L'examen d'archivistique est de la pure rigolade : un syllabus d'une quinzaine de pages à étudier, avec en prime la connaissance, bien avant l'examen, des questions qui vont être posées. Elle sait donc à peu près à quoi elle va devoir répondre : "Quels sont les trois principes fondamentaux de l'archivistique ?" (le respect du fonds, de sa provenance et de son organisation interne, fastoche !) ; "Quels sont les trois âges des archives ?" (archives courantes, intermédiaires et définitives), et : "Qu'est-ce que la règle des 100 ans ?" (l'obligation, sauf dérogation, d'attendre cent ans avant la consultation d'archives d'état-civil). Cependant, ils devront développer leurs réponses (faut pas déconner non plus).
Durant toute la soirée, la discussion tourne autour des relations de couple, de l'amour... C'est souvent le cas avec Mary (une romantique trash).
« Pour le moment, je ne suis intéressée par personne. Je n'ai pas une seule personne en tête. Je ne suis pas amoureuse.
— Oui, tu m'avais déjà dit ça...
— Beaucoup de femmes sont comme moi, tu sais... »
« Et Léandra, ça va ?
— Bah... Oui.
— Elle est toujours avec son mec ?
— Ouaip, elle est toujours avec Jonas.
— Et ça va ?
— Pour le moment, ça a l'air d'aller, oui... Plus ou moins...
— Plus ou moins ?
— Y a des trucs qui l'emmerdent, comme cette histoire de cadeau. Il ne lui a toujours pas offert de cadeau pour son anniversaire...
— Putain, c'est trash : je suis comme elle. J'ai déjà reproché ça à mon ex, moi aussi ! »
« Et Emily ?
— Oui ?
— Tu la vois toujours ?
— Oui, évidemment... Je la vois souvent, Emily... Je l'ai vue mardi, par exemple.
— Et ça va ?
— Ben oui, ça va. Pourquoi ? »
« C'est très curieux, je te jure ! C'est la première fois que je le vois sortir avec une autre femme...
— Hmmmm...
— Hamil, putain, tu ne te rends pas compte ! Ils se touchaient et tout, et ils se roulaient des pelles grave, quoi...
— Ça arrive...
— C'était bizarre...
— Mais quoi à la fin ? T'es jalouse ?
— Non, non... C'est juste que c'est très space de le voir avec quelqu'un d'autre, en me disant que je pourrais être elle... Que j'ai été elle. Tu comprends ? »
(Oui, je comprends très bien.)
« J'ai trouvé une méthode pour savoir si je suis intéressé par une femme ou pas. En gros, ça consiste à l'imaginer avec quelqu'un d'autre et de voir ce que cet état suscite en mon for intérieur. Si ça me rend triste, c'est que je ne conçois pas entièrement le rapport comme une simple relation d'amitié.
(Et si je suis déprimé, c'est que je ne le conçois pas du tout comme une relation d'amitié.)
— Moi, ça ne fonctionnerait pas. Par exemple, je peux être très triste si un ami sort avec une fille, parce que je sais que je le verrai moins à cause de cela.
— C'est que ce n'est pas vraiment un ami, alors... C'est qu'il y a plus, déjà.
— Non, je te jure. »
(En tout cas, chez moi, cette méthode marche du tonnerre : elle me permet d'établir un critère de démarcation net entre amie et... euh... amie.)