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Mais de quoi parle "Melancholia" ?

J'avais d'abord pensé, comme titre de ce 26 août, à L'Apocalypse selon Lars mais de nombreux journalistes ont eu la même idée. Faut dire aussi que le jeu de mots est facile et donc tentant. Changement de programme et j'opte pour la question : "Mais de quoi parle Melancholia de Lars Von Trier ?". De fin du monde – une planète qui entre en collision avec la Terre et qui l'absorbe, détruisant toute vie – et de mélancolie – une des protagonistes, Justine, admirablement jouée par Kirsten Dunst, est atteinte d'une forme sévère de dépression. D'accord, mais encore ? 
Je me dis en passant que si Yama (ou toute autre personne aimant garder sa surprise intacte) lit ce texte, elle ferait bien d'arrêter dès ce paragraphe car la suite contient de méchants spoilers, autres que "à la fin, ils meurent" (ça, tout le monde le sait, quoique...).
Léandra, à la sortie de la séance dira, à raison, que ça parle de la vanité de tous les actes que nous posons dans la vie – vie par ailleurs profondément mauvaise d'après Justine – car, au bout du compte, tout est balayé et plus rien n'a d'importance... 
Bref, la mélancolie : l'incapacité de poser une action personnelle, liée au sentiment que tout est vain et se dirige inexorablement vers le grand néant. La mélancolie pourrait en ce sens être la forme suprême du réalisme, car tout effectivement se dirige vers le néant, à plus ou moins long terme. 

Andrew verra dans ce film de nombreux clins d'œil ironiques à d'autres œuvres. Ainsi la très belle ouverture de Melancholia, formée d'une série de "tableaux" oniriques en slow motion plus proches de Tarkovski que du Dogme95 et représentant, en dernier lieu, la planète Melancholia dévorant la Terre, constituerait l'exact inverse de celle de 2001, l'Odyssée de l'espace de Kubrick, montrant la création de l'Humanité. Dans la même logique, choisir Kiefer Sutherland (alias Jack Bauer dans 24 heures chrono) pour le rôle du scientiste confiant qui, se rendant compte de l'inéluctable, se suicide, devenant l'anti-sauveur par excellence, n'est sans doute pas le fruit du hasard.

Mais pourquoi avoir choisi un mariage comme première partie et l'avoir opposé à une seconde partie beaucoup plus calme et contemplative ? Pourquoi le golf, qui a 18 trous dans la première partie, a-t-il subitement 19 trous dans la deuxième ? Pourquoi le cheval de Justine refuse-t-il avec obstination de franchir le pont conduisant au village ? Pourquoi y a-t-il 678 haricots dans le bocal et comment Justine arrive-t-elle à les compter ? Pourquoi Justine prend-elle nue, un "bain de nuit" à la lueur de la planète ? J'ai lu plein d'articles à ce sujet, pour essayer de comprendre.
Certains articles font de ce film une daube monumentale. D'autres en font le nouveau chef-d'œuvre du siècle ou presque. Mais aucun ne répond vraiment à ma question d'origine : de quoi parle ce film ? Je finis néanmoins par tomber sur le Blog de Nicolinux et y trouve une série d'explications pertinentes données dans quelques uns des commentaires.

L'interprétation qui m'a le plus plu est la suivante car elle tient la route et répond à toutes mes questions. La première partie du film (intitulée Justine) est la réalité : celle du mariage de Justine et de sa lente destruction par la mariée elle-même... Justine a constamment la tête dans les étoiles. Il n'est pas question à un seul instant de la planète Melancholia, juste à deux reprises de l'étoile Antarès (une étoile surnommée ainsi depuis l'Antiquité car sa couleur rouge en faisait la "rivale" de Mars dans le ciel nocturne), qui sera occultée à la fin de la première partie. Mais occultée par quoi ?
La seconde partie du film (Claire) se détache de la réalité et se rapproche de la névrose : c'est la "réalité" vue par Justine-la-mélancolique, dans laquelle elle entraîne sa plus proche famille (sa sœur Claire, son beau-frère et son neveu). Tous les autres qui étaient présents au mariage (son père, sa mère, son mari, son patron...) sont partis, soit parce qu'ils seront "jetés" par Justine durant la soirée, soit parce qu'ils ne supportent plus ou ne savent pas faire face aux "humeurs" de celle-ci (par exemple, le père élude la dépression de sa fille par un humour puéril ; la mère par un cynisme déconcertant). Dans cette explication, Melancholia n'est pas une planète, c'est simplement la dépression de Justine. Quand la planète se rapproche, c'est la mélancolie de Justine qui s'aggrave ; quand la planète s'éloigne (car oui, elle s'éloigne à un moment, ce qui n'a pas de sens pour une planète de cette taille), c'est une petite rémission ; quand elle se rapproche à nouveau, c'est la descente aux enfers. Ce sont les dents de scie qu'affectionne mon amie Léandra mais en beaucoup plus grave. Lorsque la planète détruit tout, selon cette explication, elle ne détruit en fait rien du tout, si ce n'est Justine, qui se suicide à ce moment (c'est la raison pour laquelle elle sourit vers la fin du film : elle a décidé de son propre sort et en est heureuse), entraînant moralement (voire physiquement ?) avec elle sa famille proche. Cela explique à merveille le cut to black de la fin du film. Plus de musique, plus d'image : plus de réalité pour Justine, qui est morte. John, le mari de Claire, se suicide (mais se suicide-t-il vraiment ou est-ce la vision qu'en a Justine ?) avant la fin, car il ne supporte plus d'être impuissant face à la mélancolie de sa belle-sœur.

