Après avoir gagné la partie (bah oui), il est temps de retourner chez moi ("durée du jeu : une heure", mon cul, oui !). J'attrape le bus Noctis qui passe pas loin de chez Flippo et qui me dépose à vingt mètres de mon appartement. Dans le bus, un couple éméché improvise un karaoké : le gars connaît par cœur la chanson "Dans mon HLM" de Renaud et réussit même l'exploit de chanter encore plus faux que lui. Je suis admiratif.
Poechenellekeaaaaatchoooum !
De retour chez moi, je pense un instant me mettre à écrire un peu pour ce blog mais je me ravise : je suis beaucoup trop fatigué et je ne sais pas construire une seule phrase correcte (comment ça, "comme d'habitude" ?).
Capsules à vis
Le jour de mon anniversaire approche et il faut encore que j'envoie une invitation pour ma traditionnelle soirée à la Porte Noire. Je profite du fait que Léandra est présente pour lui demander son avis sur la liste des invités. Qui inviter ? Que faire ? J'ai deux choix : inviter tout le monde ou bien au contraire restreindre leur nombre. Je décide d'inviter tout le monde, mais j'arrive à 35 personnes ! C'est de pire en pire. Il faut encore que j'y réfléchisse...Et si je supprimais de la liste tous ces Français (à l'exception d'Emily évidemment... et de Chrsitelle, qui ne pourra hélas sans doute pas venir) que je ne vois de toute façon plus du tout ?
Léandra est très fatiguée. Elle s'installe dans mon petit divan et baille à de nombreuses reprises... Elle a eu une semaine éreintante. Elle n'a pas envie de rentrer chez elle et, après un dernier thé, s'en ira dormir dans la chambre de Gaëlle. Ni elle ni moi ne travaillons demain.
Seymour le chien
Durant le trajet, nous discutons évidemment de ce qui s'est passé hier à Liège, Place Saint-Lambert, de ce fou qui s'en est pris à la foule avec des grenades et un fusil mitrailleur, avant de se donner la mort. Pour être exact, notre discussion tourne plus autour des réactions à l'événement qu'autour de l'événement lui-même (dont il n'y a pas grand chose à dire) : ce fait tragique a en effet été l'occasion rêvée pour les extrémistes de droite qui peuplent le Web d'établir des relations qui n'existent que dans leur tête et de cracher leur haine pour, en vrac, l'Islam, les étrangers, la justice "trop molle" et "trop laxiste", les socialistes, le réchauffement climatique, le massacre des dauphins et la nouvelle coiffure de Lady Gaga.
Fred fait un rapprochement avec le site de Laurent Louis, premier député du Parti populaire (parti très à droite sur l'échiquier politique, fondé par Mischaël Modrikamen), qui a été exclu de ce parti et qui a créé le sien, le Mouvement pour la liberté et la démocratie (MLD), une copie presque conforme au point de vue des idées. Fred me dit d'aller voir le site Web du gaillard, simplement pour y découvrir son discours populiste à deux centimes.
En effet, c'est assez "marrant". Plus c'est gros, mieux ça passe... Dans un petit cadre du site, en bas à droite, défilent des photos résumant la pensée politique du mouvement. On y trouve notamment un très beau "Stop à l'assistanat. Au travail !" montrant les pieds d'un chômeur (rien ne dit que c'est un chômeur mais c'est sous-entendu) couché devant sa télévision (tsss, salauds de chômeurs qui profitent et qui regardent la télévision pendant que les autres triment) et "La sécurité partout, pour tous" montrant une vieille dame dans un tunnel sombre, en train de se retourner avec inquiétude car... deux hommes sont en train de descendre l'escalier du tunnel dans lequel elle se trouve (on ne voit que leurs jambes mais ils sont là pour la tabasser, c'est évident. L'insécurité est partout, mon bon Monsieur !).
Il y a de moins en moins de monde au boulot. La fin de l'année approche et certains collègues sont en congé, quand d'autres sont en réunion. La journée se passe tranquillement. Je bois toujours principalement du... hem... thé à la place du café. Je commence à m'habituer au goût de ce "machin" : ce n'est pas si répugnant que ça, tout compte fait, le... hem... thé.
Durant ma matinée de travail, je termine la mise en page de notre carte de vœux 2012. Il nous a fallu, comme chaque année, un temps conséquent pour nous mettre d'accord sur l'illustration qui ornerait ladite carte. Au départ, nous avions pensé à une superbe affiche issue de nos collections, datant de 1946, sur laquelle il est écrit : "Contre les puissances de l'argent, votez communiste". Sur l'affiche, à gauche et sur fond rouge, on voyait des travailleurs démolir à coup de masse un monument à l'effigie des trusts et des banquiers. À droite, sur fond vert, les forces du "néo-fascisme" nourries par le grand capital, en train de crouler sous le poids des forces du progrès.
