Archives mensuelles : janvier 2012

Le tour de la journée en 80 mots, épisode IV

Le matin, je participe à une réunion à la Cinematek de Bruxelles, puis me rends à la Bibliothèque royale. La salle de lecture est remplie de jeunes qui étudient. Aucun ne commande de livre. Le soir, je me rends au Parvis pour "le dernier verre de Walter à la Maison du Peuple avant son départ". Je mange un croque-monsieur en attendant Emily et Walter. Léandra et Andrew nous rejoignent plus tard. Grosse discussion avec Léandra sur Jonas et les cadeaux.

Le tour de la journée en 80 mots, épisode III

C'est mon anniversaire. Je passe ma journée à envoyer des remerciements. Le soir, je retrouve Emily, Walter et (plus tard) Léandra à la Fleur en Papier doré. Léandra m'offre une série de cadeaux Lush (savon, pastilles moussantes, dentifrice...). Elle me connaît bien : elle sait que j'adore les bains. Mes trois amis mangent, nous prenons quelques verres, puis direction le bowling. Nous sommes rejoints par Andrew en fin de soirée et allons boire un dernier verre à la Porte noire.

Le tour de la journée en 80 mots, épisode II

C'est mon retour au badminton... Je joue convenablement mais je suis courbatu. Pendant que Mary s'entraîne avec les classés, je prends un verre à la buvette avec Emily, Walter et Lewis. Celui-ci raconte n'importe quoi sur Lacan, Young et Freud ; il parle de poules, de renard et d'érection. Personne ne le comprend. Nous l'abandonnons pour un verre au Corto avec Mary. La serveuse est dans un état second : elle fait une drôle de tête et se cogne partout.

Le tour de la journée en 80 mots, épisode I

Dans mon salon, des reliquats de la présence de Gaëlle : bonbons, papiers déchirés... J'ai vingt minutes pour tout ranger avant que les quelques invités n'arrivent. Nous "fêtons" ce soir le départ imminent de Walter pour le Congo. Au programme : une galette apportée par Léandra, du café, du thé et... une bouteille de Champagne rosé. Walter et Andrew arrivent peu après. Emily est restée chez Charles-Henri. Un dimanche légèrement amer : Léandra n'a pas la forme, Andrew tombe de fatigue...

La mélancolie expliquée aux enfants

Ce samedi, à l'exception d'une excursion au supermarché du quartier, je reste chez moi avec ma fille... Oh, j'ai bien essayé de l'aérer un peu en lui proposant un cinéma, une balade dans un parc ou simplement une sortie en ville ou au Parvis (à la Maison du Peuple ?). Mais non : Gaëlle veut rester à l'appartement, parce qu'elle n'y est "presque jamais" et "aime bien jouer tranquillement avec ses jouets". Faut dire que la pauvre est constamment trimballée à gauche et à droite : chez sa maman, chez son papa (moi en l'occurrence), chez ses grands-parents paternels (Nanou et Gégé), chez ses grands-parents maternels (qui sont divorcés depuis longtemps). Conséquence : quand elle a l'occasion de rester un peu à l'abri du monde, avec ses jouets, elle n'en est que plus heureuse.

L'après-midi se passe calmement : je joue quelques heures avec elle à l'instituteur. Le but : faire comme si nous étions en classe et lui donner des exercices. Curieusement, alors qu'elle déteste faire ses devoirs, elle adore ça. Pourquoi ? Parce que c'est un jeu, tout simplement. Durant les exercices, je constate à nouveau que Gaëlle n'est vraiment pas douée en lecture ni en écriture, au point que je me demande si elle n'est pas dyslexique. Elle inverse constamment les chiffres et les lettres (Armand Jammot doit se retourner dans sa tombe), elle ne sait presque rien lire, elle bute sur chaque syllabe. En mathématiques, par contre, aucun problème : les petites équations à une inconnue passent sans problème, elle comprend quelques rudiments de géométrie et est capable de compléter une suite logique... mais continue d'écrire la plupart de ses "1" à l'envers.

En soirée, je regarde avec elle L'histoire sans fin, le vieux (1984) film fantastique de Wolfgang Petersen que j'adorais quand j'étais gamin. Je le revois, après tant d'années, avec des yeux d'adulte et me dis que c'est vachement mal joué. Atreju a autant de jeu d'acteur qu'un cabillaud, les effets spéciaux sont vieillots... Comme c'est dommage de ne plus voir ce monde avec des yeux émerveillés.