Enfin, les fameuses questions : pourquoi le golf a-t-il 19 trous dans la seconde partie du film ? Sans doute pour montrer le décalage de Justine par rapport à la réalité. Lors de la première partie, John lui demandera d'ailleurs combien de trous possède son golf (Justine répondra 18) : c'est en quelque sorte pour tester sa perception de la réalité, pour la ramener parmi les vivants. Pourquoi le cheval s'arrête-t-il au pont ? C'est une métaphore : Claire essaye de faire avancer Justine vers la guérison (les chevaux qui galopent) mais elle n'y arrive pas. Le cheval de Justine (sorte de psychopompe, symbolisant l'esprit de mort de la jeune femme ?) refuse de passer le pont. Plus tard, Claire voudra fuir au village, mais elle n'y arrivera pas : elle bloquera devant le pont. Pourquoi ? Parce qu'elle n'arrive pas à sortir de la spirale dans laquelle sa sœur l'a entraînée. Le pont, le village, c'est l'échappatoire. Tout le film se passe en huis-clos, sans information ou presque sur l'extérieur (si ce n'est une curieuse recherche sur le Web). On reste cloisonné dans une propriété coupée du monde (la dépression), dont le pont est la guérison (ou la fuite vers l'extérieur). Mais ce pont reste infranchissable. Justine qui arrive à compter tous les haricots mentalement ? C'est impossible : c'est encore un "rêve" de névrosée. Le bain de nuit, nue et calme, face à Melancholia ? C'est l'acceptation de son état d'esprit et également l'idée d'une fusion presque un acte sexuel, en fait de son corps avec la mort, symbolisée par la planète (le corps nu, sensuel : Eros ; Melancholia : Thanatos). Coïncidence marrante : hier, dans ce journal, en mentionnant l'éventualité d'avoir une relation sexuelle dans un cimetière, je réfléchissais déjà à cette opposition entre la mort et la vie.

Toutes les clés se trouvent en fait dès le début du film, dans la longue séquence d'introduction, remplie de symboles. Par exemple, cette scène où l'on voit Justine sous Melancholia, le petit garçon sous la Lune et Claire sous le soleil. Ce sont trois visions différentes du monde : une vision mélancolique, une lunaire et une solaire. D'ailleurs, le petit garçon, lunaire, est le seul personnage qui a réellement un point commun avec Justine. Le cheval qui s'écroule... Justine en robe de mariée retenue par des fils qui l'empêchent d'avancer... Etc., etc. Toutes ces scènes (y compris celle de la planète qui s'écrase sur la Terre) n'ont rien de réel, elles sont totalement oniriques et représentent la façon de penser, malade, de Justine.



* * *

Voilà ! Je suis satisfait de mon explication et je vais enfin pouvoir dormir en paix. Je vais également pouvoir raconter brièvement le reste de ma journée de ce vendredi : à 12h45, j'ai rendez-vous avec Léandra pour manger une délicieuse ciabatta au thon. Durant la discussion, on aborde la question de nos devinettes visuelles et je décide de relancer ce projet fin de ce week-end sous la forme d'un blog. Beaucoup plus tard dans la soirée, Andrew aura l'air consterné quand je lui parlerai de ce format (il ne lâche pas un "pfff", mais ce n'est vraiment pas passé loin). Pourquoi encore un blog ? Pour pouvoir être lu par tout le monde, c'est tout. Après le dîner avec Léandra, je vais chez le coiffeur, mais quelle importance ?

Le soir donc, nous allons voir Melancholia de Lars Von Trier (voir plus haut). Peu avant, je me rends avec Emily au Bison pour boire un verre (et manger une portion de fromage/saucisses sèches). Nous rejoignons Léandra et Andrew directement au cinéma, à De Brouckère. Après le cinéma, nous mangeons au Metteko, où l'on discute du film. On se dit à un moment que Justine est une anti-Callys. Callys, c'est un pote qui voit toujours tout de manière extrêmement positive. J'aurais tendance à dire trop positive. Pour moi, il déforme totalement la réalité par un excès d'optimisme, de la même manière que Justine déforme totalement la réalité par excès de pessimisme. Et moi dans tout ça, je me situe où ?

Enfin, sans Léandra, on termine la soirée au Bon Vieux Temps. Je refuse d'aller à l'Imaige Nostre-Dame, sans donner la raison, mais Andrew a l'air de la connaître, en tout cas il me comprend (Andrew attache de l'importance à la symbolique du lieu, entre autres). Je ressemble aussi un peu à Léandra, sur ce coup-là, avec mes souvenirs qui refont surface.

Haut-le-cœur

En partant de la Maison du Peuple hier soir, je savais que je passerais une mauvaise nuit. Mes petits tiraillements dans le ventre se sont transformés en grosses nausées une fois dans mon lit. Impossible de les faire passer. En conséquence, je suis incapable de fermer l'œil jusqu'à 4h57 du matin. À ce moment précis, la nausée s'en est allée d'un seul coup et je me suis endormi comme une masse... pour me réveiller à 6h32, travail oblige.

Pour rendre la journée encore plus poilante, en plus d'avoir ce problème à la vésicule biliaire, j'ai le cœur qui bat n'importe comment tout le temps : il rate un battement toutes les minutes environ, à moins que ce ne soit l'inverse, à savoir un battement en trop ? J'attends constamment le cafouillage et ça me rend nerveux, ce qui empire encore plus la situation. Parfois, ce putain d'organe rate son battement "en rafale" et je me sens impuissant face à ce phénomène. Comment contrôler son cœur ? Je sais que c'est bénin et assez courant (j'ai ça depuis l'enfance). Toujours est-il que c'est très désagréable quand ça arrive durant toute la journée.