À midi, seuls Aurèle et moi mangeons au travail. L'après-midi, je bosse tranquillement sur la correction (ou plutôt la réécriture complète, hum...) d'un article qu'il faut absolument rendre avant la fin de l'année. Nous ne sommes que trois dans les locaux. C'est calme, c'est sympa, c'est décontracté, c'est l'ambiance de pré-Noël... Une climat comme je les aime et propice au travail (je déteste le stress).
Le soir, je passe au supermarché en prévision de la soirée de ce jeudi, durant laquelle Léandra viendra manger chez moi. J'ai décidé de faire très simple : des rigatoni à la sauce bolognaise. Je rentre à mon appartement, je fais un peu de rangement, je prépare la sauce en musique et dans la bonne humeur, je fais la vaisselle. Demain, je n'aurai plus qu'à mettre la table, cuire les pâtes et réchauffer la sauce.
Ayant fini le visionnage des Cités d'Or et n'étant pas encore prêt pour Ulysse 31, je passe ma fin de soirée à regarder des épisodes de Futurama. Certains passages me font rire aux éclats, d'autres par contre me laissent de marbre. Cette série est assez particulière, bourrée de références parfois assez subtiles (voir ICI par exemple). Bref, Matt Groening et
David X. Cohen, les créateurs, se sont vraiment lâchés.Le dernier épisode que je visionne, "Jurassic Bark" (le septième de la quatrième saison) est très bien foutu au niveau du scénario, constitué de multiples flashbacks explicatifs. Il est aussi assez étrange car la fin n'est pas comique du tout. Elle est tellement touchante que je me mets même à chialer... C'est l'histoire toute bête d'un jeune chien abandonné, du nom de Seymour (comme le proviseur dans Les Simpson), que Fry (le "héros" de la série) recueille et nourrit au XXe siècle alors qu'il est livreur dans une pizzeria. Fry est cryogénisé à l'aube de l'an 2000, alors que le chien n'a que trois ans. Un millénaire passe et Fry, sorti de sa capsule, finit par retrouver son chien, fossilisé. Le professeur
Farnsworth propose de le ressusciter, avec tous ses souvenirs, grâce à une de ses inventions... Mais au tout dernier moment, Fry refuse de lui redonner la vie. La raison invoquée ? Le chien est mort à quinze ans, soit bien après la disparition de Fry. Ce dernier pense alors que ça ne vaut pas la peine de le ressusciter car l'animal doit avoir fait sa vie par après et totalement oublié son ancien maître. Erreur, erreur ! La dernière scène, extrêmement poignante, est constituée d'un ultime flashback : Seymour le chien, pendant environ douze ans, attend Fry devant la pizzeria, sans jamais bouger, sur l'air de "I Will Wait For You" des Parapluies de Cherbourg (version Connie Francis). Cette séquence est un petit chef-d'œuvre, raison pour laquelle elle clôturera cette journée somme toute très ordinaire.Le suicide des souris
"Qui parle de justice ?"
Sur le quai, la petite dame brune aux cheveux courts qui prend souvent le même train que moi n'est pas contente. Elle a l'habitude de s'énerver et de pester contre la SNCB. Arrivée à Liège-Guillemins avec une demi-heure de retard, elle fait la file derrière moi afin d'obtenir une attestation pour son travail, comme d'habitude. On ne se parle jamais, sauf quand il y a un problème.
– Ils ont changé les grilles horaires aujourd'hui, me dit-elle. C'est pour ça qu'ils sont perdus.
– D'un autre côté, quand ils ne changent pas leurs grilles horaires, ils sont tout de même perdus. Les lundis, c'est presque systématique : je sais que j'arriverai en retard.
– Parfois, je me demande comment mon employeur arrive à accepter ça et pourquoi il ne me demande pas de prendre un train plus tôt...
– Mmmmh...
Arrivé devant le préposé au guichet, je demande une attestation pour moi et une pour elle par la même occasion : la solidarité entre navetteurs, tout ça...
Au boulot, je jette un œil sur Facebook. Ma collègue Wynka est absente du bureau mais Sylvette se prépare un thé.
– M'enfin, ce n'est pas possible !
– Qu'est-ce qui se passe ? me demande Sylvette.
– Ce pote, là, sur Facebook. Il a bientôt 33 ans et passe son temps à collectionner des figurines des Chevaliers du Zodiaque. Il a même créé des décors rien que pour elles : des coupoles, des colonnes doriques... Ensuite, il les photographie et les poste sur Facebook.
(Et toi Hamilton ? Tu as bientôt 32 ans et tu en es encore à regarder les Cités d'Or le soir, dans ton lit...)
(Et à jouer à des jeux de gamins sur ton PC.)
– Il travaille, ce "garçon" ?
– Je pense, oui. Et il a une copine et il est même propriétaire d'une maison !
– C'est injuste !
