À la Maison du Peuple : du Queen, de l'Europe et du Van Halen comme fond musical. Tout ce que je déteste ! Du rock spectacle, des couillons de guitar heroes qui font les malins en masturbant leur instrument de musique. La sobriété, l'humilité, l'intimité, savent-ils seulement ce que cela signifie, ces showmen de pacotille à l'égo surdimensionné ? — Jonas n'est pas d'accord avec moi. Il ne voit pas la ressemblance (pourtant frappante) entre Queen et Van Halen et considère par exemple le synthétiseur ridicule (il faut bien dire ce qui est) qui ponctue les morceaux de ce deuxième groupe comme étant ni plus ni moins l'équivalent au clavier des riffs de guitare déchaînés d'Eddie. Mais non ! Irmin Schmidt jouant du synthétiseur (je me répète) ou les ondes Martenot utilisées dans certains morceaux de Radiohead, voilà qui a de la gueule !
Léandra raconte une histoire marrante, si je puis dire, qui s'est déroulée dans les thermes de Budapest. Elle et sa maman sont repérées par une touriste française qui s'ennuie (son mari est dans une autre partie des bains, réservée aux hommes). La dame commence à vanter les bienfaits de la société hongroise en ces termes* : « Ici, ce n'est pas comme en France : les gens sont adorables et il n'y a pas beaucoup d'étrangers ! » Léandra m'explique : « Pour cette dame, le mot "étranger" renvoie directement aux Maghrébins. Elle vit dans le fantasme selon lequel la présence des "Arabes" en France est toujours équivalente à une diminution générale de la qualité de vie. » Un peu plus tard, la même dame chantera les louanges des musées français : « Nous avons les plus beaux musées du Monde ! » C'est vrai que le Metropolitan à New York ou l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, c'est de la merde en barre à côté des grandioses musées du Royaume de France !
Jonas mentionne l'émission Mauvais Genres du 5 mai dernier consacrée aux écofictions et aux discours de fins du monde. Les invités y ont notamment parlé de Jules Verne et rapproché l'œuvre de celui-ci d'une certaine conception de la finitude du Monde : chaque roman de Verne explore un endroit particulier, considéré d'abord comme mystérieux et inconnu mais qui devient par la suite entièrement appréhendé, cadré, compris, fini (les profondeurs sous-marines, la Lune, etc.)... Jules Verne serait-il un maniaque du contrôle et de la connaissance universelle ? — Assez curieusement, Léandra compare cette idée de finitude à la série Martine de Marcel Marlier et Gilbert Delahaye. Car Martine aussi explore chaque endroit de son monde une seule fois : la mer, la montagne, les profondeurs glacées de la Nébuleuse d'Orion (euh... non, je confonds sans doute avec une autre œuvre de fiction). — La réflexion de Léandra tient la route, tout compte fait ! Et moi qui croyais dur comme fer que cette série n'était qu'un prétexte pour dessiner des fillettes en petite culotte, voilà que je me rends compte très tardivement qu'il s'agit aussi d'une réflexion de grande ampleur sur la conquête de la connaissance absolue !
________________________________
* Jeu de mots pourri.