Léandra n'était pas non plus dans son assiette hier soir et j'apprendrai plus tard qu'Emily a eu beaucoup de mal à s'endormir également cette nuit. La crève, c'est communicatif apparemment.

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Je m'étais dit que je n'allais strictement rien faire ce soir, si ce n'est prendre un bain et lire dans mon lit. Cependant, Emily (qui devait normalement se reposer) me téléphone pour savoir si je compte faire quelque chose. Je réponds que non, mais que ce n'est pas exclu. Pas de concert aux Feeërieën aujourd'hui hélas. On décide donc d'aller simplement boire un verre à l'Atelier, un café dans le quartier de l'Université. Souvenir de l'époque où l'on commandait la carte entière (ou plutôt le panneau mural entier) en un mois à peine.

Walter est là aussi. Il ne va pas bien, à cause de son boulot, dans lequel il est grosso modo victime de harcèlement moral (ou bien simplement du "Syndrome du petit nouveau"). Il place dans la conversation des événements personnels qui lui tiennent à cœur. Quand nous parlons d'autre chose, il se réfugie dans son jeu de smartphone, non plus celui qui consiste à faire descendre une boule en évitant les obstacles mais l'autre, dont le but est au contraire de faire monter un bonhomme de plus en plus haut en sautant sur des plates-formes. Durant toute la soirée, Walter utilisera par ailleurs le terme "fucking" (équivalent du "blindé" de Mary) à toutes les sauces. C'est très comique. Exemple : "J'étais fucking pas content" pour dire "Je n'étais pas content du tout" (Mary aurait dit quant à elle : "J'étais pas contente blindée"). Ha, ces jeunes et leur langage... C'est trashitos, comme dirait Mary (mais où vont-ils chercher tout ça ?).

Emily n'est pas très en forme non plus. Elle ne sait pas ce qu'elle veut (je la cite texto). Va-t-elle se rendre à Charleville-Mézières avec Charles-Henri et ses potes, ce week-end ? Va-t-elle aller faire du camping toute seule (je lui conseille le Grand-Duché de Luxembourg, en passant) ? Va-t-elle seulement se reposer ? Mystère... En tout cas, une chose est certaine : le décès de son ami il y a un peu moins d'un an est encore très vivace dans sa mémoire (c'est compréhensible). J'aimerais tellement pouvoir l'aider mais je ne sais pas comment.

La soirée se termine à la Bécasse, sur le rond-point du Cimetière d'Ixelles, car mes deux amis ont faim. Question durant la conversation : est-ce un fantasme courant que de vouloir faire l'amour dans un cimetière, sur une tombe ? J'ai mon avis sur la question mais je suis le seul à penser ça, apparemment. C'est un symbole très fort en tout cas, car il témoigne de l'attrait des contraires : l'acte sexuel, un des absolus de la vie, versus la tombe, symbole du néant et de la mort.

Bigre, il faut que je dorme. Demain, j'ai pris congé et je vais manger avec Léandra sur le temps de midi (près de Rogier je suppose). La secrétaire à mon boulot m'a assuré ce matin que je disposais encore de six jours de congé jusqu'à la fin de l'année. Je ne vais pas la contredire.

La malédiction "Melancholia"

Les temps de midi à mon boulot sont autant d'occasions de discuter de sujets divers et variés. À l'arrivée de ma collègue Charlotte, absente le matin, qui contourne la table et fait poliment la bise à tout le monde en guise de salut, une interrogation me vient soudain à l'esprit (et ce n'est certes pas la première fois que je me la pose) : pourquoi se fait-on la bise quand on se dit bonjour ou au revoir ? Le geste n'est pas du tout universel et change profondément de signification selon les pays. Parfois, l'idée même de s'embrasser est absente culturellement. En Belgique, la bise est très courante, même dans le milieu professionnel : je fais la bise à mes collègues et à mon directeur et il ne me viendrait pas à l'esprit de leur serrer la main. J'ai déjà remarqué que c'était beaucoup moins naturel chez certains Français par exemple, du moins entre hommes, même entre amis proches parfois. Pour compliquer la chose, il y a des dizaines de façon d'embrasser amicalement et chaque personne possède ses tics propres, sa propre gestuelle. Certains prennent leur distance en présentant leur menton, d'autres au contraire embrassent très proche de la bouche (j'ai en tête une série d'exemples pour les deux cas). Bref, c'est un sujet passionnant, contre tout attente.

Toutes ces réflexions s'entremêlent rapidement dans mon cerveau, plus ou moins dans cet ordre, et je finis par dire tout haut que s'embrasser sur la joue en faisant un "smoutch" plus ou moins bruyant n'a pas beaucoup de sens et qu'on applique cette coutume simplement parce qu'on nous l'a apprise depuis notre plus tendre enfance. C'est une norme sociale très ancrée, une des plus habituelles de notre vie. 
Pourquoi une bise ? On montre par là qu'on accepte le contact corporel, qu'on est amical envers l'interlocuteur et qu'on le considère comme plus ou moins proche... Mais après ? Y a-t-il d'autres explications ? Intervention d'une collègue, Sylvette : "Mais pourquoi faut-il toujours que tu te poses des questions pareilles ?". Ben je sais pas... Heureusement, on n'a pas parlé de l'autre baiser, le baiser amoureux. Celui-là est sans doute plus complexe encore, car il est forcément plus chargé d'émotions. Cela dit, il sous-tend la même question : pourquoi fait-on cela ? Et pourquoi sa pratique est-elle excitante en elle-même ? C'est un débat que je lancerai une autre fois.

