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Nous étions pourtant arrivés bien à l'avance à la gare de Glasgow Central. Plus d'une heure à l'avance ! Le grand luxe, quoi. Nous avons même eu le temps de prendre un verre au pub de la gare et d'aller faire quelques courses. En bref : nous étions arrivés vers onze heures du matin alors que le train vers Oban, lui, ne partait qu'à midi dix-neuf.
Sauf qu'il ne partait pas de cette gare-là. C'est une blague ? Non. Si j'avais été un peu plus attentif, je me serais rendu compte que le train vers Oban partait de Glasgow Queen Street, une autre gare du centre-ville située à dix minutes environ de la Glasgow Central Station, où nous cherchions en vain sur les tableaux d'affichage un train vers notre destination.
Mais nous n'avions plus dix minutes devant nous et avons donc tristement raté le train. Une broutille : il nous a suffi de prendre le suivant... quatre heures plus tard.
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Quatre heures plus tard donc, dans le train vers Oban. — Je voudrais aller aux toilettes, mais un gars près de la porte me fait savoir qu'elles sont hors-service (« It is brrroken »). Je lui demande s'il y en a d'autres dans le train. Il me répond que non, mais m'indique que... — Aucune idée de ce qu'il m'indique, je n'ai strictement rien compris ! Je lui demande donc de répéter plus lentement en lui précisant que je ne suis pas anglophone. L'explication est en fait très simple : si j'ai un besoin pressant, il faut que j'avertisse un membre du personnel de train. À la prochaine station, le conducteur arrêtera son véhicule le temps que je descende me soulager. C'est une blague ? Non, non.
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Plus ou moins à la moitié du trajet Glasgow-Oban, une bonne partie des passagers de notre voiture descend. « Eh ben... Le train s'est bien vidé d'un coup », constate Andrew. De nouvelles personnes entrent. Sur le quai, des gens embarquent dans un train situé sur l'autre voie. La pièce tombe lorsqu'un des passagers crie dans un anglais difficilement compréhensible que notre train repart vers Glasgow. Si nous voulons continuer vers Oban, il faut changer. C'est une blague ? Eh non.
Panique à bord pour les cinq Belges. On range nos affaires en triple vitesse. Andrew court chercher ses bagages. En sortant du train, Léah oublie son smartphone (que je récupère). Gaëlle se met à pleurer. Elle quitte sa place en vitesse et, dans la précipitation, fait tomber l'un des objectifs de mon appareil photo. Moi qui d'habitude ai besoin de quatre contrôles pour être certain de ne rien avoir oublié, je dois me contenter d'un rapide coup d'œil sur notre ancien emplacement.
Deux gentils passagers nous aident à descendre nos bagages. Entretemps, Léah a demandé au conducteur de l'autre train d'attendre, conducteur qui s'est apparemment contenté de hausser les épaules et de déclarer l'équivalent de : « Ha bon ? Pas de problème. »
Finalement, rien n'a été perdu, rien n'a été cassé et nous avons repris la route vers Oban via un autre train dont les toilettes fonctionnent. Tout est bien qui finit bien. Reste l'angoisse liée à la question : « Qu'est-ce qu'on aurait fait si on n'était pas sorti du train à ce moment-là ; si personne ne nous avait prévenu ? » La réponse va de soi : on aurait attendu... le train suivant.