Archives mensuelles : novembre 2011

Hausse de tension

Faut-il vraiment que je décrive ce dimanche passé à lutter contre ce mal de tête en sourdine, contre cette légère mais énervante oppression dans ma poitrine, bref contre cette hausse de tension ? À cette question, Léandra me répondra : "Tu n'es pas obligé d'écrire un roman... Tu peux aussi faire très court." En effet, je peux faire très court, d'autant plus que je n'ai pas grand chose à raconter.

Cette hausse de tension a commencé vendredi dès le réveil, a continué samedi (à tel point que j'ai dormi presque toute la journée, jusqu'au moment de me rendre au cinéma avec Emily) et est toujours présente ce dimanche. Je dois dès lors faire un effort monstre pour bouger, parce que tout me fatigue. C'est bien ma veine !

Je passe l'après-midi au Potemkine. Léandra doit m'y rejoindre vers 16 heures. L'idée : passer notre temps en regardant un concert de Mr Diagonal. À lire la description du bonhomme et de son style ("un répertoire personnel et résolument diagonal alliant son Muppet Show intérieur avec le romantisme celte, en passant par le vaudeville Cockney et le Jesus rock" : ha bon ?), la représentation risque d'être sympa. Pas de bol : Mister Diagonal est malade et le concert est annulé. Comble de malchance : Léandra est totalement déprimée (on est le 20 novembre*). 

En résumé : je suis physiquement cassé, Léandra est moralement cassée et on s'emmerde. Que faire ? Aller à la Maison du Peuple ? Oui, pourquoi pas... Nous nous rendons donc au Parvis de Saint-Gilles, passons la porte d'entrée du fameux café, non sans avoir salué un serveur, restons dix secondes chrono à l'intérieur, et puis non : et si nous allions manger chez Léandra ? Oh bah oui, pourquoi pas ? Allons manger chez Léandra ! Elle a un reste de pâté de je ne sais plus quoi, du salami Weight Watchers (gné ?) et de la Tomme de Savoie dans son frigo... Nous achetons une (une) bière, une baguette et du pain au passage. 

Andrew doit nous rejoindre. Nous l'attendons donc pour manger. Léandra et moi espérons qu'Andrew pourra nous remonter le moral parce que ce n'est pas la joie. L'effet est concluant. Nous disons à Andrew dès le début que son but dans cette soirée est de remonter le niveau de tout le monde et ça marche assez bien.
Et puis quoi ? Et puis Walter me téléphone. Il est venu à la Maison du Peuple en voiture et croyait que nous y serions mais non, évidemment : nous sommes chez Léandra et nous n'avons pas encore le don d'ubiquité. Pas grave : je lui dis de passer chez elle, c'est à deux pas. Va-t-il venir ? Mystère... Il me rappelle une minute plus tard pour me dire qu'il rentre chez lui. Pourquoi ? Je n'en sais rien : je n'ai rien compris à son explication.

Je suis fatigué, pas question de m'éterniser chez mon amie. Il est dix heures à peine quand Andrew et moi reprenons le tram vers nos foyers respectifs. Et puis voilà : j'avais dit que ce serait court aujourd'hui... C'est pas plus mal, non ?
_____________________________________
* Et alors ? Ben on est le 20 novembre, quoi !

Un soir à la Cinematek

Ce soir, Emily me propose d'aller à la Cinematek Flagey voir Dark Waters de Walter Salles, remake américain (2005) d'un film de Hideo Nakata (2002). J'accepte, sans vérifier ce que c'est. Un peu plus tard, je m'en vais lire ce qu'en dit la critique. Celle-ci est presque unanime : mieux vaut visionner l'original japonais, qui joue beaucoup mieux sur l'esthétique et les ambiances oppressantes, que son homologue américain... Zut alors ! Pas grave, on verra bien. Par ailleurs, j'apprends que l'actrice principale du film n'est autre que Jennifer Connelly, celle qui, à la fin de son adolescence, joua dans Labyrinthe de Jim Henson... Donc si le film s'avère nul, je pourrai toujours passer presque deux heures à dévorer des yeux cette actrice qui constitue un de mes absolus en matière de féminité. (Et c'est quoi tes autres absolus, mon gars ?)

Conclusions après visionnage : un film fantastique "classique" pas trop mauvais, qui mise plus sur la création d'une atmosphère oppressante que sur une quelconque vision gore. Ici, pas de découpage à la tronçonneuse ni d'horribles monstres purulents. Non : ici, tout tourne autour de l'eau. Une eau noire qui se déverse dans l'appartement d'une jeune femme et de son enfant (ce fait me rappelle le sang de l'ascenseur dans Shining), en parallèle avec la mort d'une petite fille abandonnée, qui réclame l'attention qu'elle n'a pas eue de son vivant. Une mort par noyade, comme on l'apprendra plus tard et comme on s'en doutait déjà un peu... Bah oui : si la petite fille était morte incendiée, le film ne se serait pas appelé "Dark Waters" mais plutôt "Dark Fire". Pas con, le réalisateur...

Comme trame parallèle, les déboires de Dahlia Williams (Jennifer Connelly) avec son ex-mari pour la garde de leur fille. Dahlia va s'installer dans un coin paumé de New York, ce qui énerve son ancien compagnon qui continue d'habiter la ville et qui doit se taper "Outsiplou-les-Bains-de-Pieds" pour la récupérer chaque week-end. La petite fille a également une amie imaginaire, qu'elle appelle Nona Alexandra... Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne peut être que fortuite... Et puis, Maïté ne ressemble pas à Jennifer Connelly... Quoique... Euh... Maintenant que j'y pense, il y a quand même un petit air général, en fait...
Le logement dans lequel vit Dahlia et sa fille est présenté à des fins commerciales par le promoteur immobilier comme une utopie... Une utopie ratée dans ce cas... Une sorte de phalanstère dont l'idée originelle (regrouper une communauté dans un environnement harmonieux et autarcique) s'est perdue dans l'oubli. Ne reste plus que de hautes tours résidentielles délabrées, avec des locataires vivant dans l'isolement le plus complet. Une dystopie, un anti-phalanstère, dans les faits. C'est, je pense, cet aspect du film qui m'a le plus plu.

* * *

Après le film, Emily et moi allons au Murmure, un café étroit dans une petite rue à deux pas de la Cinematek, dont le décor est constitué de gros et de petits tuyaux. Autant Emily déteste le Verschueren (voir hier), autant elle adore le Murmure, car l'endroit "possède un cachet particulier". Bref. Nous y restons le temps d'un verre. Emily prend un Orval. Quant à moi, je prends... un Orval aussi. Nous regardons le programme de la Cinematek et nous disons que nous devrions y retourner plus souvent... 
Emily tombe subitement (c'est le mot) malade. Son nez se bouche à la vitesse d'un Thalys sur la LGV2. Elle me raconte qu'en Belgique, les habitants ont beaucoup plus de sinusites qu'ailleurs à cause du temps très humide. Je n'ai pas envie d'aller vérifier cette information... Après notre Orval, nous reprenons le chemin du retour, elle vers le quartier de l'université en bus, moi vers Saint-Gilles en tram...

