café, un gars tente sa chance à un jeu d'argent.
Et puis voilà ! C'est la fin de la soirée... Léandra rentre chez elle à pied, Andrew s'en va récupérer son tram à Louise et moi, je reprends mon tram habituel. Sur le court trajet qui me ramène à mon appartement, je passe par la station Horta. Le tram ne s'arrête pas, comme à son habitude, mais roule au ralenti sans marquer une seule pause, "sur ordre de police". J'ai l'occasion d'observer médusé la station, légèrement dans la pénombre, entièrement recouverte de gros éclats de peinture jaune, verte, bleue, rouge... La première chose qui me vient à l'esprit est : "Woaw !", puis : "Qu'est-ce que ce que c'est que ce bazar ?". Après prise de renseignements : apparemment, des personnes cagoulées sont entrées dans la station, ont bloqué les portails avec des bouts de bois et ont lancé de la couleur (!) partout sur les murs et le plafond... Qui ? Pourquoi ? Aucune information n'est disponible, pour l'instant.