Ce qui est chouette avec les journées durant lesquelles il ne se passe pas grand chose, c'est qu'elles se décrivent très rapidement.
Ce week-end est "libre" : c'est le troisième week-end du mois, celui pendant lequel ma fille reste auprès de sa maman. Alors que je devrais en profiter pour pratiquer une série d'activités rafraîchissantes (aller à la mer, faire de la course à pied, pêcher, dessiner, chasser le buffle pourpre...), je m'ennuie à mourir et j'en viens à espérer que ces deux journées se termineront le plus vite possible afin que je puisse retourner au travail et au moins faire quelque chose de constructif. — Rectification : croire que je fais quelque chose de constructif.
Donc voilà : vers midi, je m'installe à la Maison du Peuple avec mon PC et j'y reste jusqu'à 21 heures. Durant ces neuf heures, j'ai cinq contacts avec l'humanité : avec Léandra qui me passe un coup de fil pour me proposer d'aller au carnaval de La Louvière le 18 mars (ce qui ne sera pas possible), avec mon papa au téléphone, avec une jeune femme qui me demande de surveiller ses affaires à chaque fois qu'elle va fumer une clope dehors, avec une demoiselle au bar qui me bouscule pour commander avant moi et avec un homme qui me demande s'il peut prendre la chaise en face de moi.
De retour à l'appartement, que faire ? Certainement pas dormir (il n'est que 21h30). Regarder un dessin animé ? Je me souviens alors d'une discussion dans le train avec Yama et Flippo (discussion que je n'ai pas inscrite dans ce journal — je ne sais donc plus quand elle a eu lieu précisément). Yama disait avoir revu deux films d'animation culte : Le Roi et l'Oiseau de Paul Grimault (1980) et Les Voyages de Gulliver de Dave Fleischer (1939). Ce soir, je décide de revoir Le Roi et l'Oiseau. Je n'ai vu ce dessin animé qu'une seule fois, je pense, lorsque j'étais un tout petit garçon. Certaines images m'avaient terriblement marqué, dont notamment la scène de l'ascenseur que le roi emprunte et qui donne une simple idée de l'immensité de son château — ça peut paraître désuet mais ça vous marque un enfant, ce genre de chose (note pour plus tard : montrer ce dessin animé à Gaëlle)...
Ce film d'animation français est tellement étrange, poétique (Jacques Prévert au scénario), surréaliste, bourré de références — en deux mots : hors norme — qu'il est très difficile de le comparer aux autres productions... Et c'est tant mieux : il permet de se rendre compte qu'autre chose est possible en matière d'animation. Oui, mais autre chose que quoi ? (J'ai l'horrible Shrek en tête.) Faudra que je revienne là-dessus un de ces jours mais pas aujourd'hui — pas le courage d'écrire, pfff...