L'histoire orale dans tous ses états

Dans le tram, ce matin, je croise Chrislène (une des copines d'université de Maïté), qui habite depuis environ un an à une rue de chez moi. C'est la première fois que je la revois depuis toutes ces années mais nous n'avons pas trente mille choses à nous dire, juste quelques banalités : "Tu travailles toujours au même endroit ?", "Ta fille va bien ?", "Et sinon, ça va ?", etc. Faut dire aussi que nous ne nous voyons que pendant quelques minutes car je sors du tram après quatre stations seulement, pour me rendre à une journée d'étude sur l'histoire orale, organisée par un centre d'histoire contemporaine : ça va être poilant !  
Cette journée de vendredi est donc placée sous le signe de l'histoire orale... L'histoire orale, kézako ? Hé bien c'est tout ce pan de la science historique qui prend les sources orales comme domaine particulier d'étude et de recherche : récits de vie, chansons, témoignages, interviews... Souvent sous-estimé par les historiens (mais ils se soignent – j'en sais quelque chose), l'apport des sources orales n'est pas négligeable dans la compréhension d'un phénomène historique, même s'il faut bien faire attention de prendre un témoignage pour ce qu'il est : un souvenir (souvent lointain), transformé aux fils des ans à la suite de différents processus psychologiques (déformation de la mémoire personnelle, auto-censure...) et sociologiques (ajout d'éléments mémoriels d'un groupe, d'une collectivité dans ses propres souvenirs...).
Lors de cette journée d'études, la majorité des interventions ont lieu en néerlandais et je ne serai hélas pas capable de tout comprendre. En toute franchise, je n'ai par exemple strictement rien pigé au discours d'introduction d'une professeur à l'université d'Amsterdam, tant sa prononciation du néerlandais diffère de tout ce que je connais (c'est-à-dire pas grand chose, il faut bien l'avouer). La compréhension passe mieux pour d'autres mais je suis néanmoins ressorti de cette journée avec un sacré mal de crâne (mais je ressors toujours de ce genre de journée avec un mal de crâne : ça n'a aucun rapport avec la langue parlée, en fait).

J'ai griffonné à la volée une série d'idées ou de questionnements qui m'ont paru très intéressants, afin d'en faire un résumé pour mon boulot (ça va être joyeux !). Ainsi cette phrase, apparue sur le PowerPoint d'un des orateurs, concernant "l'écran déformé du temps" : "Difficile de démêler le reflet du temps présent et du passé". Toujours cette question de la mémoire et du souvenir, qui se reconstruisent en permanence à l'aune du temps présent : interrogez un vieillard sur sa jeunesse et ce qu'il vous racontera ne sera sans doute qu'une version très édulcorée de ce qu'il a réellement vécu, éludant la plupart des aspects désagréables. Rectification : interrogez n'importe quelle personne de plus de 25 ans sur "sa jeunesse" et ce qu'elle vous racontera ne sera sans doute de toute façon qu'une version édulcorée... 

* * *


De retour chez moi vers une heure du matin, seul dans mon lit, afin de calmer mon énervement, j'ai une discussion "comique" avec moi-même :

– Et alors Hamilton, ça fait quoi de passer tes soirées avec des gens de droite ?
– Oh, bah tu sais, je commence à avoir l'habitude, hein... 
– C'est pas une raison...
– Ils sont quand même sympathiques. Je les aime bien. Et puis, Léandra n'est pas de droite, elle. Enfin je ne pense pas... Euh...
– Ouais, mais Léandra n'était pas là ce soir, de toute façon...
– De fait.
– Mais quand Emily parle à tout bout de champ de "racailles" comme dans un mauvais reportage de TF1, ça ne te fait pas tiquer ?
– Bah, ça m'énerve... Après avoir discuté pendant un quart d'heure du sujet en essayant de rester calme, je regarde ailleurs, c'est tout...
– La technique de l'autruche, quoi... Et quand elle te fait comprendre qu'elle trouve que tu laisses Gaëlle faire trop ce qu'elle veut et que ça ne va pas, ça ne t'énerve pas ? Ne me me dis pas que ça ne t'énerve pas, car je ne te croirais pas une seule seconde !
– Si, si, ça m'énerve. J'éduque ma fille comme je veux... Comme on m'a éduqué en fait.
– Et quand Walter renvoie chier un clochard qui lui demande s'il peut lui acheter une clope par un très beau : "Non, désolé. Il y a un magasin de nuit, là-bas, si vous en voulez une...".
– Ouais, je sais, je sais...
– Et quand ils disent de concert que le Verschueren n'est vraiment pas bien parce qu'on n'y trouve que des déchets humains, tu ne trouves pas ça bizarre ?
Argh !

Et forcément, après pareille réflexion, comment arriver à trouver le sommeil ? Hé bien sans aucune difficulté, en fait ! Comme c'est étrange...

Auto-analyse

Lundi 14 novembre, Léandra Courbet, guest star occasionnelle de ce blog, rédigeait "ma" journée à ma place. Pour être honnête, elle n'a pas réellement publié ce texte ce lundi 14 novembre mais dans la nuit de mercredi à jeudi. C'est comme ça que ça fonctionne ici : le concept est d'écrire un article (au moins) par jour mais nullement d'écrire l'article du jour le jour même (j'espère que je suis clair). La nuance est de taille... Bon, d'accord, Léandra aurait pu faire un effort, vu qu'elle était en congé, tout ça, et qu'en plus elle ne tient plus aucun blog pour l'instant (du moins pour ce que j'en sais). Mais on ne peut pas trop lui en demander, à notre Léandra nationale : depuis quelques semaines, elle n'a plus une minute à elle, entre les cours d'impro, les rendez-vous avec un ami ou un ex-futur-ex-futur amoureux, et enfin son boulot où elle remplace toute une équipe... 

Donc Léandra poste son article ce jeudi vers minuit et demi et me réveille brièvement en m'envoyant un sms pour me le signaler. Quelle idée aussi de déjà dormir alors qu'il n'est même pas une heure du matin (je deviens vieux) ! Ce matin, sans doute un peu inquiète par ce qu'elle avait elle-même raconté à mon encontre dans son post, elle m'a demandé si je n'étais pas fâché : paraît-il qu'elle aurait p'têt' ben sous-entendu quelque part que je serais-t-y pas un p'tit peu alcoolique sur les bords que ça ne l'étonnerait même pas, pardi ! Je l'ai tout de suite rassurée : je ne suis pas du tout fâché. Pourquoi le serais-je ? Ce qu'elle a écrit sur moi est en fait assez proche de l'idée que je me faisais de ce qu'elle écrirait sur moi (j'espère que je reste clair).

Par contre, Léandra pose un certain nombre de questions qui nécessitent une réponse de ma part et aligne un certain nombre de commentaires qui demandent une explication supplémentaire. Vu que je n'ai pas envie de mentionner ici mon boulot constitué de deux longues réunions qui m'ont donné un terrible mal de crâne, j'ai décidé de reprendre ci-dessous une série d'idées abordées par Léandra, celles qui me concernent directement, et de les commenter du mieux que je peux...

Léandra : contrairement au Blog du Noctambule, le présent blog (Hamilton's Diary donc) est on ne peut plus classique : il "tire son originalité de sa rigueur plus que de sa structure".