Gaëlle pose des questions tout le temps car, comme tout enfant de six ans qui se respecte, elle est programmée pour poser des questions : "Pourquoi ils le poussent dans la poubelle ?", "Pourquoi il dit que le livre est dangereux ?", "Pourquoi le vieux monsieur sourit quand l'enfant prend le livre ?", "Pourquoi Bastien soupire ?", "Pourquoi il a peur ?", "Il va se faire mal s'il mange des pierres, non ?", "Pourquoi la perforatrice, elle se meurt ?" (en fait, elle voulait dire "l'impératrice"), "C'est quoi un élan-colis ?" (elle voulait parler des Marais de la Mélancolie), "C'est un dragon ou un chien ?", "C'est quoi un oracle sudérien ?", "Si la fenêtre s'ouvre dans l'école, c'est parce qu'il y a du vent dans l'autre monde ou pas ?" Pitié !
De mon côté, je regarde ce film avec nostalgie. Cela fait au moins quinze ans que je ne l'ai plus vu mais je me rappelle encore par cœur de la plupart des répliques, comme celles de Morla la Vénérable, la vieille tortue nihiliste qui n'attend plus rien de la vie : "Nous sommes allergique à la jeunesse...", "Mourir ? Ce serait au moins quelque chose !" Ce film est traversé par la mort, le manque et la perte mais... se termine par un happy end un peu ridicule. Le roman est beaucoup plus subtil. L'histoire sans fin de Michael Ende, c'est la mélancolie expliquée aux enfants, et aussi beaucoup d'autres choses. C'est un roman intelligent. Et c'est un sujet à part entière. Je vais le relire et j'y consacrerai un article entier, tiens, un jour.

La scène de Morla, en anglais.
(Elle ressemble un peu à E.T., non ?)


J'ai le roman dans ma bibliothèque, évidemment, et je le montre à Gaëlle. Il s'agit d'un de mes livres favoris, tout simplement parce que c'est le tout premier que j'ai dévoré (il n'y a pas d'autre mot) et qui m'a ouvert, enfant, les portes de la Fantasy. Il est composé de 26 chapitres, chacun s'ouvrant sur une lettre de l'alphabet, une lettrine enluminée. Un vrai trésor... 

Gaëlle est obnubilée par le concept d'histoire sans fin. À la fin du film, elle me dit, très sérieuse : "Le film est fini mais, en fait, il continue... Quand je dormirai, puis demain, puis après-demain, l'histoire sera toujours en train de se passer." Ce qu'elle ne sait pas, c'est que ce film s'appelle L'histoire sans fin pour une toute autre raison, qui n'est expliquée que dans le livre : une mise en abyme (encore !), le récit d'un vieillard qui consigne dans un livre l'histoire du Pays Fantastique. Et quand le héros se rend auprès du vieil homme, une dangereuse boucle infinie se crée (j'en parlais déjà brièvement ICI).
Après le film, je mets Gaëlle "au lit" (comprendre : je lui dis que dormir ne serait pas superflu). Il est 22 heures. Dormira-t-elle directement ? Hé bien non, car elle n'a pas sommeil et veut continuer à jouer dans sa chambre. Je la laisse tranquille. Quand je jette un coup d'œil vers minuit, je la retrouve dans son lit avec une BD de Mélusine. Elle ne la lit pas mais "regarde les images". Je lui dis qu'il faut qu'elle dorme, pour être en forme demain. Je suis loin d'être convaincant. Normal : je suis moi-même loin d'être convaincu. 

Quel rapport avec Orson Welles ? Aucun.

"Moi, j'aime bien la mort !"

