
La citation du jour
« Èle a lèyî tchér s'bwagne pou ene aveûle. »
Bobonne
La traduction française donne ceci : "Elle a laissé tomber son borgne pour un aveugle". J'ai par ailleurs trouvé sur le Web une variante de cette expression, usant d'un wallon légèrement différent mais néanmoins tout aussi compréhensible : "Kangî s'boign chivå contt inn aveul", c'est-à-dire : "Changer son cheval borgne contre un aveugle". Pas trop difficile de comprendre le sens de l'expression : ça se dit d'une personne qui laisse tomber quelque chose (ou quelqu'un) d'imparfait pour quelque chose (ou quelqu'un) d'encore plus imparfait ; qui pratique une sorte de troc désavantageux. Ma grand-mère faisait référence à une situation en particulier (dans son histoire, c'est moi le borgne), mais je suis certain que l'on peut trouver une multitude d'applications différentes à ce joyeux proverbe.
Le wallon, c'est chouette : c'est un langage truffé d'expressions terre-à-terre dans ce genre-là. La langue wallonne utilise beaucoup de termes imagés pour dire de simples constats sur la vie. Ma grand-mère ne parle presque plus wallon aujourd'hui, mais elle a néanmoins gardé un certain côté pragmatique qui est peut-être lié en partie à l'apprentissage de ce dialecte durant son enfance — un langage enferme-t-il celui qui l'apprend dans une façon de voir, de penser les choses ? Toujours est-il que si je veux une réponse simple (ce terme n'est absolument pas péjoratif) à une question que je me pose (souvent trop compliquée), j'aurai plutôt tendance à demander à ma grand-mère, qui n'est nullement un puits de sagesse comme le voudrait un stéréotype sur les "Anciens", mais une source de pragmatisme, ce qui est bien mieux, pour tout dire.
Pour endormir ma fille, ce soir, je n'ai pas trop d'idées, d'autant plus que Gaëlle me perturbe en s'agitant dans tous les sens au milieu de sa chambre. Aujourd'hui, elle est très loin de l'image de la petite fille emmitouflée dans ses couvertures écoutant sagement l'histoire de son papa. Elle est même à l'opposé de cela : Gaëlle saute, court partout et, quand je lui demande si elle écoute, elle me répond : "Mais oui, j'écoute !" et me ressort texto les deux dernières phrases que j'ai dites. Oui, elle écoute, mais ça m'énerve quand même.
Gaëlle ne veut pas dormir et pleurniche pour que je raconte d'autres histoires, encore des histoires, toujours des histoires. Pour finir en beauté, je teste le concept de micro-histoires en rafale. Une micro-histoire, c'est une histoire très résumée, récitée rapidement et racontée en moins d'une minute. Par exemple, Hansel et Gretel devient : "C'est l'histoire de deux enfants qui se perdent dans la forêt, tombent sur une maison faite de bonbons, y rencontrent une méchante sorcière qui veut les manger, mais ils arrivent à la tuer et à s'enfuir." Point. Moby Dick : "C'est l'histoire d'un capitaine pas content qui pourchasse un cachalot et qui en perd la raison." Point. Etc. C'est ridicule mais ça la fait rire et, curieusement, ça la calme (le nombre d'histoires racontées est donc apparemment plus important que leur durée respective).
Léandra me téléphone dans la soirée. Elle ne va pas bien (c'est le moins qu'on puisse dire). Le nœud du problème, c'est Jonas, même si d'autres griefs viennent s'ajouter à la pile des problèmes, comme l'appartement mal situé et... la vie de manière générale. (Mes amis et moi-même pétons la forme pour l'instant, c'est génial !)
(Gaëlle se marre.)
La petite fille ne comprend pas l'extraterrestre alors elle demande à une amie de venir l'aider. L'amie en question parle le langage extraterrestre (comment est-ce possible ? Ce n'est pas possible : c'est bateau, cette histoire). Désormais, lorsque l'extraterrestre fait "Blip blip !" — et c'est là que ça devient marrant —, Gaëlle dit comprendre le langage et anticipe l'histoire. "Blidiblidiblip blip blip" signifie : "Je veux retourner chez moi" et "Dibibilipiliblibli" veut dire : "Merci pour tout, amie humaine !"