C'est totalement vrai, mais je n'arrive pas à savoir si je dois prendre cette remarque comme un compliment ou comme une critique (je suppose que c'est un peu les deux à la fois). Léandra aime les blogs originaux, ceux qui possèdent une ligne et une charte éditoriales claires et intelligentes. Pour ce blog-ci, véritable fourre-tout sans queue ni tête, on attendra encore longtemps une quelconque ligne éditoriale... Cependant, ma (pseudo-)régularité l'impressionne parfois un tantinet, je pense.
Léandra : "Mon Dieu, comment Hamilton arrive-t-il à brasser autant d'idées différentes tous les jours ? [...] Des fois, je me demande même s'il pense réellement aux trucs qu'il évoque dans son journal, ou s'il se force à y penser pour avoir quelque chose à écrire."
C'est une excellente réflexion et il est à mon avis assez facile pour un lecteur régulier de faire le tri entre les articles qui ont été écrits de manière un chouïa forcée (parce que je n'avais rien d'autre à raconter de ma foutue journée à la con) et ceux qui ont été écrits parce que, au contraire, j'y ai beaucoup réfléchi. Les seconds me semblent en tout cas, lorsque je les relis, beaucoup moins confus.
Exemples d'articles "forcés" :  
- "Discussions rêvées" : je n'avais vraiment pas grand chose à raconter ce jour-là. Rien de spécial au boulot... Seul le soir... À part un bref coup de fil (réel) de Léandra, il fallait que je comble le vide de ma vie par des discussions qui n'ont jamais eu lieu.
- "Reprise du travail : fragments" : c'était un lundi, je reprenais le travail après deux semaines de convalescence, j'étais fatigué... J'ai dû faire des efforts de mise en forme pour ne pas laisser transparaître le fait que je n'avais strictement rien à dire.
- "Auto-analyse" : je ne sais pas quoi écrire aujourd'hui alors j'écris un texte contenant plusieurs paragraphes qui traitent du fait que quand je ne sais pas quoi écrire, je rédige de manière forcée.

Exemples d'articles "motivés" :
- "Tintin de Spielberg ou l'art de transformer l'or en plomb" : j'étais tellement remonté contre ce film en sortant du cinéma que je l'ai ressassé deux jours durant. L'article coulait donc de source.
- "Considérations sur le nombril et sur Wittgenstein" : dans cet article, je mentionne une visite à l'hôpital et, assez curieusement, lorsque j'écris sur l'hôpital, je suis très motivé, chaque visite contenant d'énormes potentialités comiques (chirurgien fou, personnel aphone, client bizarre, etc.). De même, tout ce que je raconte sur Wittgenstein traduit un réel intérêt et non pas un prétexte pour remplir ce blog. 
"Des fois, je me dis que c'est trop, que les lecteurs ne suivront pas (mais Hamilton semble s'en foutre 'royalement' – moi je ne pourrais pas)."

En effet, je m'en fous royalement (ou presque). On ne sera jamais d'accord, Léandra et moi, à ce sujet. 
Ce sont presque deux visions antagonistes qui s'affrontent. Si Léandra écrit, c'est pour être lue. C'est une maniaque des statistiques : elle veut savoir si on la lit, qui la lit et surtout si certaines personnes "élues" la lisent. Quand elle écrit quelque chose, elle espère (c'est vraiment le mot) que la (ou plus rarement les) personne(s) à qui son texte est destiné vont le lire et se manifester. Léandra n'aime pas quand un blog n'est pas assez connu (et elle utilisera tous les canaux possibles pour le faire connaître, justement) ou quand personne ne poste de commentaires. 

De mon côté, c'est l'inverse : je ne veux pas spécialement savoir si on me lit, même si je sais qu'on me lit (si j'écris des articles sur mes statistiques, c'est que ça m'intéresse quand même un tout petit peu, hein, faut pas croire...), je n'espère pas que les textes que je poste soient lus par ceux qui devraient les lire et je ne fais strictement rien pour faire connaître ce blog. Au contraire : j'attends, patiemment. Je me dis que si ce blog est lu par quelqu'un, hé bien c'est qu'il devait être lu par quelqu'un... Encore du fatalisme débile, oui... 


"Des fois, j'ai honte à le dire mais… je saute des paragraphes, à la recherche de petites infos croustillantes sur mes amis ou, encore mieux, sur moi-même (...)"
Et voilà ! Non seulement Léandra écrit pour être lue mais en plus, elle ne lit que ce qui concerne son petit monde... Tsss... Solipsiste ! (Est-ce un compliment ?)  

"C'est pas une bonne chose, je trouve, qu'il ait tendance à picoler. (...)"

Non, en effet. 

* * *


Léandra est malade. Elle devait aller manger des frites avec Romain ce soir mais est trop fatiguée pour sortir. Alors elle annule le rendez-vous et me propose de passer chez elle. Avant que je n'arrive, apprendrai-je plus tard, elle a même envisagé de m'envoyer en mission à la Porte de Hal pour ramener des frites. Je suis un véritable chevalier servant ! Réminiscences de Warcraft : "Yes ?", "My Lord ?", "Yes, My Lord !"... 

Chez Léandra, la conversation est plus ou moins équilibrée... Comprendre : nous parlons chacun à notre tour de problèmes qui nous préoccupent... Elle : Jonas. Moi : un projet (ridicule voire un rien mégalo) pour le présent blog qui me tient à cœur et pour lequel je me pose une série de questions (tout aussi ridicules).

Léandra aimerait continuer à regarder Star Wars ce week-end. Car oui, elle a regardé (pour la première fois de sa vie) l'épisode IV de cette saga avec Jonas et aimerait continuer avec l'épisode V. Ha ! L'Empire contre-attaque ! Le plus bel épisode de la série... ou le moins mauvais, tout dépend du point de vue. J'ai subitement envie de les revoir, tiens. Quant à Léandra, je suppose qu'elle n'a a priori strictement rien à cirer de Star Wars. Sauf que dans ce cas précis, elle regarderait le film avec Jonas et ça changerait tout. La situation aurait pu être bien pire, si ledit Jonas avait été fan de Chuck Norris ou de philatélie ou que sais-je encore ?

"Ça va à la Maison du Peuple ?"

Ce matin, au boulot, je reçois un coup de fil de Lewis, vingt jours après son dernier coup de téléphone. Je décroche. Je comptais le joindre un de ces jours, tout en remettant constamment la chose à plus tard. Lewis a une petite voix triste.

– Lewis, bonjour ! Comment ça va ?
– Pas très bien, j'ai eu quelques ennuis de santé mais je ne téléphone pas pour cette raison.
– Oh.
– J'ai vu Mary dernièrement. La discussion est toujours aussi intéressante avec elle. Mais elle m'a dit que tu ne comptais peut-être pas recommencer le badminton. Est-ce vrai ?
– Oui, bah, je ne le sais pas moi-même. Peut-être. Disons que ça m'énerve quand on me demande si je vais recommencer, alors je réponds souvent que je ne recommencerai pas du tout
– Tu as rencontré quelqu'un, c'est ça ? Tu as trouvé une jolie jeune femme ?
– Non, non, je passe juste mon temps libre autrement, pour le moment.
– Tu sais, tu fais ce que tu veux, Hamilton. Ce serait ridicule de recommencer quelque chose si tu n'as pas l'envie de le faire, mais tu dois savoir que tu seras toujours chez toi au club. Toujours. Sache-le.
* * *
Le midi, dans la sandwicherie en face de mon boulot (dans la banlieue de Liège), une des vendeuses m'apostrophe :

– Ça va à la Maison du Peuple ?
– Pardon ?
– À la Maison du Peuple, à Saint-Gilles. 
– Euh...
(Pendant un bref instant, une pensée traverse mon esprit : "Lit-elle mon blog ?". Puis : "M'enfin, mais non !")
– J'y étais avec des amis bruxellois la semaine dernière. Vous étiez à une table, mais vous ne m'avez pas vue.
– Ha ! Haha, oui ! Ha, ben disons que je passe beaucoup de soirées là-bas pour le moment.
– Vous habitez Bruxelles ?
– Yep...
(Elle écarquille les yeux) Et vous venez travailler ici tous les jours ?
– Yup, ça va faire six ans...
– C'est loin.
– Hé ouaip !
– Tout ça pour travailler dans une administration communale ?
– Ben en fait, je ne travaille pas à l'administration. L'endroit où je travaille se situe dans les locaux de la Commune, mais c'est tout. Pour faire simple, mais vraiment très simple, je travaille dans un institut d'histoire contemporaine.
– Et vous faites quoi ?