Un autre sujet de conversation : la haine viscérale que mon collègue Aurèle et moi-même vouons à Queen. Je suis bien content d'avoir parmi mes collègues quelqu'un, musicien de surcroît, qui déteste la musique de ce groupe : je me sens moins seul. "Bohemian Rhapsody" est à mes yeux la plus ignoble création musicale de tous les temps, pire encore qu'une chanson de Florent Pagny (c'est dire !). Notre collègue Sylvette adore Queen. Ça nous est égal, évidemment (chacun ses goûts) mais vu que c'est un sujet sensible, on en rajoute une couche, voire plusieurs. Je me dis que c'est à ce moment que je suis le plus naturel : quand je me fous (gentiment) de la poire des gens. Je devrais creuser ce type de contacts, ça crée des liens insoupçonnés.

Courant de l'après-midi, je reçois un coup de fil de Lewis. Il a eu deux semaines de travail intense et se retrouve seul ce week-end, sans rien à faire. Je comprends son désarroi : quand on abat du boulot, on n'a pas le temps de se sentir seul, on est entraîné dans une routine. Une fois seul, sans rien à faire, l'introspection revient au galop. Lewis me parle également de son anniversaire, qui a lieu demain : non pas son vrai anniversaire en janvier, mais son anniversaire tel qu'il a l'habitude de le fêter depuis sa petite enfance : le 25 août, jour de la Saint-Lewis. Je trouve ça original voire curieux, mais je ne commente pas.

* * *

Ce soir, deuxième tentative pour aller voir Melancholia de Lars Von Trier au cinéma, mais nous reportons à nouveau. Aujourd'hui, ce n'est pas moi qui ai un empêchement mais Andrew. Une malédiction pèse sur ce film. Conséquence : Léandra, Emily et moi remplaçons le cinéma par... un verre à la Maison du Peuple de Saint-Gilles (on ne change pas les habitudes).

Aujourd'hui, j'ai acheté un cahier, pour noter les événements et les discussions de la journée. Il m'est en effet assez difficile de me souvenir des conversations de café. La preuve encore aujourd'hui : on a parlé de tellement de choses différentes que je ne me rappelle pas de l'évolution de la conversation. J'ai donc bien fait de noter quelques mots-clés dans ce nouveau cahier.

Ainsi, parmi les questions posées et notées, celle du cursus scolaire. En Belgique, dans la plupart des cas, c'est facile à comprendre : il y 3 années maternelles (de la première à troisième), 6 années primaires (de la première à la sixième) et 6 années secondaires (de la première à la sixième aussi). En France, c'est vachement plus compliqué : à l'école élémentaire, déjà, les petits Français ont droit aux CP, CE1, CE2, CM1, CM2, puis, au collège et au lycée, à un curieux compte à rebours : ils commencent par la sixième et finissent par la première et enfin la terminale. Question : pourquoi compte-t-on à l'envers ? Il est trop tard pour que je cherche la solution aujourd'hui.

On parle aussi de Lewis et de sa fête "anniversaire" le jour de la Saint-Lewis (voir plus haut). Emily raconte que dans sa famille, ses grands-parents préfèrent qu'un nouveau-né porte le prénom d'un saint existant au calendrier, pour qu'il ait sa fête propre. Du coup, je stresse et me demande quel aurait été mon prénom si mes parents avaient décidé de me nommer selon le saint du jour de ma naissance. Résultat : Guillaume ! Amusant : c'est le prénom que mes parents voulaient me donner au départ, avant de choisir Hamilton ; c'est aussi le prénom que j'aurais voulu donner à mon enfant s'il avait été un garçon !

J'essaye de m'endormir mais la chose va encore prendre du temps : depuis une semaine, la nuit, mon cœur joue aux extrasystoles en rafale et, sans raison, bat la chamade. Je pense si souvent à toi que ma raison en chavire ; comme feraient des barques bleues et même les plus grands navires... Oui, je déteste Queen, mais j'adore Julien Clerc, c'est comme ça.

Féerie canadienne

Hier, j'étais tellement fatigué (je le suis encore d'ailleurs) que je n'ai pas pris la peine d'écrire ce qui s'est passé après mon week-end à Hanzinne... J'étais un peu déconnecté du "monde réel" là-bas (à moins que ce ne soit l'inverse ?), à me ridiculiser à la pétanque ou à jouer à Time's Up jusqu'à trois heures du matin dans les vapeurs de Marijane et d'alcool. Le retour à la capitale est un peu triste. Forcément. J'avais presque oublié durant ces trois jours à la campagne qu'il existait une ville remplie de citadins énervés et énervants s'engouffrant dans les trams et les métros comme si leur vie dépendait de l'obligation absolue d'être le premier à l'intérieur.

Bref, toujours est-il que ce lundi, j'ai revu à la Maison du Peuple une Léandra à l'humeur joyeuse (cette phrase n'est pas ironique). Ce sont là les bienfaits d'un week-end musical et de nouvelles rencontres. En fait, Léandra est en forme quand elle sait que des gens s'intéressent à elle et totalement déprimée quand elle croit que personne ne l'aime. Léandra rentre tôt chez elle. Je reste à peine cinq minutes tout seul à la Maison du Peuple avant que n'arrive Mary, revenant du badminton. Mary est contente de me voir. Elle me parle de ses sujets habituels ("T'as personne en vue pour le moment ?", "Tu devrais être plus avenant, faire comprendre que tu tiens réellement aux gens", etc.). Mary veut toujours bien faire, mais elle ne me changera pas.

