Au « Flandre ». — Un début d'après-midi avec Gaëlle à la brasserie « Le Flandre », devant la gare de Namur. Ma fille retrouve sa Nintendo 3DS et « discute avec les Pokémons » pendant qu'un vieux monsieur assis à la table d'à côté me parle des nouvelles technologies auxquelles il ne comprend rien, de ses quatre petits-enfants, des chauffeurs de bus qui klaxonnent trop fort et des piétons qui traversent les routes n'importe comment. Ensuite, le même homme regarde pendant quelques instants Gaëlle, toujours gentiment plongée dans son jeu, avant de me lancer :
« Et dire qu'on leur fait du mal, à ces enfants !
— Qui ça, "on" ?
— Ben les Dutroux et compagnie... »
Il boit rapidement sa bière, puis s'en va.
Les Schtroumpfs sous le parquet. — De retour à Bruxelles. Depuis combien de temps ne les avais-je pas invités chez moi, ces deux-là, ou plutôt ces quatre-là ? La dernière fois, c'était plus que certainement avant la création de ce journal car je ne trouve aucune mention d'une quelconque invitation au sein de ce dernier. — C'est FBsr qui arrive en premier, revenant directement de son boulot, où il a en ce moment, explique-t-il, beaucoup à faire. Alineke ne nous rejoindra en voiture qu'une demi-heure plus tard environ, accompagnée de leurs deux bambins : Marc Aurèle, quatre ans, et Dioclétien, trois mois. Le premier, filiforme et binoclard, ressemble à son père mais en blond ; le second, par contre, ne ressemble à aucun de ses deux parents : c'est un bébé très joufflu et très calme, aux allures de pacha. « Mais pourquoi l'avez-vous appelé Dioclétien ? » Réponse de FBsr : « Tout d'abord parce qu'il fallait trouver un prénom de dix lettres, comme Marc Aurèle. » — Soirée tranquille : les enfants sont sages (le plus petit passe son temps à dormir ou à boire du lait, le « moyen » joue tranquillement et la plus grande s'occupe sur sa console durant la majeure partie de la soirée), le souper est apprécié, les parents sont à l'aise et je suis content d'avoir de leurs nouvelles. — Avant que la petite famille ne reparte vers la ville frontalière qui leur sert de résidence, j'arrive à faire croire au petit Marc Aurèle (et je n'en suis pas peu fier) que des Schtroumpfs habitent sous le sol de mon appartement. Le pauvre gamin ira jusqu'à coller son oreille contre le parquet pour essayer de les entendre, mais ça ne fonctionnera pas. Je crois que j'ai réussi à jouer le jeu de manière assez réaliste et qu'il n'a, de fait, jamais réussi à savoir si je plaisantais ou si j'étais on ne peut plus sérieux.
Le paresseux, I. — « En fait, Papa, tu es un paresseux, non ?
— Un paresseux ?
— Oui, tu vas te coucher très tard la nuit et tu te lèves très tard le matin !
— Ha, oui, "paresseux" dans ce sens-là !
— Oui, je ne voulais pas dire que tu étais fainéant, mais seulement "paresseux", comme l'animal. Tu vois, le paresseux ? Celui qui dort à des moments curieux de la journée... »
(Mais où va-t-elle chercher tout cela ?)
Le paresseux, II. — « Solitaire, arboricole et bien camouflé », c'est ainsi que l'encyclopédie Larousse en ligne décrit l'indolent animal : « Les seuls paresseux qui ont subsisté jusqu'à nos jours sont tous petits et extrêmement discrets. Ils ont un pelage qui leur assure un parfait camouflage dans les arbres où ils vivent seuls (sauf durant la période de reproduction), bougeant peu même la nuit quand ils se nourrissent. » Plus loin, dans le même article : « Le paresseux a un rythme de vie relativement souple : il peut être actif à n'importe quel moment de la journée (...). Son maximum d'activité se situe autour de minuit et le minimum à l'aube. Encore faut-il s'entendre sur ce qu'on appelle activité chez ce mammifère qui bouge très lentement et le moins possible. » Et sur Wikipédia, on peut lire : « Le paresseux est solitaire, il ne s'accouple environ que tous les deux ans (...) » — Ma parole, cet animal est presque mon portrait craché, en tout de même légèrement plus actif !
Demain, nous continuerons notre exploration du fabuleux monde animal en compagnie du tardigrade, ce minuscule aspirateur organique.