S'il y a bien quelque chose que je ne sais pas faire dans la vie, même si je me suis vachement amélioré à ce niveau, c'est expliquer en quoi consiste mon travail. Il y a cinq ans, je me présentais simplement comme "archiviste" et quand on me demandait en quoi ça consistait, je répondais : "En fait, je trie et je fais des inventaires de vieux documents". Sans doute ma présentation aurait-elle eu beaucoup plus de gueule si je m'étais présenté de cette manière : "Je suis record manager ; mon domaine d'activité, c'est la préservation du passé pour envisager le futur en toute quiétude, yeah !". Hors de question que je dise ça un jour, même pour rire. 

En ce qui concerne la jeune dame de la sandwicherie, j'ai trouvé un moyen d'éluder sa question. Je lui ai donné l'adresse de notre site Web : "Vous verrez, c'est très chouette !".

* * * 


Je m'installe au Verschueren en attendant Walter, qui doit arriver d'un moment à l'autre. Ils ont de l'Orval, dans ce café : rien à voir avec l'autre "bidule" d'à côté, toujours en rupture parce qu'un certain Evenvel, Hamilton de son prénom, vide leur stock aussi vite qu'ils ne le remplissent... Mais quand Walter débarque, il veut absolument que nous allions à... la Maison du Peuple (argh !) parce qu'ils y servent de la Chimay Blanche au fût. Pour une fois que je voulais changer d'atmosphère, hé bien c'est raté !

Incroyable : quand nous débarquons à la Maison du Peuple, Emily y est déjà, ultra-concentrée sur son PC portable. Elle ne m'avait même pas dit qu'elle s'y rendait ce soir. La raison : elle y est pour travailler, oui-Monsieur-c'est-ça-être-cadre, à tel point que Walter et moi la laissons pour nous installer à une autre table pas loin. De temps en temps, je regarde dans sa direction pour m'assurer qu'elle n'a pas disparu sous ses papiers. Pour notre deuxième tournée, je prends quand même la peine de lui apporter un cappuccino, faut pas déconner non plus !

Walter est très content. Il a "une bonne nouvelle" à m'annoncer : il a sans doute trouvé un boulot de stagiaire dans une ONG du nom d'Acted (Agence d'aide à la coopération technique et au développement). Il parle désormais de partir au Congo ou au Tadjikistan (comme Annabelle ?) pendant six mois dès décembre ou janvier prochain pour travailler au sein du département "Finance" d'une cellule d'aide humanitaire. Ce gars m'étonnera toujours.

Une des grandes questions de Walter en dehors de la coopération au développement est la suivante : "Est-ce que les hommes d'église se touchent parfois ? Tu crois que Monseigneur Léonard, il se masturbe de temps en temps ?". Autre question de Walter, corollaire de la première : 

Est-il physiologiquement possible pour un homme de passer une vie entière sans se masturber ?
Je suppose que oui...
(Pensé très fort : ... bien que je n'ai nullement envie d'expérimenter la chose juste pour la prouver.)
– Mais à un moment, il y a un "trop plein" et ils doivent quand même bien finir par éjaculer !
– Mais ils ne sont pas obligés de se masturber pour ce faire. Ils peuvent éjaculer dans leur sommeil, de manière fortuite... 
– Ce n'est pas bon du tout, ça.  
(Walter a l'air très préoccupé par la santé des hommes d'église.)
– J'en sais rien...
– Si, si. Il faut régulièrement se vider, sinon ça peut créer des problèmes.
– Je suppose qu'après un certain temps d'abstinence, leur production de sperme diminue, non ?
Pas sûr... Et puis, les spermatozoïdes pourrissent à l'intérieur, après un petit temps.
Mais non !
Si, c'est comme ça !
(À un moment, j'ai envie de me lever et de crier : "Y a-t-il un sexologue dans la salle ?" mais je me retiens – de crier, j'entends bien.)

Emily nous rejoint plus tard dans la soirée. Elle a terminé son travail. Elle est en petite forme. Elle transforme des sous-bocks de la marque Omer en de minuscules bouts de papier (un point commun avec Léandra !) et tente de réaliser tant bien que mal un Pac-Man que j'essaie de démolir à chaque fois. On s'amuse comme on peut... Je me dis que les serveurs doivent râler parfois, à ramasser nos enfantillages à la fin de leur service... Peut-être nous ont-ils même donné un surnom, comme "la table des petits nerveux qui déchirent tout" ?

Ligne grande vitesse, mon cul !

Ce matin, dans le train vers Liège, je reçois un message de Flippo. Ce dernier fait également le navette vers la Cité ardente (quel drôle de nom) mais environ une demi-heure avant moi. Dès lors, s'il y a un problème sur la ligne "en aval", Flippo fait office d'éclaireur : il me prévient en temps réel ou presque que ça risque d'être la galère pour rejoindre le boulot... Flippo est un RailTime humain... Aujourd'hui, il est bloqué quelques kilomètres après Leuven. Un cas classique, connu de tous les navetteurs réguliers : après la ville flamoutche, les trains IC ("InterCity") rejoignent la LGV 2 (la "ligne grande vitesse" qui depuis 2002 relie Leuven à Liège via Ans) et changent de système électrique : avant Leuven, il s'agit d'un système en courant continu de 3 kV (comme les lignes ferroviaires "classiques" en Belgique) ; après, c'est un système alternatif monophasé de 25 kV et 50 Hz. Hé ! Je me suis renseigné, faut pas croire !

Je ne sais pas pourquoi ça coince à cet endroit, mais en tout cas, le moins qu'on puisse dire, c'est que quand ça coince, ça coince vraiment ! Je me souviens d'un matin de l'hiver dernier durant lequel mon train a commencé à trembler (littéralement) en passant sur la ligne grande vitesse après Leuven : de grands éclairs bleus menaçants partant du pantographe éclairaient la nuit glaciale (j'arrivais à les voir depuis les fenêtres de mon wagon). Résultat : nous sommes restés coincés plus d'une heure avant qu'une locomotive de secours ne vienne nous secourir. Même chose le jeudi 15 septembre 2011 : avarie de la motrice juste après le tunnel, pile au moment de passer sur la voie rapide "alternative monophasée", suivie d'une panne sévère et, enfin, d'un coït accouplement avec une locomotive de secours plus d'une heure après... Depuis que je travaille à Liège, l'événement s'est déjà déroulé quelques fois...