Voilà pour la fin de soirée de lundi, en résumé.

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Ce mardi soir, après le boulot, je me rends au double concert de Murder et de Timber Timbre, qui a lieu au Parc de Bruxelles, dans le cadre des "Feeërieën" organisées par l'Ancienne Belgique. Comme j'aime bien les choses nettes et les saines compartimentations, j'ai décidé de chroniquer le concert en tant que tel sur le blog adéquat. Je n'en parlerai donc plus ici.

Pour ce spectacle, j'ai rendez-vous avec Emily. Depuis que je suis parti du boulot, je cours comme un malade pour être là le plus vite possible. La météo étant étouffante, il fallait absolument que je prenne un bain et que je me change avant le concert. Je rejoins Emily vers 20 heures. Elle est en train de discuter avec un Canadien anglophone assis sur un des bancs juste devant la scène. Le type est un peu paumé. Il revient d'Italie, est de passage à Bruxelles et repart le lendemain vers Paris. Il a envie de discuter. Je croyais qu'il venait pour voir les concerts mais il s'en va assez vite, avant même l'arrivée de Timber Timbre.


Au loin, sur un autre banc, j'aperçois Claudine, l'Allemande aux longs cheveux roux, assez réservée, que j'ai croisée au gîte ce week-end. Je ne vais pas lui parler. Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire de toute façon ? ("Bonjour, ça va ?", peut-être, tout simplement ?)

Mary est là aussi. Elle adore Timber Timbre, qu'elle a découvert grâce à son père (ce dernier a, paraît-il, "les mêmes goûts que moi"). Elle est accompagnée de deux de ses potes : un gars du nom de Jerry ainsi que son fameux meilleur ami Bob, dont elle m'a déjà parlé (un petit blond barbu et assez marrant).

Emily a faim. Il faut qu'elle mange. N'ayant rien trouvé sur place, elle décide d'aller chercher un kebab du côté du Botanique. Emily partie, Mary me parle pendant 10 minutes de mon aspect extérieur, qu'elle trouve trop froid. Elle me dit que j'aurais dû accompagner Emily, que ç'aurait été sympa, qu'il faudrait que je fasse plus attention aux autres, que je suis un "idiot musicophile" car c'est plus important d'accompagner quelqu'un que d'attendre bêtement seul sur un banc. Je lui ai sorti un truc du style : "Oh, arrête de m'énerver, je suis comme je suis. Point. Et puis, Emily est débrouillarde et n'aime pas spécialement qu'on soit constamment dans ses pattes".

Mary attendra sur le banc avec moi jusqu'au retour de cette dernière, mettant ainsi elle-même en pratique ce qu'elle venait de me dire. Emily n'a pas trouvé de kebab et revient avec une pizza Hut forestière. J'en mange une partie. Ça me fait mal de me dire ça, mais la pizza n'est pas mauvaise. On regarde la fin du concert debout, une bière en main.

La fin de la soirée se termine dans une taverne très désagréable : le Magic Rubens. Je n'y mettrai plus jamais les pieds. Un des serveurs est un petit excité de cinquante balais environ, qui se croit drôle, qui drague tout ce qui passe et qui n'est en fait pas du tout sympathique : il refusera obstinément que mes amis prennent des frites en terrasse alors que leur cuisine ne fait plus à manger à cette heure-là (ça, à la limite, je peux encore comprendre) et engueulera Emily parce qu'elle a osé poser sa jambe sur un siège (elle a une entorse) : "Directive de la direction". La direction, je l'emmerde. 
Mary veut aller manger des frites. Il est minuit. Emily est censée gentiment me ramener chez moi en voiture mais je ne tiens plus debout. Je décide donc de dire au revoir à tout le monde et de happer le dernier tram à la Bourse. Fin de la féerie.

Une auberge espagnole... (week-end à Hanzinne #3)

Enfin, les personnes. Amy et Zapata ont invité beaucoup de monde, et beaucoup de mondeétait là, surtout le week-end. Dans ceux que je connaissais déjà, il y a Flippo et son colocataire... Durant la première soirée, je me suis mis d'accord avec le premier pour repartir au Canada en septembre 2012. Et Flippo a même eu l'idée (très bonne) d'éventuellement créer un compte commun pour organiser le voyage. Il y a aussi des amies d'Amy, dont Yama, avec qui j'ai parlé de ce blog et dont je parle parfois dans ce blog (notamment dans cette phrase, bonjour la mise en abyme). Pietro, venu en moto. Fafa, le copain de jeunesse de Zapata, accompagné de sa copine, du fils de cette dernière (11 ans) et d'un petit chien ridicule. Les amis "anars" de Zapata. Pippa (une amie de Léandra, tiens) et son compagnon. Les "trois Allemandes". J'en connaissais déjà deux : Claudine et Veronika. Comme à chaque fois, lors des présentations, elles ne se souviennent pas de moi (pour ma part, je sais où je les ai vues la première fois : c'était à un concert chez "Coiffure Liliane", il y a plus de trois ans). Et puis, il y a ceux que je n'avais jamais vus... Un gars qui ressemble très fort à Lyric : un Français (Normand je crois), copain du coloc de Flippo, très grand, franc et direct, avec beaucoup de répartie. Il se foutra gentiment de ma gueule à la pétanque : c'est dit tellement franchement et gentiment que ça ne me choque pas... Un autre qui se vante de rouler très vite sur l'autoroute, qui est venu avec son iPad dernier cri et son couteau Victorinox marqué-à-son-prénom-qu'il-a-fait-venir-de-Suisse-s'il-vous-plaît. Etc. Etc.
Après trois jours là-bas, à jouer la pétanque, au Frisbee ou au badminton en pleine chaleur, je me retrouve avec d'énormes coups de soleil qui font un peu mal. Ce n'est pas grave. Au moins, ça me permettra de me souvenir qu'il faisait beau, qu'on était libres et que je ne me suis pas emmerdé une seule seconde.

