Ô Mal-Aimé !
De retour au gîte, je propose de jouer au Time's Up, un jeu de société sympa où il faut faire deviner à son coéquipier des personnages célèbres de différentes façons (d'abord en les décrivant, puis avec un mot, puis enfin avec un mime). Je propose ce jeu parce que je crève de mal à la tête et que ça va me remettre d'aplomb (du moins c'est ce que je me dis), mais aussi sans aucun doute car j'essaye de retarder le plus loin possible mon sommeil (signification pour moi de la fin des vacances). Au tirage au sort, Andrew et moi faisons équipe. Andrew est une machine de guerre mémorielle qui trouve très rapidement les personnages. On finit donc par gagner la partie, malgré le fait que je ne suis pas en forme (je n'arrive pas à revenir sur le nom de Django Reinhardt ni sur celui du Comte de Monte-Christo).
Retour de vengeance au pays des nains pervers
De retour au gîte, je retrouve mes amis qui mangent quelques tartines. Je suis fatigué. Je prends un bain à bulles. C'est Emily et Léandra qui font la cuisine aujourd'hui. Mary doit passer mais se fait attendre. On mange une quiche lorraine puis une tarte provençale (toutes les deux très bonnes). Mary finit par arriver beaucoup plus tard que prévu. Elle est plus jeune que nous et utilise toujours les mêmes expressions (elle met "blindé" à la fin de chacune de ses phrases, du genre "C'est blindé trash" pour dire "C'est très malsain" ou encore "Haaaa, trash !" pour "Ha, flûte, j'étais sur le point d'avoir neuf points mais Léandra fut plus rapide"). Nous passons la soirée à jouer à "Questions pour un champion". Andrew n'a pas envie de jouer : c'est apparemment un jeu qui le stresse, malgré sa culture générale assez étendue, à tel point qu'il préfèrera lire les questions durant plusieurs parties.
Vers 2 heures du matin (?), Mary retourne chez sa maman en voiture. Va-t-on aller se coucher ? Emily, oui, mais Léandra, Andrew et moi, non : nous avons une discussion qui tourne presque à la "psychanalyse pour les nuls" (Léandra nous sortira d'ailleurs vers la fin de la discussion qu'Andrew et moi devrions aller voir un psy, que ça nous ferait sans doute du bien ; je me dis qu'elle a raison, pour moi en tout cas). La discussion tourne autour de plein de sujets qui nous semblent importants (je suis parfois au bord des larmes et je me rendrai compte le lendemain que ça s'est même vu). Marrant : lors de cette discussion, Léandra et moi n'avons pas la même vision des choses, notamment à propos d'un certain "devoir d'ingérence" que l'on devrait avoir ou pas dans la vie sentimentale de ses amis.
Retour au pays des nains pervers
Je passe mon début d'après-midi à préparer un stoemp (ou plutôt une sorte de potée ardennaise ; par chez moi, crévindjou, on dirait plutôt une "joute" mais bref), avec l'aide d'Emily.
De retour à Stavelot, nous allons boire un(des) verre(s) dans les brasseries de l'avenue Ferdinand Nicolay. Walter et moi buvons beaucoup. Je suppose que chacun de nous deux profite de "l'alcoolisme de l'autre" pour boire sans complexe. Walter se considère comme fondamentalement matérialiste en tout, y compris en amour. Léandra lance la grande question du jour : "comment font les gens pour être aussi peu affectés par leur vie sentimentale ?". Walter monopolise la discussion en donnant son avis sur la question. Il est comique Walter, car on sait ce qu'il va dire avant d'ouvrir la bouche : il nous ressort son discours de statisticien. Emily dit que pour elle, c'est presque une question de survie. Une protection, un bouclier, quoi. Je la comprends très bien. Comme dirait Léandra, elle est très touchante dans ces moments-là... Pour ma part, je ne dis pas grand chose parce que je n'ai pas grand chose à dire. Je me dis que si j'étais plus affecté que je ne le suis par ma vie sentimentale (ou plutôt par mon absence de vie sentimentale), je me serais sans doute déjà pendu. Quand j'étais adolescent, je n'étais pas vraiment affecté par mes amours ratées. Maintenant, c'est un peu moins le cas.