J'ai donc trouvé un moyen de raconter une histoire sans la raconter : je compose une suite de bruits sans queue ni tête (comme "Blip blip", par exemple) et Gaëlle traduit, en donne une signification. C'est génial, c'est démoniaque même !
Je sors du café vers 23 heures avec Claire et un de ses amis. Nous retournons vers la bouche de métro toute proche. Il fait glacial. Les deux s'en vont happer leur métro tandis que je m'en vais récupérer mon tram.
La citation du jour« Can you imagine a world without lawyers? »
Lionel Hutz, avocat
À peine de retour à la Maison du Peuple, nous tombons par hasard sur Mary et Jacques-Armel, un badiste du club d'Ixelles, qui explique qu'il travaille actuellement comme avocat. Paraîtrait que les études de droit sont très rébarbatives (ha bon ?), alors il a aussi essayé la philosophie mais n'a pas terminé — si j'ai bien compris (il y avait beaucoup de bruit dans le café pendant qu'il parlait et j'ai beaucoup de mal avec le bruit)... Constat : le nombre de personnes que je croise qui ont étudié le droit et qui disent avoir détesté ces études est tout de même assez élevé. Pourtant, si le monde a besoin de quelque chose, c'est bien de plus d'avocats. Peut-on imaginer un monde sans avocat ?
D'autres bribes de discussion : Mary parle de son ex-relation sentimentale, comme souvent (malgré ce qu'elle dit ou croit) et Emily des limites de la confiance, même en amitié. La conclusion de cette histoire de confiance n'est hélas pas des plus joyeuses... Ne pas désespérer de l'espèce humaine, non, non...
Sur le plan musical, Mary nous parle de l'Allemand Pantha du Prince et de l'Américain Nicolas Jaar, deux compositeurs de musique électronique que je connaissais déjà — de l'intérêt d'avoir parmi ses amis Facebook des défricheurs de nouvelles sonorités — ainsi que de Get Well Soon, un groupe allemand aux tendances "folk orchestrales". De son côté, Emily dit avoir déprimé hier sur une vieille chanson des Cowboys fringants qu'elle ne connaissait pas intitulée "Ruelle Laurier". Ça parle d'un père alcoolique et violent. C'est beau et, en effet, c'est très déprimant.
Pantha du Prince, variation "house" sur "Lento" de Howard Skempton :
Nicolas Jaar s'essaie à la philosophie et à l'esthétique :
Get Well Soon prend la mer :
Les Cowboys fringants, c'est po joyeux :
Extrait d'une discussion virtuelle (très légèrement retravaillée pour les besoins de la narration) avec Claire, sur Facebook :
« Ton avis sur cette phrase : "Si le plaisir s'appuie sur l'illusion, le bonheur repose sur la vérité" ?
— Euh... Je ne sais pas, ça ressemble à une phrase vide de sens. On pourrait dire plein de choses dans le même genre, ainsi que le contraire, sans que ça ne choque. Pourquoi le plaisir s'appuierait-il (ou pas) sur l'illusion ?
— bah, je parlais de bonheur avec une copine et de faire des choix en suivant ce chemin...
— Je suis en train de lire un bouquin à ce sujet, justement, qui traite notamment du fait qu'il faut faire extrêmement gaffe en utilisant des propositions de ce style-là. »
Hé oui : un jour entier sans citer Wittgenstein et ses Recherches philosophiques dans ce blog, c'était un jour de trop. Il fallait que, tard le soir, Ludwig ramène sa fraise. Pourtant, je ne suis pas certain qu'il ait un quelconque rapport avec cette histoire, ni même qu'il ait dit qu'il fallait "faire extrêmement gaffe" pour quelque chose de ce genre, ni pour quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. On va donc laisser tomber le philosophe autrichien pour aujourd'hui.
En cherchant un peu, j'apprends que la citation sur le plaisir et l'illusion est d'Arsène Houssay, poète et écrivain romantique (1814-1896), également l'auteur de "Qui est heureux par l'illusion n'a sa fortune qu'en agiotage."
"Si le plaisir s'appuie sur l'illusion, le bonheur repose sur la vérité" : j'ai beau tourner la phrase dans tous les sens, je me dis que ça manque de contexte : contexte de l'œuvre mais aussi contexte dans lequel Claire a discuté de cet extrait. Toujours est-il que pour moi, ça ne veut strictement rien dire.