Ce matin, je ne travaille pas, je me repose. Au réveil, je me retrouve la tête pleine de rêves étranges. Les dévoiler ici dans leur totalité pourrait s'avérer intéressant mais c'est impossible, définitivement. Je me contenterai donc d'un extrait onirique qui n'a rien à voir avec le reste des histoires imaginées cette nuit : j'ai rêvé que Noam Chomsky, le célèbre linguiste connu pour son engagement politique et ses convictions anarchistes, était mort. Je pleurais comme une Madeleine à lecture de la nouvelle, en criant : "Non, non, pas Chomsky, ce n'est pas possible !"... Ou bien une situation vaguement approchante. Le cauchemar était tellement réel qu'il m'a réveillé et que je me suis précipité sur le Web pour vérifier si Chomsky était toujours en vie. Conclusion : il a passé 80 ans, mais il pète toujours la forme... 
Je me dis, mais je me trompe peut-être, que cette mort imaginaire traduit l'élan de pessimisme qui me paralyse le cerveau actuellement : pessimisme quant à ma propre vie mais surtout pessimisme quant à l'état du Monde en général. Faire mourir Chomsky dans un rêve, c'est en quelque sorte détruire dans mon esprit ce qui reste d'idéalisme et d'optimisme quant au progrès de l'humanité. C'est d'un joyeux ! 

Il faut que je lise de la philosophie, c'est très urgent. Pas n'importe laquelle. En tout cas autre chose que l'indigeste Logicomix (qui n'a de toute façon pas grand chose à voir avec de la philo). J'ai donc commandé trois ouvrages de Wittgenstein : Recherches philosophiques, Le Cahier bleu et le Cahier brun et De la certitude (faut bien commencer par quelque chose), ainsi que Le mythe du progrès du Finlandais Georg Henrik von Wright, intrigué que je fus par un article de Jacques Bouveresse sur le même sujet. La suite quand j'aurai reçu et digéré ces livres.

* * *
 
Discussion avec Claire sur Facebook. Elle me rappelle que je dois toujours lui conseiller des films. Je lui réponds : "Je crois, vu que je suis très en retard sur mon blog, que je te ferai ma réponse sur les films via un article." La réponse prochainement donc : dix films qui m'ont marqué et que je conseillerais. Je vais écrire la liste tranquillement et la posterai lors d'une journée calme.

Claire me répond : "Comme ça tu vas prendre 2 machins avec un truc. Je connais pas l'expression en français". Claire est Italienne. Elle veut parler de l'expression "Faire d'une pierre deux coups", sauf qu'en Italien, ça ne se dit pas comme ça mais bien : "prendere due piccioni con una fava", c'est-à-dire : "attraper deux pigeons avec une fève". C'est très amusant car en anglais, pour la même expression, il est à la fois question d'oiseaux et de pierre (un mélange de l'italien et du français ?) : "kill two birds with one stone" (tuer deux oiseaux avec une pierre). En allemand, il est toujours question d'oiseaux : "zwei Fliegen mit einer Klappe schlagen" (frapper deux oiseaux d'un coup). Même chose ou presque en néerlandais : "twee vliegen in een klap slaan". Dans les autres langues, est-il question d'oiseaux et/ou de pierre ? Je n'en sais rien car Google translate est vraiment trop mal foutu.

En ce qui concerne l'expression française, en cherchant un peu, je tombe sur une étymologie sans aucun doute fausse mais loufoque : l'histoire d'un homme, un rien fainéant, logeant dans un entresol situé entre une cuisine et l'appartement de son amoureuse : quand il voulait recevoir la nourriture de l'un et l'amour de l'autre, il lançait une pierre au plafond. Le texte se trouve ICI.  

* * *

Deux discussions avec Gaëlle, 6 ans, qui en valent la peine... Il s'agit presque de la retranscription exacte. Dois-je m'en inquiéter ? Dois-je amener ma fille chez un pédopsychiatre ?

(Regardant Tamala 2010: A Punk Cat in Space, un dessin animé japonais psychédélique qui n'est pas vraiment fait pour les enfants, mais qu'elle adore néanmoins.)
 — Le loup a mangé Tamala, mais ça ne me fait rien car moi, j'aime bien la mort !
— Hein ?
— Quand mon chat Ishu est mort, maman pleurait. Moi, je ne pleurais pas, parce que j'aime bien la mort. Ishu, il a été empoisonné. On croyait que le Monsieur l'avait fait exprès mais non, en fait. Ishu, il a juste mangé du poison qui n'était pas pour lui.
Tu sais c'est quoi la mort, Gaëlle ? 
— Oui, la mort, c'est quand on a peur. 
— Non, ce n'est pas vraiment ça.
— Je sais, mais je ne sais pas l'expliquer.
C'est quand on arrête de vivre, quand le cœur ne bat plus et qu'on ne peut plus voir, entendre, réfléchir... Quand on n'existe plus.
— Je sais. Je fais même des rêves de gens qui sont morts, puis quand on les revoit, ils sont vivants.
— Euh...
(Help !)

