Histoire de péréquation

Matinée calme à trier des bouquins et des brochures en provenance d'un fonds d'archives sur lequel je travaille actuellement, le fonds de l'Association charbonnière de la Province de Liège (fonds très intéressant et très riche). La plupart des livres traités ce matin parlent de la CECA et de la politique énergétique de l'Europe dans les années 1960-1970, y compris du nucléaire, qui n'était pas encore le mastodonte qu'il est devenu aujourd'hui. Y a des titres qui donnent envie d'en savoir plus sur la vie et le monde, comme le très beau : "Rapport sur l'action de la Haute Autorité dans le domaine du contrôle de l'origine de la ferraille prise en péréquation par la Caisse de péréquation des ferrailles importées (C.P.F.I.) (Annexe spéciale au neuvième rapport général)" [sic]. Oufti ! 
Ce soir, j'ai revu Fany et Lytle. Plus tard nous avons été rejoints par la sympathique Clara. On a mangé dans un café/restaurant portugais près de l'arrêt de tram Germoir. Comme plat : de la "franceschina" (suis pas certain de l'orthographe). C'est très bon, un peu comme de la poutine ! J'ai payé le resto à Fany pour son anniversaire (en retard). Lytle m'a également rapporté mon hélicoptère miniature (son père gère un JouéClub en France), réplique au 1/80e de l'Eurocopter 155 de EADS. Il tourne, il monte, il descend, il avance... C'est magique !  Je me demande si Gaëlle appréciera. On est réellement arrivé à l'ère de la technologie de précision miniature en plastique très bon marché. Nous sommes partis vers 23h : l'infatigable Fany allait danser un tango (!), Clara l'a suivie et Lytle s'est précipité vers le tram.

Le remède miracle du Dr Oetker

En fait, ce journal, qui reprend tous les points marquants de mes journées, c'est vraiment de l'exhibitionnisme, non ? C'est sans doute pour ça que Léandra adore le concept : ça lui permet de savoir ce que pense/fait son "meyeurami" presque en direct, sans avoir à lui demander. Faut pas que j'en dise trop ici, sinon, je n'aurai plus rien à lui dire ce soir.  
Le soir, justement, on mange des petits toasts en apéro et des pizzas allemandes en plat principal. Léandra est un peu malade et n'a pas pu faire à manger. Ce n'est pas grave, je m'en fous. Ce n'est pas ça l'important. Je bois un peu d'alcool à cette soirée. Tssss. Pas grave non plus. Léandra se pose beaucoup de question par rapport à Jonas. Et de mon côté je me pose beaucoup de questions par rapport à... plein de sujets. Je pense que la discussion était, comme d'habitude avec Léandra, bien équilibrée au niveau du temps de parole (non, pourtant, ce n'était pas un débat politique). Retour chez moi vers minuit et, forcément, je ne dors pas tout de suite.

La Belle au bois dormant

J'ai décidé de ne pas aller
au badminton ce soir : Emily est repartie en France pour la semaine et je n'ai
vraiment pas envie d'entendre Lewis me déblatérer ses sentences
prétentieuses. Je me dis qu'un jour, je vais changer de club ou tout
simplement arrêter ce sport (j'ai envie de faire de l'Ultimate, sans
raison). 
Dans le train, entre deux sommeils, j'ai un peu repensé à cette
histoire de Charles-Henri et d'Annabelle. Je me suis dit (entre
autres) que pour créer une relation d'intimité avec quelqu'un, il faut
s'isoler avec la personne (c'est la logique même : même moi, je sais
cela). De la même manière, la meilleure façon de casser cette relation,
c'est d'empêcher l'isolement, par exemple en proposant constamment de
ramener en voiture ou en s'installant toujours à côté. Il est très fort,
Charles-Henri (gros soupir). J'avais raison depuis le début, même si Léandra me disait : "mais non, mais non" (même Léandra se trompe parfois).
Par
ailleurs, j'ai appris hier que le même Charles-Henri a organisé en
toute conscience une contre-soirée à celle de Fany. Tsss... Arrivé en gare de Liège, je me dis que j'ai vraiment raison de n'accorder ma confiance (absolue du moins) qu'au compte-gouttes.
 
