"Notre silence", le deuxième morceau-fleuve de l'album, est une pépite d'un autre genre, faite d'une (très) lente progression de guitares et de batterie glaciales, coupée brièvement par un chœur enfantin venu de nulle part, et se terminant par un véritable déluge sonore... Du post-rock à texte. Quant aux autres morceaux, ils possèdent la même intelligence, la même urgence, la même franchise.
Pas moyen de trouver pour l'instant sur le Web, en guise d'entrée en matière, une version en streaming de "Notre silence" ou de "L'enfant", alors je me rabats sur la première chanson de l'album, splendide aussi d'ailleurs (et sans doute un peu plus facile d'accès), "Cette colère"... Ça parle de deuil, de colère indomptable, c'est très beau et ça donne le ton.
Les serveuses et serveurs sont tellement habitués de me voir débarquer que je n'ai souvent plus besoin d'ouvrir la bouche pour commander à boire. On me sert directement un Orval, ou à défaut une Chimay blanche (l'Orval est une denrée rare pour l'instant : les serveurs me disent tous que c'est à cause des exports prioritaires vers les États-Unis – décidément, chaque café dispose de sa propre "version des faits"). Être connu pour la bière que je commande au bar... Je ne sais pas si je dois m'en féliciter ou m'en inquiéter...
Je ne me rappelle plus très bien de quoi nous avons parlé. Je n'ai pas mangé, je bois beaucoup trop et j'en suis presque saoul. La Maison du Peuple est pleine à craquer, comme chaque jeudi soir, d'autant plus que nous sommes une veille de jour férié. Quelles conneries ai-je racontées ? Je préfère ne pas le savoir.
En fin de soirée, une de mes serveuses préférées (celle que j'appelle Clémentine, mais qui ne s'appelle sans doute pas Clémentine) arrive à notre table et ramasse les petits bouts de papier éparpillés un peu partout : "Ha mais ça y est, vous avez recommencé à tout déchirer !". Moi : "Hé mais ce n'est pas moi cette fois-ci, c'est elle, c'est Emily ! Je ne suis responsable que des petites cocottes en carton !". Alors, Clémentine prend une des cocottes en question et me la met sur ma tête. Pourquoi pas ?
Un peu plus tard, une autre serveuse (la blonde que j'appelle... euh... comment je l'appelle, celle-là ? Ha ben elle n'a pas encore de surnom, en fait – je vais l'appeler Gwen) passe avec un plateau sur lequel est posé un verre rempli de bière. Maladroite, elle me le renverse carrément sur la tête, mon manteau et mon sac. Conséquence : je commence à puer la bière – manquait plus que ça ! Pour se faire pardonner, elle me lance : "Désolée, désolée, je t'offrirai la prochaine". Il n'y a pas eu de prochaine lors de cette soirée... J'espère qu'elle s'en souviendra la prochaine fois...