Le soir, nous jouons à un jeu du nom de Privacy : une variante du jeu de la vérité dont le but est de choisir une question d'ordre privé (du genre : "j'ai déjà pratiqué le kamasutra") ; chaque joueur répond anonymement et estime le nombre de joueurs qui ont répondu positivement. Certaines réponses sont surprenantes, comme "Le bonheur des gens m'énerve parfois" (5 réponses positives sur 5) ou "Je me suis déjà réjouis du malheur de quelqu'un" (4 réponses positives). À la question : "J'ai eu moins de quatre partenaires sexuels", je suis dans l'obligation de répondre par la positive. Un aspect génial de la soirée : la connaissance que Léandra a de moi, et réciproquement. Il est a priori très rare qu'elle se trompe sur ce que je vais répondre. Idem pour moi (je suis fier : j'ai réussi totalement intuitivement à deviner le nombre de partenaires qu'elle a eus dans sa vie, haha !).
Tout le monde est fatigué et tout le monde va se coucher par intervalle. À la fin de la soirée, il ne reste plus qu'Andrew et moi. On discute jusqu'à 3 heures du matin passées. La discussion est intéressante, comme souvent quand on parle seulement tous les deux tard le soir.
Cascades
Eddy Merckx, sauna et casse-têtes
Début de vacances dans un environnement high-tech
Arrivés au gîte dans lequel nous allons habiter pendant une semaine, nous sommes impressionnés : on se croirait dans Mon Oncle de Tati. Il y a plein d'objets bizarres dont l'utilité n'est pas directement évidente : machine au rayonnement "bleu ionisant" qui s'avérera, après "vérification Web", être un tue-mouche high-tech ; LED (pour light-emitting diode), c'est-à-dire une sorte de lampe qui fait plein de lumières colorées (mais ça sert à quoi ?) ; douche multilatérale que Léandra n'arrivera pas à faire fonctionner lors de sa première utilisation ; baignoire-jacuzzi ; sauna... Bon, OK, les deux derniers, on comprends parfaitement leur utilité.
Le reste de la journée : premières courses pour le lendemain (à Stavelot, ils ont encore un supermarché SPAR), mise en place des habitudes, premières tentatives de faire fonctionner les babioles contingentes (comme le bain-jacuzzi). Léandra parle aussi dans son journal "d'apprendre à vivre ensemble". C'est vrai que ce n'est pas facile, car nous sommes sans doute tous les trois avec notre vision très carrée de ce que nous voulons, et nous ne voulons pas forcément la même chose. Sinon, les choses sont claires dès le début : ces vacances seront placées sous le signe de l'ordinateur portable. Le premier soir, j'en viens à espérer qu'Emily, qui doit nous rejoindre le lendemain, sera moins "accro" car, mes amis étant hyper-connectés, je me sens également obligé de l'être. C'est même aujourd'hui que je crée la nouvelle mouture de ce journal et de celui de Léandra...
Nous mangeons chinois (importé dans le gîte depuis "Le Palais de Chine" situé pas loin) et terminons la soirée devant la version française de The Three Burials of Melquiades Estrada sur RTL. Andrew aime ce film car il montre très bien différentes situations propres à ces populations proches de la frontière mexicaine (l'ennui, la politique migratoire, ce genre de chose...). Je ne sais pas ce que Léandra en pense. Perso, je n'ai pas tellement aimé. Je trouve ça un peu plat et involontairement comique (genre quand le principal protagoniste du film tente de conserver un mort avec de l'antigel). Si je ne m'étais pas tapé un fou-rire à un moment, je pense que je me serais vraiment emmerdé.