J'ai
croisé sur le quai des bus à Liège ce matin une copine navetteuse, Amely, qui
travaille presque au même endroit que moi. Elle tousse. "C'est parce que
j'ai arrêté de fumer depuis une semaine", me dit-elle. Je réponds :
"Logique. Moi, j'ai arrêté de boire et depuis, j'ai des problèmes
d'estomac". Conclusion malsaine : l'alcool et le tabac, c'est bon pour la santé. Ayant
fait tomber mon ancien baladeur MP3 dans les toilettes ce week-end (on
ne se refait pas) et l'ayant vu agoniser sur une table et pousser
d'horribles petits "brrrz tic brrr" déchirants, et ne pouvant pas rester
plus de quatre heures sans musique dans les oreilles, je me suis décidé
à acheter un Philips GoGear Ariaz de 4 Go (j'ai failli prendre un
Archos pour aller en même temps sur le Web, mais ça aurait servi à quoi,
si ce n'est à copier mes amis qui ne peuvent s'empêcher de m'énerver en
regardant Facebook sur leur smart phone toutes les cinq minutes ?).  
Ce
soir, je ne fais rien (ou presque). Chose rare et précieuse. J'écoute Great Lake Swimmers
 : le clip fait un peu cucul-la-praline, mais je pense que c'est un peu
(voire totalement) fait exprès. C'est très beau mais le type fait penser
un peu à Richard, l'ancien compagnon de Léandra,
dessinateur de BD de son état. Ah, oui : pas un seul verre d'alcool aujourd'hui.

Contrevent

Mes parents se lèvent à 6 heures. Six heures ! Un dimanche ! À la mer ! Ils sont fous ! Je vais dormir dans la chambre de ma fille pour quelques heures. En fin de matinée, je vais faire un tour seul sur les dunes. Je fais un peu de course à pied à contre-vent le long de la mer. C'est fatigant mais ça fait un bien fou ! Ma tante et mon cousin sont arrivés pour "reprendre" ma grand-mère. Le midi, on va manger au restaurant de l'hôtel, où un chanteur flamand chante des chansons ringardes en pianotant sur un synthétiseur pourri. On dirait Helmut Lotti mais en pire. Frédéric Jr serait content ! Une sorte de vieux garçon danse de manière maniérée sur la piste. On dirait Pascal Sevran, dans ses gestes. Ce que j'aurai retenu de ce week-end, c'est que ma mère est de plus en plus stressée et mon père de plus en plus dogmatique. Sinon, c'était chouette, hein... 
La fin de la soirée se passe à la Maison du Peuple avec Andrew et Emily, dont la cousine vient de décéder (elle s'en va demain en TGV première classe, faute de place en seconde). Léandra n'est pas là, elle est avec Jonas. Puis on va manger à La Porteuse d'Eau (je ne mange pas). On a vraiment l'impression que le serveur ne nous aime pas. Ce n'est peut-être qu'une impression (ou pas). Une grande bouteille de Saison Dupont à deux et un Orval chez moi avant de dormir. Au total : un litre d'alcool seulement en une semaine. Tout est sous contrôle. Je suis fier de moi.

Course en chaise roulante

Malade cette nuit (une crise de foie, je pense : le comble quand on sait que justement, je ne bois plus !). Je vais rester à la mer et bouder la soirée anniversaire de Fany. Après-midi à la plage avec Gaëlle et mon père. Bowling le soir. Je gagne les trois parties contre ma mère. Ma grand-mère (85 ans en août) est vraiment vieille, désormais. Elle est en chaise roulante. Je la pousse toute la journée et je fais la course, parfois. Lytle me téléphone de France pour me vendre un hélicoptère. Je l'aurai mercredi 25 ! Sinon, c'est dingue : j'ai toujours des nausées. Du coup, je prends 1 (un seul) Orval avant d'aller dormir pour... mieux digérer. Et ça fonctionne ! (Est-ce psychologique ?)

Blankenberge

En congé. Je termine cet article débile sur mes envies d'absolus. Direction Blankenberge en fin d'après-midi pour retrouver ma fille, mes parents et ma grand-mère. Vinge me téléphone pour me dire qu'il a terminé premier dans un test du Selor. Je n'en ai rien à battre. Ma mère est dès le début du séjour très stressée. Il faut qu'elle ait toujours tout sous contrôle et la moindre contrariété l'énerve. À qui est-ce que je ressemble ? Il fait beau, on se promène sur la digue. La mer me fait toujours autant d'effet (rapport assez flagrant avec l'article que je viens de terminer sur l'infini). On dépense du fric dans un Luna Park. Cinquième jour sans alcool.