C'est une maison bleue... (week-end à Hanzinne #2)

Ensuite, l'ambiance. C'est une maison bleue... Bon, d'accord, elle n'est sans doute pas aussi "bleue" que celle de San Francisco, mais c'est l'endroit qui s'en rapproche le plus pour le moment dans ma petite vie "rangée". Le gîte que mes amis Zapata et Amy ont loué peut accueillir plus de vingt personnes à la fois. Sur une étagère, une petite urne avec une phrase du genre : "Donation libre : ce gîte nous a coûté x euros pour une semaine. La bouffe environ x' euros. Merci de participer selon vos moyens". Autre détail : dans un parking à côté de la pelouse extérieure, des amis de Zapata ont installé leur "camion". Ils l'ont aménagé comme un mobile home, avec des fenêtres, de l'eau, de l'électricité (fournie en partie grâce à un panneau solaire sur le toit), une bibliothèque, une douche, des lits... Le camion est habité par un couple, ici accompagné d'un ami proche. Leur but : se lancer sur la Route de la soie avec leur maison sur roue et atteindre l'Inde en passant par l'Afrique du Nord, l'Afghanistan et le Pakistan. 

Cerise sur le gâteau (façon de parler) : le chanvre est omniprésent, forcément. Et aussi l'alcool. Et aussi les soirées "jeux" jusqu'à pas d'heure (Amy est une fan inconditionnelle de jeux de société) : Cranium, Mr Jack, Time's Up,  belote, Agricola, Kezako... Ce dernier est assez intrigant ; le but : faire deviner un mot en utilisant des perles et des baguettes. Amy est un rouleau-compresseur à ce jeu. Par exemple, elle arrive à trouver le mot "vase" en une seule baguette. Et "cheminée" en deux baguettes. Comment fait-elle ? Mystère, mystère...

Une belle bâtisse (week-end à Hanzinne #1)

D’abord, le lieu. Un gite. Une belle bâtisse. Tout le pan sud-sud-ouest d’une vieille ferme faite de pierres et de briques, dont les propriétaires (de sympathiques soixantenaires) habitent la partie centrale. Le village, Hanzinne, se situe à la frontière de la Province de Namur, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, à un jet de pierre du Hainaut. C’est à deux pas de Charleroi, mais seule une carte de la  région permettra de s’en rendre compte. Pas d’usines, pas d’immeubles... Juste une centaine d’habitations, des champs, des vaches, le bruit des moissonneuses-batteuses au loin, des marcheurs-musiciens déguisés en soldats napoléoniens et... la Voie Lactée – très timide – les soirs de beau temps. Particularité locale, détail pittoresque ou encore reliquat des "heures de gloire" de la chrétienté européenne : la grosse cloche de l’église du village sonne toutes les demi-heures, y compris la nuit. Toutes les trois heures, ladite cloche s’octroie même le luxe de marquer bruyamment sa présence une quinzaine de fois, réveillant la moitié de la maisonnée. J'exagère sans doute un peu. En tout cas, elle m'a réveillé presque à chaque coup, à six et neuf heures du matin. Zapata aurait aimé trouver les fusibles de cette putain de cloche... Mais Zapata refuse d'entrer dans une église : dilemme !

Le gîte est entouré d'une belle propriété coupée par une route : d'un côté une pelouse donnant sur un champ, avec un beau terrain de pétanque ; de l'autre une cour intérieure, avec une "grange" où trônent un "kicker" et une table de ping-pong ; enfin un petit carré d'herbes entouré de haies, sur lequel sont déployés une piscine et un trampoline.

Week-end à Hanzinne

À l’heure de la mise en ligne de ce texte – ha, les joies de
la publication différée ! –, je devrais normalement être arrivé au gîte qu’ont
loué Amy et Zapata à Hanzinne, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, à une dizaine de
kilomètres de la maison de mes parents. Dans un mois, le couple part en voyage
pour un certain temps – pour ne pas dire un temps certain – et a décidé de
faire ses "adieux" en invitant plein de monde pendant une semaine
dans cet énorme gîte.
Je me demande comment va se passer mon week-end, rallongé d’un
jour pour l’occasion, avec tous ces gens de passage. J’imagine déjà le
topo : tables de jeux de société, bières, vins, rhums, musique ska-punk ou
psychédélique (selon le DJ) en fond sonore, joints qui tournent en permanence
ou presque, personnes qui passent en coup de vent, personnes qui restent durant tout le séjour, etc.
J’imagine aussi une ambiance totalement différente de mes vacances à Stavelot.
Je ne suis pas très joyeux pour l’instant (ha bon ?) mais je suppose – j’espère
– que ce genre de week-end festif me redonnera le moral. Je risque de croiser de
vieilles connaissances et même de rencontrer de nouvelles têtes (et ça, c'est très positif, comme dirait Léandra).
Arrivé au gîte, je constate qu'il y a le Wi-Fi. Je n’ai aucune envie de m’y connecter une seule seconde et décide donc de laisser tomber ce journal et mes autres "joyeuses" activités Web pour profiter le plus possible du week-end. J'ai également décidé de noter  mentalement le plus fidèlement possible toutes mes impressions et de publier l'ensemble sous un papier unique lundi soir (ou plutôt dans la nuit).