Ce que Claire comprend dans cette phrase est plus ou moins ceci : "Un sentiment vrai (être aimé) nous donne du bonheur tandis que l'illusion d'un sentiment peut souvent ne proposer que du plaisir ou de la passion". Oui, mais comment faire la séparation entre "la vérité" et "l'illusion" ? Et puis, c'est bien gentil, Arsène, de placer quatre mots fourre-tout dans une phrase ("plaisir", "illusion", "bonheur", "vérité") mais ça ne nous fait pas vraiment avancer (mais le faut-il ?)... Ce sont des termes faussement érigés en absolu, en idéaux : "la vérité", "le bonheur", etc. Un peu comme "la démocratie" ou "la liberté", tous des mots transcendants, sublimés, mais souvent utilisés hors contexte, sans trop de signification.
La citation du jour« Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. »Ludwig Wittgenstein, Tractatus Logico-Philosophicus, 1921.
Repassés "de l'autre côté", avant de nous séparer, nous allons manger/boire un verre à la Bastoche.
« Si on met un "2" dans cette case, alors forcément le "8" est là et, du coup, on peut mettre un "9" dans le carré adjacent. »Emily Courfet, Le sudoku pour les nuls, Chatellerault, 2010, p. 43.
Il est évidemment hors de question que j'utilise un tel programme : je veux résoudre ce sudoku coûte que coûte, bordel de cul, ou alors démontrer que sa résolution est impossible. Je ne veux pas qu'une machine procède à toutes les itérations et sorte la solution en une seconde à peine.
(Emily a apporté de délicieuses parts de cheese-cake. J'ai passé par ailleurs une très chouette soirée. [Ce paragraphe est destiné à ne pas sous-estimer le côté humain de toute recherche sudokiste.])
Mes amies parties, je replonge dans le sudoku. Je finis par tester une éventualité : mettre un "2" dans le carré en haut à droite. À partir de cet essai, il est possible de déduire tous les chiffres restant... Et ça marche :
Je suis certain qu'un habitué du sudoku arriverait au même résultat en quelques minutes, alors que nous avons pris une journée. L'on pourrait dire : "Peu importe le temps ; seul le résultat compte". L'on pourrait dire des centaines de phrases dans le même genre, sans que celles-ci aient forcément un sens. Dès lors, mieux vaut ne rien dire du tout.
La citation du jour« On devrait interdire les sudokus dans les cafés. C'est antisocial. »Léandra Courbet, Ma vie en aphorismes, tome II, Bruxelles, 2012, p. 247.
J'essaie de résoudre à nouveau ce putain de jeu à la con : la dernière fois, Andrew, Léandra et moi nous étions trompés et avions abandonné en cours de route. Je dois vraiment avoir un problème avec les sudokus car, aujourd'hui, malgré l'aide de Walter, je me suis à nouveau gouré quelque part. Oui, mais où ? J'abandonne. De toute façon, comme dirait Léandra, c'est antisocial, ce machin. Elle déchire néanmoins son set de table en deux et place la partie contenant le sudoku dans son sac, pour une résolution ultérieure. Ce jeu est antisocial, mais faut pas déconner non plus, merde quoi !
Le serveur est un peu à l'Ouest... Rien de nouveau : je m'étais fait la même remarque la semaine dernière. La commande ressemble à un test d'Asch à l'envers : tout le monde à table annonce sa boisson dans l'ordre des aiguilles d'une montre. Je suis avant-dernier, Walter est dernier. Tout le monde prend un Coca, un Coca Light ou un Coca Zero. Je voulais prendre une boisson non-alcoolisée moi aussi et, par conformisme, je devrais commander un Coca. Je commande donc un Orval. Le serveur ne comprend pas : il croit à deux reprises que j'ai commandé... un Coca ! Quant à Walter, faute de Chimay bleue ou de Leffe, il prendra un... Coca Zero. Mon dieu !
Avant de me retrouver à la Brasserie du Parvis en fin de soirée, j'étais à la Maison du Peuple. Et avant d'être à la Maison du Peuple, j'étais au Potemkine. Et avant d'être au Potemkine, j'étais à mon appartement avec Gaëlle.
