space_jockey

De l'inutilité d'un blog

La beauté dans l'inutilité. — « (...) Par contre, je ne suis pas d'accord avec toi ! me lance Yama dans le train de retour vers Bruxelles.
— Ha ?
— Non.
— Sur quoi ? Sur La Nef des fous ?
— Non, non... Cette partie-là, je l'ai juste survolée... Non.
— Sur François Hollande alors ?
— Non, non, pas du tout !
— Ha...
— Non, c'est par rapport à un truc que tu as écrit sur l'utilité d'un blog...
— Ha oui, je vois !
— Dans d'autres posts, tu dis explicitement que tu écris principalement pour toi, sans qu'il y ait spécialement une utilité pour autrui...
— Mais ce texte sur l'utilité est circonstanciel. C'est parce qu'une personne m'a écrit ce jour-là que la lecture de mon blog l'aidait dans sa propre vie... Un truc de ce genre...
— Oui, je comprends parfaitement que quelqu'un, en te lisant, trouve des résonances dans sa propre vie... Mais dire que ton blog est utile, non ! C'est le rabaisser !
Mmmmh, en effet. Sans doute le mot "utile" est-il particulièrement mal choisi...
— Non... Je ne sais pas...
— Tu as du mal avec le concept d'utilité, c'est ça ?
— Carrément ! Je déteste par exemple quand quelqu'un dit qu'il "aime se rendre utile" ! Personne n'est vraiment utile...
— Oui, je comprends très bien.
— La beauté du projet, c'est justement son inutilité.
— Donc mon blog est meilleur s'il est inutile ?
— Ouais ! On s'en fout que ce soit utile ! »

The Wire, le canapé et les échecs. — Yama a écouté récemment sur France Culture l'émission des Nouveaux chemins de la connaissance consacrée aux séries The Wire et 24 heures chrono, en rapport avec l'effondrement du rêve américain, et a été marquée par une drôle d'analogie proposée par l'un des deux intervenants du jour : celle reliant symboliquement le canapé orange se trouvant au centre de la cour où vivent et commercent les petits dealers de Baltimore dans The Wire et le concept d'immobilité sociale...  — Ces dealers de rue n'ont d'autre choix que de jouer chaque jour le même jeu : vendre leur dope ou bien crever. Aucune ascension n'est possible pour eux. Chaque jour, c'est donc un éternel recommencement : ils baignent complètement dans un cadre de vie fixe duquel ils ne peuvent s'extraire. Le canapé serait alors presque l'équivalent métaphorique de la boule blanche (le rôdeur) dans Le Prisonnier.  — Mais avec quoi tu viens, là, Hamilton ?
J'ai écouté l'émission en question. L'idée du canapé est peut-être un peu tirée par les cheveux... Quoique... Dans The Wire, série perfectionniste par excellence, tout est maîtrisé, rien n'est laissé au hasard et la symbolique joue un grand rôle.  — Un canapé comme symptôme de l'immobilité sociale... Pourquoi pas tout compte fait ?
Durant l'émission, les deux invités esquissent en quelques traits ce qui oppose The Wire à 24 heures chrono. Les deux séries proposent chacune une vision de l'Amérique, mais la différence de point de vue est de taille : dans 24, l'angle d'approche se situe en hauteur (vue omnisciente, surveillance maîtrisée, simultanéité des actions...), alors que dans The Wire, tout est vu du bas (échelle humaine, démystification de la surveillance, impossibilité de maîtriser tous les maillons d'un système complexe...). Ils terminent par un constat d'ordre politique : The Wire serait plutôt de gauche tandis que 24 heures chrono plutôt de droite...

Je dis à Yama que ce qui m'a d'emblée frappé dans The Wire, c'est la référence constante au jeu d'échecs. Au cours de la première saison, un dealer enseigne à un autre les rudiments des échecs et l'explication qu'il donne  — une scène d'anthologie ! — peut servir de squelette aux cinq saisons de la série. Beaucoup de personnages principaux prennent ainsi place sur un immense échiquier : Marlo Stanfield, le gangster économe dans ses mouvements qui veut devenir roi et y arrive (bien qu'à la fin de la série, sa situation — libre mais empêché de reprendre le business — ressemble à un pat)... Lester Freamon, fin limier à la police criminelle, est un cavalier qui trouve d'importants indices par à-coup... Jimmy McNulty, l'inspecteur qui ne respecte aucune règle, est un fou. Etc.  — Mais je ne vais pas réécrire ici l'article déjà paru sur le Blog du noctambule...
« Space Jockey ». — Voilà ! J'ai retrouvé le nom de l'énigmatique race extraterrestre qui apparaît notamment dans le tout premier Alien de Ridley Scott (Alien, le huitième passager, 1979) et dont je parlais dernièrement à Yama, sans revenir sur son putain de nom : « Space Jockey », ou « Pilote », ou encore « Mala'kak »... Il s'agit d'une forme d'être bio-mécanique qui ne fait qu'un avec un vaisseau de type organique (c'est-à-dire dont les éléments ressemblent à voire sont des composantes vivantes).

Le Space Jockey mort dans Alien, le huitième passager...
(Mais c'est qu'elle est grande en plus, c'te bestiole !)

Les auteurs et scénaristes de science-fiction sont friands de ce genre de ressorts mystérieux, dont le principe est le suivant : les humains découvrent via un ancien artefact (vaisseau abandonné, objet spatial, message...) une race extraterrestre qui semble éteinte. Des éléments en petit nombre sont donnés pour attirer l'attention du lecteur ou du spectateur, mais pas assez pour tarir le flot de questions qui se bousculent dans sa petite tête : les Xénomorphes ont-ils été créés par les Space Jockey ? Ces derniers ont-ils disparus de l'Univers ou se sont-ils réfugiés quelque part ? Etc. 

La même technique est utilisée, entre autres, dans 2001 : l'Odyssée de l'espace d'Arthur C. Clarke/Stanley Kubrick (cf. les curieux monolithes déposés par des extraterrestres qui ne se montrent jamais) ; Rendez-vous avec Rama du même Clarke (passage dans le système solaire d'un gigantesque vaisseau dont les mystères se laissent difficilement percer) ; ou encore dans le Cycle de la Grande Porte de Frederik Pohl (découverte d'une porte spatiale d'origine extraterrestre permettant à de téméraires pilotes humains de se rendre à divers endroits de la galaxie).


« Lololulu26 ». — Maison du Peuple, en soirée. « Alors, vous avez de nouveau des tickets Wi-Fi ? ». La serveuse me répond : « Non, toujours pas, notre approvisionneur n'est pas passé... Mais nous avons un code prioritaire sur lequel tu peux te connecter. Par contre, si trop de monde se connecte en même temps, ça ne fonctionne pas ! » Elle s'en va quelques secondes à l'arrière du bar et revient avec un petit morceau de papier, sur lequel elle griffonne le code en question, un pseudonyme ridicule du genre « Lololulu26 » (le mot a été changé afin de préserver le secret de ce « maître de tous les codes »). De retour à ma table, j'essaie à plusieurs reprises mais force est de constater que ça ne marche pas !

Laisser un commentaire