Anti-journal

Ce matin,
au réveil, le miroir me renvoie comme chaque jour un noble et beau portrait : mes
cheveux (qui en disent plus long sur mon état psychologique qu'un test de
Rorschach) sont naturellement bien coiffés, mon visage est luxuriant – sans au-cu-ne
cerne s'il-vous-plaît ! –, mes yeux sont pétillants de joie de vivre. C'est moi
tout craché : reposé, confiant dans
l'avenir, sûr de moi ! La journée s'annonce excellente, comme toujours. Excellente ! Faut dire aussi que je suis d'un
optimisme patenté : ça énerve même certains de mes amis, mais tant pis pour eux
s'ils voient toujours le verre à moitié vide ! Je n'y peux rien, je suis comme ça. Un jour, ils
arriveront à voir le verre à moitié plein, eux aussi !
La matinée
au boulot est extrêmement intéressante (toutes les matinées le sont) : Lodewijk et moi revissons les boulons de vieilles bibliothèques métalliques qui ont
tendance à pencher un peu trop de tous les côtés. Certaines ressemblent même à la Tour de Pise !
J'adore bricoler, tout comme mon papa : ça me détend, ça m'éloigne de ce que je
fais au bureau, à savoir des activités par trop intellectuelles (je
n'aime pas me poser trop de questions). J'ai un chouette travail cela dit, à Liège
certes mais un "vrai" job d'attaché scientifique, comme on n'en trouve pas
beaucoup après des études en histoire ! Mon après-midi est tout aussi agréable que
la matinée... Je retravaille sur l'organigramme dont je parlais déjà hier dans
ce même journal : il faut que je rechange totalement tout son agencement, mais
ce n'est pas grave, je comprends : Rome ne s'est pas faite en un jour, comme on
dit !
Le soir, je
devais aller au cinéma (pour voir Melancholia
de Lars Von Trier) avec Léandra, Emily, Andrew et même Walter, mais les
intempéries – je l'apprendrai plus tard – ont empêché mon train direct
d'arriver à temps à Bruxelles. Le cinéma est annulé, par ma faute. J'ai le choix
entre deux plans de rechange : soit me rendre du côté du Cimetière d'Ixelles
pour rejoindre Emily, Andrew et Walter (ce dernier "n'a pas envie de bouger", c'est compréhensible), soit rester dans "mon
quartier". J'aurais été heureux de rejoindre les autres, surtout parce que
Walter était là et que j'adore quand il parle de son boulot, de sa voiture et
des projets géniaux que nous réservent les disciples de Milton Friedman, mais tout
compte fait, ayant eu une journée intéressante mais cependant assez crevante,
je décide d'aller simplement prendre un verre au Parvis, comme d'habitude
(c'est chouette, les habitudes, les routines…). Emily m'enverra par sms que je
suis un "lâcheur" et que "c'est le début de la vieillesse".
C'est vrai et j'en rigole tout seul dans le train.
Léandra
me rejoint au Parvis. Elle aussi respire la joie de vivre, pour le
moment. Elle a eu quelques problèmes avec son dernier amoureux en date, Jonas,
mais tout ça est derrière elle désormais... Elle n'y pense plus. Elle a clairement fait une
croix sur ce gars. Elle me ressemble fort sur ce point, même si j'ai moins
d'expérience qu'elle : une fois que c'est fini, c'est fini. Léandra ne pense pas au passé : tout son corps, tout
son esprit est dirigé vers l'avenir. Mieux : elle vit l'instant présent. Durant la soirée, nous ne parlerons
d'ailleurs pas une seule seconde de Jonas, ni des autres. Si ça avait été le
cas, ça m'aurait énervé et j'aurais eu envie de la secouer en lui criant :
"Mais arrête de te prendre la tête avec ce type, il n'en vaut pas la
peine, bordel !" (en fait, me connaissant, je n'aurais sans doute pas dit
ça comme ça). Mais ça n'a pas été le cas de toute façon, donc pourquoi se prendre la tête avec des "si" ?
Nous avons
passé une fin de soirée calme et improvisée chez Léandra autour d'un plat de
pâtes. Pas d'ordinateur allumé : ça fait du bien de se déconnecter du réseau.
Nous n'avons donc pas compulsé les statistiques Web de nos blogs respectifs. Ce n'est pas plus mal, je pense : qu'aurions-nous pu y trouver de toute façon ? Que des
gens de la Communauté française (de la Fédération Wallonie-Bruxelles, plutôt)
nous suivent ? Qu'une personne à Antony (France) a lu ce blog avec une certaine assiduité
? Que quelqu'un des alentours de Mons tape le nom de Léandra sur Google de
manière récurrente ? Voire même que je suis lu par un scout ? Je n'en saurai
pas plus aujourd'hui en tout cas.
Je rentre chez moi très tôt, pour ne pas m'endormir à des heures impossibles. Je lis un livre passionnant. J'ai une vie passionnante. J'écris un journal. Décidément, tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes possibles.
Sauf que...


Statistique Web mon amour

Paraîtrait, d’après Léandra, que les blogueurs sont des
fanatiques de statistiques, de leurs
statistiques à vrai dire : qui sont ces anonymes qui lisent leur blog ? Combien
sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quels mots-clés utilisent-ils ?
Combien d’articles lisent-ils ? Combien de temps restent-ils ? Sont-ils/elles
célibataires ? Sont-ils des humains, des mutants ou des extraterrestres ? Pourquoi les éléphants d’Asie ont-ils de plus petites
oreilles que les éléphants d’Afrique ? Etc.