Au centre d'une discussion : Jonas, qui n'a toujours pas offert son cadeau d'anniversaire à Léandra... L'offrira-t-il un jour ? Cette éventuelle petite attention de sa part, comme tant d'autres petites attentions, aurait énormément d'importance aux yeux de mon amie... Mais non : le mode de pensée de ces deux-là semble tellement antagoniste que ça frise le surréalisme, parfois/souvent. Précision importante : lors de notre anniversaire commun du 14 janvier, Jonas m'a offert un cadeau (un livre sur l'histoire des codes secrets, ainsi que des cordes de guitare), mais n'a rien offert à Léandra. Une hypothèse : Jonas n'est doté d'aucune empathie ; en conséquence, quand il offre un cadeau, il propose un objet qui lui ferait plaisir, à lui... M'offrir une histoire des codes secrets n'est donc pas un problème (c'est un sujet qui le passionne) ; offrir un cadeau à Léandra est plus complexe, car il pense (à tort) qu'elle ne s'intéressera pas à ce qui l'intéresse. Conclusion (triste) de Léandra : "Il pense que je suis bête".
Après la Brasserie du Parvis, tout le monde s'en va, sauf Walter et moi, qui retournons pour un dernier verre à la Maison du Peuple... Il est très tôt, 21h30 tout au plus. Walter parle du Congo. Pour ma part, atteint que je suis, j'arrive à placer, quelque part dans la conversation, un extrait de la biographie de Wittgenstein (à savoir le fait qu'il a renoncé à son héritage familial et à sa fortune, pour devenir simple instituteur dans un village de montagne, en Autriche).
Une heure plus tard, Walter me reconduit chez moi en voiture. Curieusement, je ne suis pas spécialement obnubilé par le sudoku non résolu de la Brasserie du Parvis... Pas encore en tout cas.
« 462. Je peux le chercher s'il n'est pas là, mais je ne peux pas le pendre s'il n'est pas là.
On pourrait vouloir dire : "Mais il faut pourtant bien qu'il soit là si je le cherche." — Alors il faudrait aussi qu'il soit là si je ne le trouve pas, et même s'il n'existe pas du tout. »
(Extrait de Ludwig Wittgenstein en mode "Far West" : si le coyote n'est pas là, je ne peux pas le pendre.)
On peut chercher une chose sans jamais la trouver.
On peut chercher une chose qui n'existe même pas.
On peut chercher une chose indépendamment du fait qu'elle existe ou non.
"Sommes-nous seuls dans l'Univers ?" : que penser d'une interrogation pareille ? — Digression : je me souviens d'une soirée d'été, confortablement installé à la terrasse de la buvette du stade communal d'Ixelles, soirée durant laquelle Lewis a posé une question très proche de celle-là, sans réellement écouter les réponses de la tablée, comme d'habitude. La question exacte était : "Pensez-vous que nous sommes seuls dans l'Univers ?" Flopov, la jeune badiste, avait alors répondu du tac au tac (le sujet lui tenait à cœur) : "Moi, je crois qu'on ne peut pas être seuls. C'est impossible. M'enfin ! Quand on voit toutes ces étoiles, ce n'est simplement pas possible que nous soyons seuls". Je me souviens, pour ma part, avoir répondu qu'il était impossible de répondre par oui ou par non à ce type de question pour le moment (le sujet me tenait aussi à cœur — en tout cas, j'y avais déjà beaucoup réfléchi). Lewis a alors continué la discussion en parlant de l'invasion des Suèves de 406, mais peu importe...
La question est terriblement floue. Que signifie "Être seuls dans l'Univers" ? Walter pourrait répondre : "Nous sommes toujours seuls" dans un sens solipsiste... Et je pourrais répondre presque de la même manière, lors d'une crise d'angoisse existentielle : "Je suis seul dans l'Univers !" — Mais, à l'ordinaire, la question est presque toujours posée dans un sens précis, qui est tout autre : "L'humanité est-elle la seule intelligence dans l'Univers ?" ou bien : "Existe-t-il une autre forme de vie intelligente dans l'Univers ?"
L'air de rien, ce genre de question en engendre une série d'autres dont les réponses sont incertaines et loin d'être évidentes, comme : "Qu'est-ce que l'intelligence ?" — et au-delà : "Peut-on concevoir une intelligence autre que celle, facile à concevoir, qui est la nôtre ?" — ou : "Qu'est-ce que l'Univers ?" — Nous sommes limités dans notre observation ; nous ne pouvons accéder qu'à un fragment du Monde : l'Univers observable, celui dont la lumière a eu le temps de se propager jusqu'à nous.
