Archives annuelles : 2011

Darjeeling

De plus en plus de mal à me lever le matin, c'est horrible. Je ne suis pas vraiment là aujourd'hui. À la gare et dans le train, les autres navetteurs sont des ombres, des fantômes. Badminton le soir, où je suis curieusement en forme. C'est aussi le quatrième jour sans une goutte d'alcool (oui, j'en ai un peu marre de citer la formule complète : ça va faire venir des chimistes sur la page). Je teste les joies simples de la vie, comme boire un Darjeeling (ça ne vaut pas un bon café). Il y avait Léandra, Emily, Andrew et Walter ce soir au Verschueren. Walter était présent au début, puis plus du tout. Il tirait la gueule et jouait tout seul à son stupide jeu de billes, comme d'habitude en fait.

Day is done

Matinée passée à classer et à nettoyer un pan ridiculement minuscule d'un énorme fonds d'archives. Une goutte d'éthanol dans l'océan des kilomètres linéaires. Archiviste est un métier monastique. Après-midi sans histoire. Idée d'article sur l'infini. Vu Flippo dans le train de retour. Seconde partie de soirée passée avec Emily.  
Troisième jour sans CH3CH2OH : j'ai bu un Mojito sans alcool (un gazon qu'ils appellent ça), un jus de tomates et un Coca cola. J'ai bouffé cinq pailles en deux heures. Là, je réécoute Nick Drake (quelle émotion et quelle tristesse dans sa voix !). Je suis dans une phase où je remets en cause plein d'habitudes acquises durant ces trois dernières années. C'est cool (ou pas).

L'objectivation à outrance

Discussion avec ma collègue de bureau Wynka sur le rationnel et l'irrationnel, sur ce qu'elle appelle "l'objectivation à outrance" et aussi (rien à voir) sur Michel Foucault. Mon boulot n'est pas si ennuyant que ça tout compte fait. 
Le soir, juste un peu avant que je monte sur un terrain de badminton, Lewis me téléphone pour me parler entre autres de l'affaire DSK. Il tient vraiment des propos de gros connard machiste. Il dit que DSK est un priape qui n'aurait pas pu s'empêcher et que son seul problème a été de se trouver aux États-Unis quand il "s'est lâché" : "Tu sais, Hamilton, les Américains sont très puritains. En Italie, ça n'aurait posé aucun problème". Je m'engueule presque avec lui : je lui dis qu'un viol reste un viol, quelque soit le pays, et que, de toute façon, on n'est sûr de rien pour le moment ("laissez la police faire son travail", comme dirait Patrick Bialès). 

Badminton avec Zapata, Flippo, Pietro et Don Camillo. Souper avec Emily et Zapata, où le second essaye d'expliquer à la première pourquoi Alain Juppé est en fait un gros con et pourquoi la seule solution réside dans l'anarchisme et la gauche. Je ne peux pas lui donner tort. Je suis même entièrement d'accord avec lui mais je suis trop fatigué pour tenir une discussion. Deuxième jour sans CH3CH2OH. Pas d'effet de manque mais par contre, je suis dans mon état normal, c'est-à-dire beaucoup plus stressé, angoissé, triste et mal dans ma peau. Je continue l'expérience.

Journée de lutte contre le CH3CH2OH

J'écoute en boucle les quatre albums de Timber Timbre, dans le train, au boulot, dans la rue, dès que je suis seul en fait. Ils sont incroyables. Je regarde notamment cette vidéo : superbe et progressive montée des cordes, autoharpe magique et voix mélancolique prenant son inspiration très, très loin... Je suis scotché.

Le soir, verre avec Emily, Mary, Aurely et Walter. Aujourd'hui, c'est aussi le premier jour (depuis des mois, voire des années) sans une seule goutte de CH3CH2OH ! Je suis fier : j'ai tenu deux heures avec deux "Ice Tea" et un café devant tous ces gens qui prenaient des bières spéciales... Pas d'effet de manque : tant mieux. Par contre, j'ai le brûlant (curieux, ça devrait être l'inverse, non ?). On va dire, pour résumer, que cette putain de molécule est responsable de plein de merdes dans ma vie et que j'ai envie de voir ce qui se passe si je n'en prends plus. Mais combien de temps vais-je tenir ?