Ha tiens, Mary Augustus m'a envoyé un sms : étant chez sa mère et par conséquent proche de là où nous sommes, elle propose de passer nous faire un petit coucou le week-end prochain. On verra !
Course contre la montre
L'après-midi, je repars en triple vitesse chez mes parents pour récupérer des vêtements. J'arrive en train à la gare de Tamines, dis bonjour à ma maman, récupère ma valise dans le coffre de sa voiture et repars 10 minutes plus tard dans l'autre sens. Je passe ma vie dans les trains, mais ça ne me dérange pas, en fait.
Le soir, je rejoins Emily, Andrew et Walter à la Maison du Peuple de Saint-Gilles. Léandra vient de partir rejoindre Jonas, je l'ai ratée de peu. Pas question de la faire tard. Je suis fatigué et, en outre, le lendemain, nous partons en vacances.
100% d'humidité
Après être repassés par nos appartements respectifs (notamment pour changer de vêtements), nous nous rendons à l'anniversaire de Charles-Henri. Léandra, Andrew et Walter sont déjà là. Il y a plein de monde. Il fait moche dehors mais ils ont installé des tentes et font quand même un barbecue. Je revois Vespertine pour la première fois depuis son retour d'Afrique. Fany n'est pas là, évidemment. Je me sens totalement à côté de la plaque, mais ça ne se voit pas trop cette fois-ci. Je parle un peu à tout le monde, je ris, je discute, je fais semblant d'être en forme. Dans la "dream team", seule Emily semble réellement s'amuser. Walter s'emmerde, forcément (on a souvent la même réaction, lui et moi, par rapport à ce genre de soirées). Léandra et Andrew s'en vont relativement tôt. Avant que ces deux-là ne partent, on offre ses cadeaux à Charles-Henri : le jeu de société "Dixit" ainsi qu'un jeu de plein air d'origine viking du nom de "Kubb".
Annabelle est là également, forcément. Elle essaie de me parler à quelques reprises (elle fait un peu son boulot d'hôte), mais je fais tout pour lui dire le moins de mots possibles. Je l'adore, mais ce n'est pas une amie. Je ne suis plus à l'aise avec elle et je n'ai pas envie d'engager une conversation. Plus tard, je discute assez longtemps avec Pinpin, l'historien du verre. C'est un historien passionné par son sujet et il connaît de nombreux archivistes et historiens : on a des connaissances communes (le monde de l'histoire est petit et assez corporatiste). Discussion intéressante qui tourne autour du monde des ouvriers et des artisans. À un moment, je parle des mineurs, sorte de "nobles" au sein de la main-d'œuvre charbonnière car ce sont eux qui sont au plus près de la veine de charbon et qui prennent le plus de risques. Il me dit que le terme "noblesse ouvrière" est également utilisé dans l'univers de la verrerie. Flopov, une jeune badiste présente à la soirée, tente de "participer" à la discussion : elle est naïve et ce qu'elle dit tombe la plupart du temps totalement à plat.
Walter et moi en avons un peu marre de cette soirée et décidons de partir. Emily, qui semblait pourtant bien s'amuser (elle dansait avec les autres), rentre avec nous. Flopov s'invite également. Direction le Cimetière d'Ixelles. Vu que le Corto est fermé, on termine la soirée calmement chez Emily, avec une Flopov un peu bébête et un Walter qui s'emmerde. À la fin de la soirée, Emily se rend compte que son plafond de cuisine fuit totalement : de l'eau a percé la couleur et s'écoule sur le sol. Ce que j'aime beaucoup chez Emily, dans ces moments-là, c'est sa capacité à prendre ce genre d'événements de manière pragmatique, sans se prendre la tête : "de toute façon, on ne sait rien faire pour le moment. Je vais nettoyer un peu et préviendrai les propriétaires demain".
Retour en taxi avec Flopov. Je fais faire un détour au taxi pour qu'il ramène Flopov devant sa porte (elle a seulement 18 ans : hors de question de la laisser dans la rue à 3 heures du matin).