(Essayant de déchiffrer le titre d'un livre dans ma bibliothèque.)
A-na-lo-gi-pue
C'est presque bon, mais ce n'est pas "pue", c'est "que". Analogique. Dictionnaire analogique.
—  C'est pas grave. C'est presque la même chose.
— Ben non. Si tu utilises une lettre à la place de l'autre, personne ne te comprendra.
— Oui, mais c'est pas pour ça qu'on appellera la police.
(Mais où va-t-elle chercher ces expressions ?)

Logicomique

L'aventure commence lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, durant laquelle Léandra m'offre son "cadeau de Noël en retard" : ça s'appelle Logicomix ; c'est un roman graphique, une bande dessinée au long cours ; c'est signé Apostolos Doxiadis, Christos Papadimitriou, Alecos Papadatos et Annie Di Donna ; c'est consacré à la quête des fondements de la vérité scientifique rien que ça ! On y croise des géants des mathématiques et de la philosophie de la première moitié du XXe siècle, comme Bertrand Russell (le principal protagoniste), Ludwig Wittgenstein, Moritz Schlick, Kurt Gödel, Henri Poincaré et bien d'autres. 

En toute logique – c'est le cas de le dire –, cette BD de plus de 300 pages aurait dû me passionner tant j'adore le sujet : le paradoxe de Russell, l'écriture des Principia Mathematica, la rencontre entre Russell et Wittgenstein, les débats du Cercle de Vienne, les débuts du positivisme logique, tout cela mis en cases dans une BD ! J'aime la période en termes de découvertes scientifiques et j'admire bon nombre de ces intellectuels. Bref : j'aurais dû applaudir l'initiative des deux mains (parce qu'avec une seule main, c'eût été beaucoup plus difficile).


"Aurais" ? Oui, car ce fut vraiment loin d'être le cas. Après la lecture de ce pavé, je suis même plus proche de la haine que de l'engouement. Dès les premières pages, j'ai été saisi d'un sentiment de malaise quant à la narration et ce sentiment n'a pas changé en cours de route – que du contraire ! 

"Il s'agit certainement du meilleur et du plus extraordinaire roman graphique que j'aie jamais eu entre les mains (Sunday Times)", pouvons-nous lire sur l'un des rabats de la jaquette. C'est à croire que le chroniqueur qui a signé cette critique n'a jamais rien lu d'autre. Maus d'Art Spiegelman, Persepolis de Marjane Satrapi, Jimmy Corrigan de Chris Ware, Pinocchio de Winshluss, Asterios Polyp de David Mazzucchelli, Bottomless Belly Button de Dash Shawn, pour ne citer que ceux-là : il existe des dizaines de romans graphiques bien plus extraordinaires que ce "machin". Alors quoi ? 

Du calme, Hamilton, ça va aller mon gars... On respire un bon coup et on reprend tout depuis le début, de manière posée et structurée.

L'intrigue dans les grandes lignes

Avant d'expliquer pourquoi je n'ai pas aimé ce livre, voici quelques informations sur la façon dont est construite l'intrigue, ou plutôt les intrigues.

Le scénario repose sur trois niveaux chronologiques : 1) "aujourd'hui" (une mise en abyme où nous pouvons observer les auteurs de la présente BD s'interroger sur la marche à suivre pour créer leur BD) ; 2) le 3 septembre 1939 (où nous suivons une conférence de Bertrand Russell dans une université américaine, consacrée au "rôle de la logique dans les affaires humaines") ; 3) la période 1876-1939 (un flashback sur la vie de Russell et sur ses rencontres, réalisé par Russell lui-même depuis la tribune de sa conférence de 1939). La BD joue sur ces trois niveaux : les auteurs qui racontent la conférence de Russell qui raconte sa vie.  

L'ouvrage s'ouvre, non pas sur Russell en 1939, mais sur Apostolos Doxiadis, mathématicien-écrivain et scénariste de la BD. Dès la sixième case, Doxiadis nous "parle" directement, il brise le quatrième mur : Doxiadis "voit" que nous sommes là et nous propose de le suivre pour rencontrer un de ses potes, Christos Papadimitriou, chercheur en informatique théorique, avec qui il va travailler sur le projet Logicomix.