Aujourd'hui, j'ai de la chance : afin de ne pas accuser un trop grand retard à cause du véhicule en détresse dans lequel se trouve l'infortuné Flippo, mon train est dévié vers l'ancienne voie, celle qui porte le doux nom de "Ligne 36" et qui gagne Liège en passant par Tirlemont, Landen, Waremme, etc. : une des premières lignes de chemin de fer de Belgique, qui a même son article Wikipédia ! (La longue histoire ferroviaire du plat pays est passionnante, vraiment...) 

Lorsque j'arrive à Liège, avec vingt minutes de retard, Flippo, lui, est toujours exactement à la même place, c'est-à-dire un peu après Leuven ! Il attend d'être remorqué... Ha, certains signes ne trompent pas !


* * *

La matinée au travail ? Une longue réunion d'équipe. Lodewijk, le Grand Manitou, a plein de choses à nous raconter, en relation avec les diverses réunions auxquelles il a assisté ces deux dernières semaines... D'habitude, je mémorise plus ou moins tout ce que je dois retenir mais là, je croule sous les informations... Après dix minutes, je repars donc dans mon bureau pour revenir trente secondes plus tard avec une page A4 blanche pliée en deux et un vieux bic rongé... Fou rire général du reste de l'équipe. M'enfin ! Lodewijk : "Mon Dieu, je ne le crois pas ! Hamilton qui va prendre note ! Alléluia !" Christiane : "Qui sait ? Bientôt, on le verra peut-être avec un agenda ?" Ouais, bon, y a des limites aux changements radicaux...

Le midi, c'est joyeux : ça parle de maladies, de mort, d'embaumement, d'enfants handicapés et d'avortement... Mais ce n'est pas grave car je mange des frites sauce andalouse et des "boulets sauce lapin".  

* * *

 
Idée : les patrons de la Maison du Peuple de Saint-Gilles devraient lancer un grand concours des clients... Je pourrais concourir, pour le moment du moins, au titre du client le plus stable et le plus régulier... Les quatre personnes qui sont en face de moi sont quant à elles bien parties pour remporter le grand prix de la table la plus énervante : les deux hommes sont constamment en train de poser, font les cools en lançant des blagues plus ridicules les unes que les autres et se tapent virilement sur l'épaule de temps en temps, histoire de dire que quand même, hé, on est dans le coup, hein (c'est sans doute en partie vrai et c'est ça qui me désole peut-être le plus). Une des deux femmes rit à gorge déployée à chacune de leurs conneries. En plus, ils n'arrêtent pas de gesticuler chacun leur tour, pour aller fumer, pour aller aux toilettes, pour aller chercher à boire, pour... Mais pourquoi gesticulent-ils constamment ? Pourquoi ? Merde... Mais cassez-vous, cassez-vous !

(Mal tourné, moi ? Mais non, mais non...)

Ha ! Le présent texte doit receler certaines vertus prophylactiques car voilà-t-y pas qu'ils se cassent pour de vrai, ces couillons !

Et pendant ce temps, il y a une relativement nouvelle jeune serveuse brune qui n'arrête pas de sourire... Il faut que je lui trouve un surnom, non de non !

Aujourd'hui, c'est bibi (Léandra) qui s'y colle

Mais qu'est-ce qui m'a pris de dire à Hamilton : "Allez, je te prends un jour" ? Comme on prend une garde à un collègue qui a besoin de repos.

Était-ce un bon mouvement ? Ou un mauvais ? Est-ce que je fais vraiment ça pour mon ami ? Ou pour moi, égoïstement ? Pour me mêler de ce qui ne me regarde plus. Pour me faire mousser. Pour qu'on ne m'oublie pas, surtout (même si y a peu de risques, vu qu'Hamilton a la délicatesse de parler très régulièrement de moi ici - cliquer sur le topic "Léandra" dans la colonne de droite revient presque à avoir tous les textes de ce journal : c'est drôle).

En tout cas, il est sûr que je n'ai pas envie de lâcher l'affaire complètement.

Ce projet, on l'a construit à deux, avec Hamilton. Sur un coin de table à la Maison du Peuple, je suppose. Ou chez moi, lors d'une de ces petites bouffes rien qu'à deux que j'essaie d'organiser régulièrement, sinon je pète les plombs (et là d'ailleurs ça fait trop longtemps qu'on n'a plus fait ça, c'est inadmissible).

L'idée de départ était bien plus biscornue que ce journal de bord on ne peut plus classique (il tire son originalité de sa rigueur plus que de sa structure). Le blog du Noctambule, on avait appelé ça. Une sombre histoire de pions, de fous, de rois, de reines et de princesses. Des pièces noires ou blanches selon la couleur de nos humeurs. C'était trop complexe, trop tiré par les cheveux.

Maintenant, il n'y a plus que des hommes et des femmes et parfois des enfants, multicolores. Et des idées, beaucoup d'idées. Mon Dieu, comment Hamilton arrive-t-il à brasser autant d'idées différentes tous les jours ? C'est impressionnant…

Des fois, je me demande même s'il pense réellement aux trucs qu'il évoque dans son journal, ou s'il se force à y penser pour avoir quelque chose à écrire.

Des fois, je me dis que c'est trop, que les lecteurs ne suivront pas (mais Hamilton semble s'en foutre "royalement" - moi je ne pourrais pas).

Des fois, j'ai honte à le dire mais… je saute des paragraphes, à la recherche de petites infos croustillantes sur mes amis - ou, encore mieux, sur moi-même - au milieu des grandes théories d'Hamilton sur la politique, la philo, les sciences et techniques, sans oublier sur son fameux groupe-de-musique-que-personne-ne-connaît, Slint (que je ne sais jamais si j'ai déjà écouté ou pas).

Quand je vois la régularité d'Hamilton, j'ai un peu honte d'avoir laissé tomber mon journal si vite. J'avais mes raisons : me protéger, tenir une promesse bancale faite à quelqu'un qui m'est cher (Jonas, oui). Mais, en toute sincérité, ce sont peut-être plus des excuses à mon manque de rigueur qu'autre chose…

Même pour écrire un seul jour, je retarde l'échéance (au passage, je fais prendre du retard à Hamilton, qui doit un peu râler). C'est que raconter un lundi, c'est pas de la tarte. "Il ne se passe jamais rien le lundi", a dit Hamilton. Pas faux.

Je n'ai même pas l'excuse du boulot : je suis en congé aujourd'hui. Veille de la Fête du Roi, lendemain de long week-end d'Armistice. Je fais le pont. J'en profite pour glander sur Internet, flirter bêtement par chat avec un ancien collègue. Je joue aussi à ce jeu idiot de réussites sur mon ordi. Et je lis un peu, un chouette roman de Philippe Dijan (ça faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé, de me poser avec un livre).

D'Hamilton, je n'ai pratiquement aucune nouvelle aujourd'hui. Je lui envoie juste un SMS pour lui demander de me refiler le numéro de téléphone de Charles-Henri (depuis que j'ai changé de téléphone - j'ai maintenant un smartphone qui va très bien sur Internet, mais qui n'arrête pas de bugger quand je téléphone simplement - j'ai perdu tous les numéros "récemment" introduits dans mon répertoire). Il me l'envoie et je ne lui dis pas merci. Fin de l'histoire. Qu'y aurait-il à dire sur Charles-Henri d'ailleurs ? On se le demande.