Lu récemment sur le Web, un avis sceptique concernant la fameuse question de notre solitude ou non-solitude dans le Cosmos. Il s'agit d'un article de Jean-Paul Baquiast (ou à tout le moins d'un article introduit par lui ? — impossible de trancher) consacré à un livre récent de l'astrophysicien et vulgarisateur John Gribbin intitulé Alone in the Universe: Why our Planet is Unique ("Seuls dans l'Univers : pourquoi notre planète est unique", 2011).
Reprenant l'argumentation de Gribbin, l'auteur postule que l'intelligence dans l'Univers est extrêmement rare, voire unique, pour la raison suivante : la longue séquence d'événements ayant donné naissance à une forme de vie intelligente (l'humanité donc) est tellement improbable que, même en prenant pour cadre élargi notre galaxie et ses quelque 300±100 milliards d'étoiles, voire même l'Univers entier, on peut presque à coup sûr affirmer le caractère unique de la Terre et de la conscience de soi qui caractérise l'homo sapiens. L'article combat en outre le principe anthropique, à savoir la croyance que l'Univers est, dans un certain sens, taillé sur mesure pour le développement de formes de vie complexes. Il met enfin en avant l'intérêt de préserver et de protéger notre planète, du fait de son unicité — une intention louable, mais qui n'a qu'un rapport très ténu avec la question de notre éventuelle solitude (on peut détruire notre planète même si elle est unique et la préserver même si elle ne l'est pas).
La réponse à cette question semble asymétrique... La proposition : "La vie intelligente n'existe pas ailleurs que sur Terre" est réfutable car il suffirait de trouver — mince affaire ! — un seul exemple d'intelligence extraterrestre pour la contredire (le programme SETI, qui braque ses radiotélescopes à la recherche d'un signal intelligent et structuré, a-t-il jamais fait autre chose que cela ?). Au contraire, la proposition : "La vie intelligente existe ailleurs que sur Terre" n'est pas réfutable car il n'existe aucun moyen de l'invalider logiquement. Il faudrait, pour cela, arriver à montrer que la vie n'existe pas ailleurs en passant au crible l'ensemble de ce qui a existé, existe et existera, ce qui est au-delà de toute expérience humaine.
Qu'est-ce que cela signifie ? Simplement que l'hypothèse qu'une vie intelligente n'existe pas ailleurs que sur Terre semble réfutable, alors que l'hypothèse qu'une vie intelligente existe ailleurs que sur Terre ne l'est pas. Cela ne signifie en rien qu'une vie intelligente existe ou n'existe pas ailleurs que sur Terre (cela est du domaine de la croyance), mais seulement que si nous voulons progresser dans ce domaine, la prudence est de mise et qu'il vaudrait mieux prendre pour hypothèse que la vie intelligente n'existe pas ailleurs que sur Terre et éventuellement chercher une trace de vie intelligente ailleurs pour invalider cette hypothèse de départ.
Que quelqu'un comme Gribbin corrobore — ou plutôt tente de corroborer, à l'aide de probabilités — la proposition "Nous sommes seuls au moins dans la Voie lactée" n'est somme toute que très banal et ne nous fait pas avancer. La réelle avancée serait que quelqu'un réfute la proposition. Si aucune réfutation n'est faite — ce qui est le cas actuellement —, ce n'est pas si grave...
J'écris cela et en même temps, je me rends compte de l'inintérêt de pareil développement intellectuel. Dans la mesure où nous ne savons strictement rien au sujet de l'existence ou non d'une intelligence extraterrestre, développer une telle argumentation n'est rien d'autre que de tourner en rond. — Difficile de savoir comment aborder quelque chose de totalement inconnu.
J'aime construire un château de cartes pour souffler dessus quelques minutes plus tard... Tout ce que nous savons, c'est que nous ne savons rien. Des propositions comme "Nous sommes seuls dans l'Univers" ou "Nous ne sommes pas seuls dans l'Univers" sont indécidables à l'heure actuelle ; elles ne rentrent même pas dans le jeu du "vrai" ou du "faux". Dès lors, que faut-il croire ? Ce que vous voulez : je m'en contrebalance !