("Qui parle de justice ?" dirait le Duc Leto Atréides, "Nous sommes là pour créer notre propre justice !"... Ou un truc approchant – je n'ai pas le bouquin sous les yeux.)
– Injuste ?
– Oui, c'est quand j'entends ce genre d'exemple que je me dis que la vie est profondément injuste : il collectionne des figurines ridicules et il est en couple, lui.
– Il est peut-être tombé sur une femme qui adore les Chevaliers du Zodiaque elle aussi ?
(Ou qui fait semblant d'aimer, par amour ? Ou qui s'en fout ? Ou qui l'accepte tel qu'il est ?)
– Peut-être, oui, c'est vrai...
– Roooh bordel, c'est pas possible : il y a même une photo où un des chevaliers déclare sa flamme à je ne sais quel personnage féminin !
– Montre voir, montre voir...
– Là, là ! Et sa copine lui a répondu avec des petits cœurs !
– Rooooh... Je suppose que le chevalier, c'est lui, et que la dame, c'est elle.
– Sans doute, sans doute...
– Haha !
C'était la pause "On se fout de la gueule des gens sur Facebook et ce n'est pas bien !"
Je pars tard du boulot. Les trains sont de nouveau en retard. Je reviens chez moi vers 21h et je regarde les six derniers épisodes des Chevaliers du Zodiaque Mystérieuses Cités d'Or.
Ce dessin animé est avant tout un éloge de l'enfance. Les trois principaux enfants de l'histoire (Esteban, Zia, Tao) sont l'incarnation même de l'amitié sans faille et du désintérêt total face à l'argent. La seule chose qui compte réellement pour eux, c'est de retrouver leurs racines (Esteban et Zia cherchent leur père respectif ; Tao s'intéresse à l'héritage de ses ancêtres) et d'aider ceux qu'ils croisent du mieux qu'ils peuvent. La plupart des adultes sont par contre attirés par l'or (c'est le cas de presque tous les Espagnols de la série), par ou le pouvoir (comme les Olmèques) ou par les deux.
Cependant, le dessin animé est beaucoup plus subtil que ce tableau dichotomique rapidement dressé. Il montre par exemple que de nombreuses actions considérées comme négatives s'inscrivent dans un schéma plus complexe et constituent avant tout des réactions de survie (les Olmèques se comportent de cette manière parce qu'ils sont voués à l'extinction, etc.). Par ailleurs, certains personnages évoluent (c'est le cas de l'intelligent et complexe Mendoza, personnage anti-manichéen par excellence, dont la priorité changera au cours de la série : l'or, puis les enfants).
Il faudra que je revienne un jour sur ce sujet.
Ou pas.
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HAM.L.EV. FST/BXL= VIA WA DC .STD16
MRS LEANDRA COURBET STG/BXL=
AI ETE MALADE DURANT TOUT LE WE =STOP= SUIS RESTE CHEZ
PARENTS JUSQUE CE DIM =STOP= MAMAN A PREPARE DU POISSON
CREME ET POIREAUX POUR MIDI =STOP= GAELLE A REGARDE DORA
=STOP= OVERDOSE DE DORA =STOP= ENVIE DE MEURTRE =STOP=
SUIS RETOURNE A BXL LE SOIR =STOP= AI VU EMILY WALTER
ANDREW A MDP DE ST-GILLES =STOP= BU 2 THES BEURK =STOP=
WALTER A VU FARGO FRS COHEN ET A PAS AIME NON PLUS =STOP=
IL N AIME QUE BATMAN ET RETOUR VERS LE FUTUR CE ===
=STOP= EMILY PARLE DU DR HOUSE =STOP= ANDREW MENTIONNE
RESSEMBLANCE DR HOUSE/SHERLOCK HOLMES DR WILSON/DR WATSON
=STOP= AVAIS-TU DJ FAIT LE RAPPROCHEMENT =STOP= ON A
PARLE DE MARY ET DE SA SOIREE =STOP= WALTER A EU PEUR
=STOP= IL TROUVE MARY TOTALEMENT FOLLE =STOP=
PLUS RIEN A RACONTER =STOP= TRES FATIGUE MAIS MOINS
MALADE =STOP= REGARDE 2 EPISODES DES CITES D OR =STOP=
ECHANGE QUELQUES TELEGRAMMES AVEC CLAIRE PUIS DODO =STOP=
ET TOI CA VA =STOP=
Un plexus trop loin
"Ça te viendrait à l'esprit, toi, d'appeler ton chien Marc ?"
Le marbre des possibles
Un numéro de téléphone inconnu m'appelle. D'habitude, je ne décroche pas, mais vu l'heure, je sens qu'il faut que je réponde. C'est Léandra : quelqu'un vient de lui piquer son smartphone à la station de prémétro Anneessens. Non pas en loucedé, non : on lui a arraché des mains, bordel ! (Je profite par ailleurs de ce post pour dire à ceux qui s'inquiéteraient que Léandra est rentrée chez elle et qu'elle va bien !)