J’ai du mal à me considérer comme un blogueur, donc tout ça
ne m’intéressait pas trop. J’ai quand même fini par relier un profil "Google
Analytics" à chacun de mes blogs. Puis, J’ai commencé à prêter une certaine attention aux statistiques de
fréquentation… Faut dire pour ma défense que ces statistiques sont parfois assez
bizarres, marrantes, surprenantes, voire les trois à la fois.

Sur le Blog du Noctambule (actuellement en abandon, faute de
temps et de motivation), certains mots-clés de recherche valent le détour. Un
exemple de combinaison qui revient de temps à autre :
"Alcoolisme et homéopathie". Dans ce cas précis, je serais bien
curieux de connaître les questions que se pose ce
très bref visiteur... Veut-il
savoir s’il peut combiner l’absorption massive d’alcool avec un traitement homéopathique ?
(Dans ce cas, la réponse est clairement oui, car ça équivaut tout
bêtement à se demander si l’on peut combiner de l’alcool avec de l’eau sucrée.)
Ou veut-il plutôt savoir si l’on peut guérir l’alcoolisme avec un traitement
homéopathique ? (Auquel cas la réponse est clairement non car les remèdes
de charlatans ne fonctionnent pas, hein
c'est la vie, c’est comme ça ! –, sauf peut-être sur un plan
purement psychologique.)

Parmi les phrases-clés amusantes, j’ai retenu les suivantes (après moult corrections orthographiques) : "Comment relever le
goût du concombre ?" (Réponse : tu ne peux pas, gamin, car un concombre n’a pas de goût) ; "Compter les lettres des mots
comme un arithmomane autiste" ; "Est-ce que les cheveux blanchissent ou poussent
blanc ?" (Réponse : d’après ce site, les cheveux poussent blancs
ou colorés, et ne deviennent pas blancs "en cours de route")
 ; "Nombre de marches
pour monter jusqu'au Mont Hua" (Réponse évasive : ha, mais tout dépend du
chemin que l’on emprunte !)
 ; et enfin le très beau : "Quel est le clip
musical où il y a une fermière qui dort avec un petit robot qui lui marche
dessus ?" (Réponse : hein ?)

Quant au journal d'Hamilton, ce blog-ci donc, il est encore un peu jeune pour avoir été l'objet de recherches poilantes sur base de mots-clés loufoques, mais ça ne devrait pas trop tarder. Exception : pour le mot-clé "Pénurie d'Orval", j'apparais en troisième position sur Google, avec un article sans intérêt qui s'appelle "Putain de pénurie d'Orval". J'ai enlevé le "putain" dans le titre depuis lors, pour ne pas passer aux yeux du Web pour un gros beauf énervé.

Léandra, elle, est une "vraie" blogueuse et va beaucoup plus loin dans l'analyse de ses statistiques de fréquentation. À chaque fois qu'elle tient un blog, depuis très longtemps, elle regarde le fournisseur d'accès, l'endroit, l'heure, les pages vues, les mots-clés, etc., et recoupe toutes ces informations pour savoir exactement qui va voir son blog et ce qu'il ou elle regarde. Elle fait même des trucs beaucoup plus tordus encore, quand elle surfe sur le Web. Du genre : taper une phrase-clé "à message caché" dans Google et cliquer sur le site Web ou le blog de quelqu'un qu'elle connaît pour lui envoyer un message secret. Il faut que le blogueur en question aille voir ses statistiques pour que le message passe... Mais ils vont tous voir leurs statistiques. 


Hier, dans la même logique, Léandra et moi, on s'est demandé qui allait voir ce journal depuis le site (physique) de l'Université de Liège (oui, nous pouvons voir ça aussi !). Vu qu'une des recherches de pages portait sur le pseudo "Jonas", j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de Jonas lui-même (l'ex de Léandra), par des moyens détournés (il est chercheur, pas dans cette université, mais on ne sait jamais !). Aujourd'hui, j'ai remarqué que la personne en question était aussi allée voir pour "Yama", "Pietro" et "Amy" (trois personnes clairement connectées socialement). Et là, je me suis dit : cette personne de l'Université de Liège, ça doit être ma camarade navetteuse Yama herself, tout compte fait... (Ajout plus tardif : Yama était d'ailleurs dans le train du soir, soit dit en passant, mais je ne lui ai pas posé la question.)

* * *


J'ai bien fait de poster ces histoires de statistiques aujourd'hui car je n'ai pas grand chose à raconter. Je suis revenu d'une journée de boulot passée à réaliser un organigramme assez complexe sur la SRIW (Société régionale d'investissement de Wallonie) et ses filiales, pour aider mon collègue qui travaille à plein temps sur ce sujet (ça a l'air casse-tête, au vu dudit organigramme). On est allé manger en terrasse ce midi entre collègues, profitant du beau temps. Charlotte a (comme elle en a l'habitude) passé son temps à s'auto-détruire et à critiquer tout ce qu'elle écrivait (alors qu'elle a une très belle plume) ; les autres ont encore parlé d'horoscope : comment arrivent-ils à croire à cette daube ? Ça me dépasse totalement.

Et voilà ! Je ne suis tellement pas en forme ce soir que je pense que je vais aller me mettre dans mon lit et tenter de m'endormir en lisant un livre. Misère...