Darjeeling

De plus en plus de mal à me lever le matin, c'est horrible. Je ne suis pas vraiment là aujourd'hui. À la gare et dans le train, les autres navetteurs sont des ombres, des fantômes. Badminton le soir, où je suis curieusement en forme. C'est aussi le quatrième jour sans une goutte d'alcool (oui, j'en ai un peu marre de citer la formule complète : ça va faire venir des chimistes sur la page). Je teste les joies simples de la vie, comme boire un Darjeeling (ça ne vaut pas un bon café). Il y avait Léandra, Emily, Andrew et Walter ce soir au Verschueren. Walter était présent au début, puis plus du tout. Il tirait la gueule et jouait tout seul à son stupide jeu de billes, comme d'habitude en fait.

Day is done

Matinée passée à classer et à nettoyer un pan ridiculement minuscule d'un énorme fonds d'archives. Une goutte d'éthanol dans l'océan des kilomètres linéaires. Archiviste est un métier monastique. Après-midi sans histoire. Idée d'article sur l'infini. Vu Flippo dans le train de retour. Seconde partie de soirée passée avec Emily.  
Troisième jour sans CH3CH2OH : j'ai bu un Mojito sans alcool (un gazon qu'ils appellent ça), un jus de tomates et un Coca cola. J'ai bouffé cinq pailles en deux heures. Là, je réécoute Nick Drake (quelle émotion et quelle tristesse dans sa voix !). Je suis dans une phase où je remets en cause plein d'habitudes acquises durant ces trois dernières années. C'est cool (ou pas).

L'objectivation à outrance

Discussion avec ma collègue de bureau Wynka sur le rationnel et l'irrationnel, sur ce qu'elle appelle "l'objectivation à outrance" et aussi (rien à voir) sur Michel Foucault. Mon boulot n'est pas si ennuyant que ça tout compte fait. 
Le soir, juste un peu avant que je monte sur un terrain de badminton, Lewis me téléphone pour me parler entre autres de l'affaire DSK. Il tient vraiment des propos de gros connard machiste. Il dit que DSK est un priape qui n'aurait pas pu s'empêcher et que son seul problème a été de se trouver aux États-Unis quand il "s'est lâché" : "Tu sais, Hamilton, les Américains sont très puritains. En Italie, ça n'aurait posé aucun problème". Je m'engueule presque avec lui : je lui dis qu'un viol reste un viol, quelque soit le pays, et que, de toute façon, on n'est sûr de rien pour le moment ("laissez la police faire son travail", comme dirait Patrick Bialès). 

Badminton avec Zapata, Flippo, Pietro et Don Camillo. Souper avec Emily et Zapata, où le second essaye d'expliquer à la première pourquoi Alain Juppé est en fait un gros con et pourquoi la seule solution réside dans l'anarchisme et la gauche. Je ne peux pas lui donner tort. Je suis même entièrement d'accord avec lui mais je suis trop fatigué pour tenir une discussion. Deuxième jour sans CH3CH2OH. Pas d'effet de manque mais par contre, je suis dans mon état normal, c'est-à-dire beaucoup plus stressé, angoissé, triste et mal dans ma peau. Je continue l'expérience.

Journée de lutte contre le CH3CH2OH

J'écoute en boucle les quatre albums de Timber Timbre, dans le train, au boulot, dans la rue, dès que je suis seul en fait. Ils sont incroyables. Je regarde notamment cette vidéo : superbe et progressive montée des cordes, autoharpe magique et voix mélancolique prenant son inspiration très, très loin... Je suis scotché.

Le soir, verre avec Emily, Mary, Aurely et Walter. Aujourd'hui, c'est aussi le premier jour (depuis des mois, voire des années) sans une seule goutte de CH3CH2OH ! Je suis fier : j'ai tenu deux heures avec deux "Ice Tea" et un café devant tous ces gens qui prenaient des bières spéciales... Pas d'effet de manque : tant mieux. Par contre, j'ai le brûlant (curieux, ça devrait être l'inverse, non ?). On va dire, pour résumer, que cette putain de molécule est responsable de plein de merdes dans ma vie et que j'ai envie de voir ce qui se passe si je n'en prends plus. Mais combien de temps vais-je tenir ?