Je ne sais pas ce qu'Hamilton fait ce soir. Quelle amie indigne je fais...

Hier, je l'ai laissé à la Maison du Peuple avec toute la "dream team" (sauf moi, qui suis partie plus tôt). Il m'avait l'air assez parti, un peu saoul. Ces derniers temps, j'ai l'impression que ça lui arrive de plus en plus souvent. Ça doit être le changement de bière : depuis que Frère Xavier fait grève, Laure Val se fait rare, et Hamilton s'est rabattu sur la Chimay blanche. Je crois qu'elle est un peu plus forte (Hamilton n'oserait jamais écrire une affirmation pareille sur son blog sans aller vérifier : moi si !).

Il plaisante toujours avec ces histoires d'alcool, mais moi ça m'inquiète quand même. C'est pas une bonne chose, je trouve, qu'il ait tendance à picoler. J'aurais espéré que son opération de la vésicule le stoppe un peu de ce côté-là, mais non.

Quand nous étions jeunes et beaux, Hamilton et moi avions cette blague récurrente : le premier de nous deux qui fera un infarctus devra payer un bon resto à l'autre. Aujourd'hui, ça ne me fait plus tellement rire. Je trouve que la santé, c'est pas un truc à prendre à la légère. OK, on n'a pas besoin de vésicule, mais d'une foie et d'un cœur en bon état : oui. Enfin bref, ce ne sont sans doute pas mes oignons (qu'Hamilton ferait revenir dans plein de beurre pour faire des - délicieuses - carbonnades flamandes).

N'ayant aucune information intéressante à exploiter pour raconter la journée d'Hamilton, je vais terminer en parlant un peu de moi (au passage, c'est donner du grain à moudre à mes nombreux admirateurs… si on en croit les flatteuse statistiques du blog).

Novembre a toujours été un mois difficile pour moi. Les jours de plus en plus courts (avec cette saloperie d'heure d'hiver). Le froid. Des mauvais souvenirs, des dates qui me font mal. En général, je suis complètement déprimée en novembre.

Mais là, ça va plus ou moins. Non pas que ma vie soit un long fleuve tranquille, mais je tiens le cap (métaphore maritime).

A ce propos, hier, je suis allée à la mer avec Jonas, en amis. Comme je ne peux pas trop donner de détails, je vais faire comme l'autre : parler de la météo. Ostende était brumeuse, mais belle (je dis ça, je ne dis rien).

Oh, et puis merde ! J'ai envie de raconter un petit épisode. De tester le truc des dialogues d'Hamilton. Je ne suis pas douée pour ça, mais bon.

(La scène se passe devant une étrange chapelle derrière la grande église d'Ostende. Une basilique ? Une cathédrale ? Je n'en sais rien et je m'en fiche. Eh non, je n'irai pas vérifier, gniark, gniark…).

- Lui : T'as vu le nom de la rue ?

- Moi : Rue Léandre Vilain.

- Lui : Si on remplace le "e" par "a", ça fait…

- Moi : Ça fait moi !

- Lui : Oui, ça fait toi.

- Moi : Sauf que moi je ne suis pas une vilaine.

- Lui : Non, tu n'es pas vilaine du tout.

Je me rends compte que je n'ai même pas raconté cette scène (pourtant riche d'enseignements, notamment sur le fait que Jonas lit peut-être bien quand même ce blog) à Hamilton, en vrai. Voilà qui est réparé ! C'est pratique, en fait, ce journal : ça remplace les conversations, les mails.

Je devrais m'y remettre, tiens (en plus, ça ferait plaisir à ma maman).

L'aventurier

Dora : À qui fait-on appel quand nous ne savons pas où aller ?
Gaëlle
 : À la carte !
Moi : Au 1307 !
Dora : À la carte, oui, bravo ! Dis avec moi : "Carte ! Carte !"
Gaëlle : Carte ! Carte !
Moi : Gnagnagna...
Dora : Allez, encore ! Carte ! Carte !
Gaëlle : Carte !
La Carte : J'suis la carte, j'suis la carte, j'suis la carte, j'suis la carte...
Moi : Au secours !

Babouche : Au secours !
Dora : Mince ! Babouche est tombé sur un caillou et le dragon va le manger !
Moi : Tant mieux !
Gaëlle : Vite, Babouche, relève-toi !
Dora : Vite, aide Babouche à se relever !
Moi : Allez, mange-le !

Dora : Ouf ! Grâce à ton aide, Babouche a pu nous rejoindre !
Moi : Et merde !

Dora : Peux-tu aider the unicorn à nous protéger du dragon ?
Moi : Non.
Dora : Allez, tape au sol. Tape pour créer un bouclier de protection !
Moi : Fiche-moi la paix ! J'en ai rien à battre de ton dragon mal dessiné...
Dora : Bien joué ! Grâce à toi, le dragon n'a pas pu nous atteindre !
Moi : Ha ! Dommage...

Dora : Oh ! Une bifurcation ! Quel chemin doit-on prendre ?
(À gauche, un joli château ; à droite, une forêt maléfique.)
Moi : Celui de droite ! Celui de droite !
Gaëlle : Celui de droite ! (Haha ! Elle est tombée dans le panneau !)

Dora : Celui de gauche, bravo !

Dora : Chipeur est là ! Il vient nous chiper quelque chose !
Moi : Et alors ? Il ne ramasse jamais que des miettes, le pauvre !
Dora : Allez, tous ensemble, crions : "Chipeur, arrête de chiper !".
Gaëlle : Chipeur, arrête de chiper ! Chipeur, arrête de chiper !
Moi : La propriété, c'est le vol !

À la fin de Dora l'Exploratrice, une voix off annonce : "Tout de suite, un épisode de Go Diego !". Ha non, non, non ! J'angoisse rien qu'à l'idée de devoir subir la litanie du sac à dos ("Sac à dos, sac à dos ! Sac à dos, sac à dos ! C'est moi qui te suis à l'école, bourré de trucs et de bricoles...
Tout ce qu'il te faut pour la journée, dans mon ventre c'est rangé !") ainsi que ces longues séquences où il faut sauver un bébé animal un peu couillon piégé par la nature sauvage...

Moi : Gaëlle, ça te dit que je joue à Spelunky ?
Gaëlle : Oh, oui, oui, Spelunky ! Et moi je te regarde jouer ! (Ouf !)

Gaëlle : Oh, papa, tu es encore mort !
Moi : Oui, je n'ai plus l'habitude de jouer... Et ce n'est pas mon clavier...
Gaëlle : Fais attention, tu t'es encore fait avoir par les fléchettes !
Moi : Attends, tu sais quoi ? Je vais te montrer un autre jeu ! Un jeu auquel papa jouait quand il était... euh... gamin...

Les réflexes, les commandes, les chemins à emprunter me reviennent en mémoire avec une facilité déconcertante. Pourtant, cela fait au bas mot quinze ans que je n'ai plus joué à cette vieillerie : Prince of Persia de Jordan Mechner (1990), démarré sur le PC de mon père depuis l'émulateur DOSBox... Je me rappelle directement de l'endroit où se trouve la première super-potion de vie dans le second niveau, des sauts à réaliser en vitesse pour passer une grille en train de se refermer dans le troisième, du "truc" du miroir dans le quatrième, du gros plein de soupe à battre dans le sixième, de la chute vertigineuse dans le septième, etc. Dans le huitième niveau, je montre à une Gaëlle amusée l'épisode de la petite souris, envoyée par la princesse pour nous ouvrir une porte... Ma fille adore... Elle découvre ce jeu, mais de manière passive. C'est un peu bizarre... Elle préfère me regarder jouer que de prendre les commandes. Elle est sans doute un peu trop jeune... Je ne m'en plains pas : ce retour dans le passé me fait un bien fou, même si je me rends compte que la démarche est empreinte de nostalgie : le père montrant à sa fille – très bon public, pour le moment – les premiers jeux de son enfance, vingt ans plus tard.