Timber Timbre

Découverte au matin des albums du groupe "Timber Timbre" : de la folk canadienne hantée et crépusculaire. Je suis impressionné. Je passe la journée à la Maison du Peuple. Léandra n'est pas en forme : elle est anxieuse en attendant Jonas. Emily est fatiguée donc pas là. Fin de soirée avec Léandra, Andrew et Walter.

Minestrone, duo de pâtes et Agricola

Je vais chercher des légumes au Parvis de Saint-Gilles (où je croise Léandra) pour le souper du soir. J'ai prévu de faire une minestrone en entrée et un duo de pâtes en plat principal. Emily a apporté une charlotte au chocolat en dessert (miam). Les autres invités sont Zapata et sa copine Amy, ainsi que Flippo. On joue à Agricola (dieu que c'est compliqué ce jeu, au début). Zapata gagne, comme d'habitude (il n'est plus le même quand il joue à ce jeu). On termine la soirée en jouant à Questions pour un champion, jusque 5 heures du matin environ.

Le discours du roi

Je vais manger sur le temps de midi au parc du Botanique avec Léandra et Zapata. Très bon sandwich-ciabatta au "thon italien". Cette sandwicherie ("La Focaccia", près de Rogier) est définitivement un bon plan. Léandra et Zapata travaillent juste à côté. Moi, je suis en congé, comme souvent les vendredis.
En soirée, je vais voir "The King's Speech" avec Emily. Le logopède s'appelle Hamilton, comme moi, et son père est brasseur. Certaines scènes sont vraiment émouvantes (la scène du discours du stade, au tout début du film, ou encore la thérapie par la musique). On sort du cinéma satisfaits et on termine la soirée devant un verre. Emily n'est toujours pas très en forme.

Le Louvre (le café, pas le musée)

Pas de badminton ce soir mais, après avoir croisé Léandra, je vais boire un verre au Louvre (un café à Saint-Gilles, pas le musée) avec Mary Augustus. Ils n'ont plus d'Orval (ça commence à m'énerver cette histoire). Du coup, on se rabat sur la Chimay Bleue (ouch, ça fait beaucoup plus mal)
Mary vient de rompre avec sa copine. Elle est triste, dit-elle, même si ça ne se voit pas trop. Elle a une relation assez compliquée avec elle. Emily nous rejoint un peu plus tard. C'est pas la forme non plus, avec sa cousine mourante et ses problèmes au boulot.

Accidents nucléaires et critique des médias

Dans le train, je n'arrive pas à avancer sur l'écriture de mon article sur les accidents nucléaires, que j'ai envie de publier sur le Blog du Noctambule. J'aimerais reprendre de manière la plus compréhensible possible la liste des accidents nucléaires civils mais bloque tout le temps sur la meilleure manière d'expliquer des termes spécifiques. 

Le soir, en cherchant des informations pour cet article, je tombe sur différents discours, certains "pro-nucléaires", d'autres "anti", d'autres encore plutôt "neutres". Je passe mon temps à les soumettre au crible de la critique des médias, un peu à l'instar de cet extrait de Lettres de Sibérie de Chris Marker. Je le fais plus pour moi que pour l'article que je veux publier. 
Je note trois cas typiques : celui (A) d’une publicité réalisée par un lobby pro-nucléaire (le Forum nucléaire belge), (B) du discours d’une activiste anti-nucléaire australienne (Helen Caldicott) et (C) d’un scientifique issu d’un organisme de recherche indépendant (Roland Desbordes, président de la CRIIRAD)...
 

