Une pizza en face de la mer

Notes en vue d'un renouveau de la sociabilité hamiltonienne. — Pour tisser de nouveaux liens, l'estrade au fond de la Maison du Peuple est définitivement un bon endroit : les fauteuils y sont disposés de telle manière qu'il est presque obligatoire pour les nouveaux arrivants de demander s'ils peuvent s'asseoir aux places encore libres. Hier, je m'y trouvais un peu par hasard, sur cette estrade : d'habitude, je ne m'y installe jamais ; je ne l'ai fait que pour bénéficier d'une des seules prises de courant disponibles. — La première qui s'est assise à ma droite avec son copain, en début de soirée, m'a lâché : « Ton prochain verre est pour nous ! », mais je n'ai pas compris la raison de son offre et je l'ai déclinée gentiment. La troisième, arrivée beaucoup plus tard avec deux amis, se tournait de temps en temps vers moi pour discuter, mais je n'ai pas compris grand-chose à ce qu'elle racontait à cause du bruit ambiant, et aussi parce qu'elle parlait très vite et mâchait ses mots. Et puis, j'écrivais mon article journalier, celui sur le grand plongeon. Peut-être voulait-elle vraiment faire connaissance et ai-je raté quelque chose ? Mais ce n'est évidemment que dans le tram du retour, en début de nuit, que je me suis fait cette réflexion. (Je m'améliore : avant, je ne m'en rendais compte que le surlendemain.)

J'ai la curieuse impression que les sourires qu'on me faits augmentent avec la densité de ma barbe. Le côté « nounours », peut-être ? (Où le côté « Père Noël » ?) (Ou le côté « moins gamin » ?) (Ou bien alors le côté « Je me fais un film complet » ?)

Il serait intéressant que j'aie à nouveau une aventure sexuelle, ne fût-ce que pour la décrire dans mon journal, qui est à ce sujet dramatiquement... vierge (à moins de compter les parties imaginaires). — Si je disais à une femme : « Je voudrais coucher avec toi. Rien de personnel, je te rassure, c'est seulement pour le bon déroulement d'une expérience littéraire », le prendrait-elle mal ?

Blankenberge !

Blankenberge ! Blankenberge ! Mais aux portes de l'hiver, Blankenberge est aussi vide qu'une institution culturelle fédérale belge après le passage de la N-VA au gouvernement !

J'ai erré environ une heure dans les rues désertes de cette petite ville côtière à la recherche d'un restaurant. Il y avait deux brasseries ouvertes sur la digue, mais les clients se comptaient sur les doigts d'une main et je n'ai pas osé m'y aventurer : j'avais pour tout dire presque peur de les déranger. Alors, j'ai acheté une pizza à emporter dans un take away du nom de « Buon Appetito » et, pour la manger, je suis allé m'asseoir sur un banc en face de la mer.

Cet endroit, l'Hôtel Aazaert, est tout de même très luxueux. On le remarque au soin apporté aux petits détails et aussi aux services offerts (piscine intérieure, spa, réception disponible jour et nuit, bar spacieux avec un feu de bois qui crépite — oui Monsieur, je suis obnubilé par les feux de bois qui crépitent ! —, où je mets tranquillement en page le court récit de ma journée). Tout ce confort ne me dérange pas, mais il est vraiment superflu : donnez-moi un lit, une salle de bain, une connexion Internet et quelques bières et vous aurez fait ma journée !

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