Prince of Persia (1990) : le huitième niveau avec la petite souris.

Avant de ramener Gaëlle chez sa maman, j'ai également l'occasion de lui montrer brièvement Another World, un des plus grands jeux de tous les temps (1991), développé par un seul homme, Éric Chahi. Dans la voiture, Gaëlle, apparemment marquée, posera de nombreuses questions à ce sujet : "Pourquoi le monsieur se retrouve dans un autre monde après un orage ?", "Pourquoi les gens, ils tuent la bête mais emprisonnent l'homme dans une cage ?", "Qu'est-ce qui se passerait si on restait dans la cage, sans bouger ?"...

Version "remasterisée" d'Another World (2006) : intro et premier niveau.
* * *
Le soir, je me rends dans un café... euh... qu’il n’est plus nécessaire de présenter ici. Emily ne devait pas être présente ce soir, mais elle est quand même là lorsque j'arrive, installée à une table, studieuse, penchée sur son ordinateur portable. Elle travaille sur la formation qu’elle doit donner demain toute la journée.

Aujourd’hui, grande réunion de "toute l’équipe" : Andrew (que je n’avais plus vu depuis longtemps) nous rejoint, suivi de Walter, puis de Léandra. Hier après-midi, Emily, Léandra et Walter sont partis faire un tour à Lille. Et le soir, ils sont allés manger avec Andrew dans un restaurant italien du côté de l’Altitude Cent. Paraîtrait qu’ils ont parlé de cul et de hardcore durant plus d’une heure, choquant les serveuses qui passaient par là. Quand je ne suis pas présents, mes amis se lâchent (verbalement du moins).

Il est 23 heures lorsque je rentre chez moi. Pas envie d'écrire ce soir. Pas grave : les trajets en train sont faits pour ça. En plus, demain, je vais pouvoir me reposer car c'est Léandra qui est censée écrire à ma place (mais que va-t-elle bien pouvoir raconter ?).

Statistiques Web mon amour, le retour

Ce samedi chez mes parents avec ma fille est un samedi comme beaucoup d'autres. Gaëlle s'amuse dehors avec son petit-cousin Roberto : elle l'oblige à servir aux adultes de (faux) plats qu'elle a concoctés, elle essaie de déterrer de (faux) trésors dans le jardin avec une petite pelle, elle s'amuse avec de l'eau et des tuyaux, invente de (faux) mécanismes bizarres ("Attention papa ! Si tu appuies sur ce bouton, ça va exploser !"), fait de la trottinette...  Autre élément marquant : durant la journée, Léandra me téléphone pour me parler de Jonas. Comme je suis en train de manger, elle me retéléphonera un peu avant de partir vers Lille avec Emily et Walter, car elle veut me "raconter toute l'histoire". Et toute l'histoire, je la garde pour moi. (Et arrêtez de pleurnicher après du sensationnel, bande de voyeurs !) 

C'est à peu près tout pour aujourd'hui... C'est un peu court (jeune homme). L'occasion de faire un rapide tour des statistiques du présent journal, environ trois mois après le dernier compte rendu en la matière.
Depuis le 15 août dernier, il y a deux données statistiques qui caractérisent à merveille ce blog : 1) le nombre ridiculement bas de visites par jour (entre 15 et 20 chaque jour, sauf les week-ends, où c'est encore plus bas, preuve que les gens vont souvent lire des blogs à la rien à voir durant leurs heures de glandouille au bureau, ces petits salopiauds !) ; 2) le pourcentage élevé de visiteurs qui reviennent régulièrement, voire très régulièrement (60% des visites de ce blog sont le fait de gens qui sont venus 9 fois ou plus, avec même 4% qui ont effectué plus de 200 passages : c'est sans doute Léandra et moi !). Il convient de combiner ces chiffres avec d'autres (pour la même période) : 341 visiteurs uniques absolus différents, tout en sachant que 72% des visites ont duré moins de 10 secondes. Enfin, par rapport au total des visites, 84% des visiteurs sont des "revenants" (ils ne sont pas nouveau : ils sont connus de nos services, ce sont des "Returning Visitors"). Et alors, tout ça veut dire quoi, bordel ? Hé bien je fais le malin avec toutes mes données débiles et mes pourcentages à la con sortis de Google Analytics mais je n'en sais foutre rien ! Par exemple, je ne sais pas comment connaître le nombre exact de gens qui me lisent régulièrement... Tout ce que je sais, c'est qu'on me lit : plus de 5 minutes de temps moyen passé sur ce site, plus de 2 pages par visite, toujours en moyenne... C'est super, comme dirait l'institutrice de Gaëlle...

Statistique assez instructive (et plus évidente à déchiffrer), la synthèse géographique : d'où me lit-on ? De Belgique principalement (en majorité de Bruxelles et de la "dorsale wallonne"). En ce qui concerne les autres pays, un amusant premier constat : depuis qu'Amy et Zapata sont partis pour les Amériques, je peux suivre dans les grandes lignes leur déplacement car ils se connectent régulièrement pour lire ce blog (faut croire qu'ils s'emmerdent au bout du monde !)... Montréal, New York, San Francisco et maintenant une ville moyenne du Mexique du nom de Tuxtla Gutierrez, capitale du Chiapas, où ils ne se sont apparemment jamais rendus mais par laquelle transite leur connexion... Autre constat : aux États-Unis, la palme d'or revient à la ville de Lake Zurich, dans l'Illinois (88 visites à ce jour), où se trouve le siège central d'une compagnie employant un des lecteurs (belge) de ce blog. Depuis la France, des visites significatives (comprendre : de plus de 5 minutes en moyenne) ont eu lieu depuis Paris, Palaiseau, Massy, Jouy-en-Josas ou Créteil (tous les quatre en banlieue parisienne) et Bayonne... En Allemagne, un seul visiteur : un internaute d'Eschborn qui a réalisé 37 visites sur base du seul mot-clé : "Pénurie d'Orval", avec en moyenne 2 pages par visite, pour un temps moyen de 5 minutes !

Pour ce qui est de l'origine Web des visiteurs, nous sommes en gros dans une configuration 25/50/25... Je dis "25/50/25" pour faire le malin et faire croire que je m'y connais à fond en benchmarking, alors que pas-du-tout-ça-ne-veut-strictement-rien-dire. Donc, voilà : 25% de trafic direct (en tapant directement l'url du blog ou via un marque-page), 50% de sites référents (Facebook, Twitter, etc.), 25% de mots-clés. Ha, les mots-clés ! C'est là que ça devient vraiment poilant, parfois... En premier lieu, il y a tous ceux qui cherchent avant tout des informations sur Mademoiselle Courbet : environ un quart des clés de recherche qui mènent à ce site Web contiennent le terme "Léandra"... Parmi les autres, quelques phrases-clés sympas : "Échelle de psychopathie de Hare" (les psychopathes sont parmi nous !), "Tétrapodes impériaux", "Localisation des zones commerciales en Province de Namur et Liège", "Le Grand Jojo et Glenn Miller", "Doué en plasticine", "Douleur à la vésicule et la diary" (sic !), "Couleur Herman Toothrot Monkey Island 2", "Café Boss Lucky Luke"...