(A) Un discours pro-nucléaire  : La radioactivité peut avoir des conséquences énormes sur votre vie [vidéo]

Cette vidéo est extraite d’une campagne de propagande vraiment très bien foutue signée par le Forum nucléaire (site de lobbying dont les membres – AREVA, Electrabel, Westinghouse... – sont tous financièrement impliqués dans la recherche ou l’énergie nucléaire). La campagne est bien faite car elle donne l’impression d’être neutre et de laisser libre court à notre raisonnement. C’est une argumentation classique du type antithèse-thèse (la thèse, ce que l’on veut prouver, se retrouve toujours en dernier lieu) du genre : vous êtes libre d’être contre le nucléaire parce que [contre-argument] mais avez-vous pensé à [argument] ? Dans ce cas-ci, les ficelles sont très grosses... Le raisonnement contenu dans cette vidéo se résume à une phrase du genre : "le nucléaire, ça peut créer une catastrophe comme Tchernobyl mais c’est aussi une technologie qui sauve des vies". La comparaison est osée dans le sens où on ne parle pas du tout de la même chose (la production d’électricité d’un côté ; la production de radionucléides à usage médical de l’autre) et où, par ailleurs, il suffit de quelques réacteurs nucléaires dans le Monde pour satisfaire la demande médicale, contrairement au problème de la demande en électricité. Enfin, la forme de la voix off fait également partie de l'argumentation : elle est sûre d'elle, presque joyeuse, comme si elle s'adressait à des enfants.

(B) Un discours anti-nucléaire : Dr Helen Caldicott Press Conference (11 mars 2011)

Là, j'ai trouvé l’exemple inverse : une campagne de propagande anti-nucléaire. L’argumentation utilisée par Helen Caldicott, médecin et militante anti-nucléaire australienne, est basée sur la peur : elle dit par exemple dans cette vidéo que "[la catastrophe du] Japon est, en termes de magnitude, bien pire que Tchernobyl" ou que "dans chaque piscine de refroidissement [de la centrale de Fukushima], il y a plus de radiations que toutes celles produites par un millier de bombes Hiroshima", ou encore que les gens qui reçoivent une dose massive de radiations meurent comme un patient du SIDA, ou enfin qu’il ne faut pas manger du tout d’aliments européens aujourd’hui car ces derniers seraient encore en grande partie contaminés par le nuage de Tchernobyl. Dans tous les cas, elle utilise des comparaisons monstrueuses (des "absolus mémoriels") pour faire monter la terreur dans l'esprit des auditeurs et ainsi tenter de convaincre : elle cite Tchernobyl, qui reste sans aucun doute encore aujourd’hui dans la mémoire collective l’accident nucléaire civil le plus atroce de l’histoire de l’humanité ; elle compare les radiations des piscines de refroidissement de la centrale de Fukushima avec celles d’Hiroshima (encore un absolu ; en plus la comparaison est farfelue : si c’est mille fois pire qu’Hiroshima, comment les liquidateurs sur le site irradié font-ils pour survivre plus d’une seconde ? Ou encore : qu’attend-on pour évacuer le Japon ?) ; elle utilise les symptômes du SIDA (alors que ça n’a strictement rien à voir) pour frapper les consciences, etc. Par ailleurs, son statut de médecin et son air docte lui donne un argument d'autorité supplémentaire.

(C) Un discours informatif, ni tout blanc, ni tout noir : Roland Desbordes, Les émissions radioactives de Fukushima [vidéo] 
Voilà ce que je considère comme un discours plus "neutre", en tout cas un discours qui n’a rien à voir avec le lobbying des deux premiers. Ici, le but est d’informer, de manière rationnelle, et non de convaincre. Roland Desbordes est président de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité), une association loi de 1901 (on dirait ASBL en Belgique) indépendante qui, à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, a notamment pour objectif d'informer la population française du  niveau de radioactivité dans l'Hexagone, en se basant sur des résultats récoltés et analysés de manière indépendante de toute instance étatique. La situation décrite par Desbordes paraît inquiétante (il y a des particules d'iode 131 et de césium 137 qui font le tour du Monde) mais ne verse pas dans le sensationnalisme ou le terreur.

Plasticine

Soirée chez Léandra où il est quand même un peu question de Jonas. Elle a cuisiné du rouget accompagné de pâtes au pesto et de roquette. J'ai bien mangé. Et surtout : nous avons fait des objets en plasticine (elle : une maison, un oiseau, un éléphant, une voiture ; moi : moins doué, un escargot et une piste de bowling).