Dommage que certaines statistiques ne soient jamais accessibles. C'est le cas par exemple des "raisons qui poussent les internautes à lire ce blog". On pourrait peut-être lire des pourcentages loufoques :

25% parce qu'ils sont intéressés par la mystérieuse Léandra Courbet sur Adopteunmec.com.
22% parce qu'ils s'emmerdent au boulot.
17% pour se foutre ouvertement de ma gueule.

14% par voyeurisme malsain. 
10% pour vérifier que je ne dis pas du mal d'eux.
8% pour rigoler de mes déboires amoureux (inexistants, c'est ça qui est drôle).
2% par amour des statistiques.
1% parce qu'ils trouvent les articles publiés très intéressants.
1% parce qu'ils trouvent les articles nuls à chier et qu'ils adorent se faire du mal.
1% juste pour faire 101% et m'emmerder encore un peu plus.

Rock français 5 étoiles (2)

Diabologum, C'était un lundi après-midi semblable aux autres

Très impressionné par mes premières écoutes, dans le train, de l'album solo (ou plutôt "duo") de Michel Cloup (voir mon post d'hier), je décide de ne pas m'arrêter en si bon chemin et de faire un petit détour par le passé, à savoir par Diabologum, groupe de rock français des années 90 dans lequel ledit Cloup a officié. J'écoute donc C'était un lundi après-midi semblable aux autres (1993)... ou plutôt réécoute... Car dès les premières secondes de l'album (le fameux : "Attention à jouer au génie parce qu'on risque de le devenir" de Salvador Dalí), je me souviens avoir déjà entendu ce truc un peu foutraque quelque part... Je ne sais plus très bien quand c'était, ni où c'était. Je suppose juste que j'ai dû emprunter l'album à la Médiathèque durant mes années d'université. Peu importe ! À l'époque, j'y ai prêté une oreille un peu distraite, je pense... Il est pourtant très bon, cet album. J'ai même l'impression que les deux premiers morceaux ont été écrits spécialement pour moi (c'est mon côté un peu mégalo/solipsiste).

Jugeons plutôt : dans le premier texte, intitulé "Comme un infriste" (mais c'est quoi un "infriste" d'abord ? Aucune idée et j'offre deux francs de caramels mous à toute personne me fournissant une réponse valable), nous trouvons une première référence au café (le moteur de mon existence, avec l'Orval) : "Trop de temps gaspillé à boire du café et si peu de temps pour regarder la télé." Plus loin : "Trop de temps gaspillé à faire semblant de travailler et si peu de temps pour s'ennuyer." Même pas vrai ! Plus loin encore : "Trop de temps gaspillé à essayer de vivre et si peu de temps pour dire des banalités."... Hahaha ! Mais c'est surtout dans le second morceau ("Le Discours de la méthode", avec Dominique A en guest star !) qu'on trouve the couplet. La méthode dont il est question ici n'a rien à voir avec celle de Descartes : c'est celle de la séduction ("Peux-tu m'apprendre s'il te plaît ta technique stratégique pour étourdir ces jeunes filles ?"). Quand j'entends le dernier couplet, je me tape un minuscule fou rire ridicule dans le train (car oui, je suis à nouveau dans un train quand j'écoute cet album) :
Je reste seul avec mon café :
Je me suis salement fait doublé. 
C'est moi qui voulais la séduire,
Et c'est lui qui l'a emmenée.

C'est à peu de chose près l'histoire de ma vie amoureuse qui est résumée dans ces quatre lignes. (Content que ça te fasse rire, Hamilton ! Bah ouais, je ne vais pas en pleurer !)


Pour ce qui est des autres morceaux, ça part dans tous les sens, c'est plein d'humour, d'expérimentations, de riffs dissonants (comme dans "Logo" ou le très court "Points d'impact"), de bruits, de mots murmurés, de détournements musicaux (on y entend ainsi, entre autres, quelques secondes de Nirvana sur "Kill Sub Pop Stars") ou encore de collages cinématographiques (comme le fabuleux "Sticky Hair-Pin" reprenant un dialogue de Sailor et Lula – un morceau qui rappelle le plus récent "Fentry" de Grandaddy, utilisant plus ou moins le même procédé).

Je vais me procurer les deux autres albums de ce groupe et y reviendrai sans doute une autre fois...

C'est su-per !

De nouveau, mon train est en retard. À Charleroi, ma correspondance est annoncée avec 26 (pas 25, ni 27 : 26 !), puis 35, puis 45, puis enfin 56 minutes de retard. Je finis par opter pour l'omnibus qui part à l'heure (c'est-à-dire avec seulement 7 minutes de retard). J'arrive chez mes parents aux alentours de 17 heures. Maïté amène Gaëlle en voiture peu de temps après. En arrivant, elle me voit trimballer un matelas (prêté par ma tante qui habite juste à côté) sur le petit chemin reliant les deux maisons.
– Salut.
– Salut.
– Qu'est-ce que c'est ?
– Ben c'est un matelas.
– Tu vas dormir ici ?
– Oui, oui, je vais le poser là, sur le chemin, et dormir à la belle étoile, devant la porte de chez ma grand-mère...

(Depuis qu'on est séparés, la discussion est toujours d'un intérêt monstre, et souvent à la limite du surréalisme. – Et avant, c'était différent ?)

Gaëlle est extrêmement joyeuse et très excitée. Elle rigole tout le temps... Elle nous présente également son tout premier bulletin. Ce "machin" contient de vraies cotes, sur 100 ou 50 selon les matières. Il est également assorti d'un commentaire de la part de la titulaire de classe (une bande de texte imprimée utilisant l'ignoble police Comic Sans MS, collée sur le bulletin) : "Ton travail est excellent, Gaëlle. Ton implication en classe et dans ton travail est super ! Attention toutefois à ta langue qui est parfois bien pendue ! Félicitations pour ce beau bulletin et continue ainsi, c'est super !" Ouais, ouais, c'est su-per ! Niveau cotation, ça donne :
Langue française : 88/100
Mathématiques : 100/100
Éveil (sciences/histoire/géographie...) : 68/100
Éducation physique : 37/50
Éducation artistique : 40/50
Cours philosophique : 45/50
Tous ces points ont-ils réellement un intérêt, si ce n'est celui de préparer ma fille au fait qu'elle va être cotée jusqu'à la fin de son existence, en primaire, en secondaire, à l'université (peut-être), durant sa vie active voire même après ? Quelle est la signification d'être notée 100% en mathématiques en première primaire ? Sur quelles données l'institutrice se base-t-elle pour considérer que Gaëlle a réalisé un travail en tout point parfait en mathématiques ? Comment décide-t-on de donner 37 points exactement en éducation physique ? Peut-être y a-t-il des critères extrêmement bien établis, une grille d'analyse super bien foutue, qui permet d'atteindre la perfection en matière de cotation ? Qui suis-je pour juger, hein ? Hein ? T'as fait l'école normale ? Non ? Hé ben alors ?