Autoréférence, onanisme intellectuel et manque flagrant d'humilité

Car voilà : faire une BD sur Russell et les logiciens ne suffisait pas, non, non et non ! Il a fallu que les auteurs s'intègrent eux-mêmes dans leur œuvre, qu'ils se mettent à l'avant-plan, qu'ils fassent dans l'autoréférence afin de montrer leurs hésitations, leurs doutes, leurs petites chamailleries quant au cours que devait prendre leur histoire. Dès les premières pages, j'ai détesté ce procédé, non pas pour l'artifice en tant que tel mais parce que, dans ce cas précis, il n'améliore en rien le récit, contrairement à ce que croient dur comme fer lesdits auteurs. L'autoréférence, utilisée à bon escient, peut pourtant apporter beaucoup à une BD. Par exemple, dans Maus, Spiegelman utilise le même procédé pour créer une distance entre l'histoire réelle de son père et celle – forcément subjective – qu'il couchait sur le papier...

Ici, rien à voir... Imaginons le tableau... Bertrand Russell parle de sa vie à un parterre d'étudiants : il revient sur son enfance à Pembroke Lodge, sur ses premières découvertes, sur ses rencontres décisives, sur ses amours... Et puis – badaboum ! – retour au XXIe siècle et zoom sur les auteurs, qui ne peuvent pas s'empêcher de ramener leur fraise. Ils sont d'un orgueil démesuré, alors que le sujet aurait nécessité au contraire énormément d'humilité. Le dessinateur les représente toujours avec de petits yeux blasés, arborant un sourire ironique, genre "chuis universitaire et j'ai tout compris, ô lecteur !". Même le petit chien, "Manga" ("mec sympa" en argot grec, nous dit-on), est antipathique et sans relief (à la fin de l'histoire, il emmerde une chouette qui ne lui a rien demandé). Bref, c'est horripilant, mais ça passe encore.

Ça passe beaucoup moins quand les auteurs remplissent leurs phylactères – au lettrage mal centré soit dit en passant, mais peut-être est-ce là un défaut de l'édition francophone uniquement ? – d'autosatisfaction. Leur projet de BD ? "Franchement la chose la plus démente que j'aie jamais entendue !" (Christos, p. 22). La tautologie ? "Je sais ce qu'est une tautologie, merci ! Mais le lecteur moyen le sait-il, lui ?" (Christos, p. 97). La fidélité du dessin ? "Le petit garçon ressemble-t-il vraiment au petit Kurt Gödel ? — Son portrait craché !", répond le dessinateur (p. 199). Le Tractatus logico-philosophicus ? "Franchement, pour moi un des dix livres les plus surévalués !" (Christos, p. 265). Ben voyons... Tout comme Logicomix ?

Les deux chapitres les plus horribles en termes d'autoréférence sont ceux intitulés "Entracte" et "Finale", dans lesquels toute l'intrigue se déroule au XXIe siècle et s'éloigne du sujet. Les auteurs se disputent quant au fond de l'histoire : est-ce le chemin emprunté, avec tous ses tournants et ses culs-de-sac, ou la morale finale qui compte ? La logique est-elle "fille de la folie" ? Bref, des questions qui auraient dû être réglées avant d'écrire le scénario et non pas intégrées dans celui-ci.

Durant l'entracte, nous accompagnons Christos et Anne (celle qui s'est occupée de la recherche visuelle et du lettrage de la BD) à une répétition de théâtre. Christos n'arrête pas de lui parler de logique (et d'algorithmes), à la manière de Russell avec ses différentes épouses. La balade est l'occasion pour lui de visiter Athènes la nuit, qu'il ne reconnaît plus : il est très étonné de voir, dans un quartier qu'il connaissait bien, des prostituées, un magasin chinois, ainsi qu'un coiffeur avec une enseigne en hindi (oui, et ?). Il se fait harceler par un clochard pas net, puis se fait voler son portable par un "voyou". Ces quelques pages pourraient presque illustrer un tract du Front national sur "la déliquescence de notre belle société occidentale". Bon, OK, j'exagère un peu mais ça m'a marqué, tout de même : qu'est-ce que cette putain d'histoire de quartier pas sûr vient foutre dans l'histoire d'une "quête des fondements" ?

Même remarque pour la fameuse finale, où nous sommes tenus d'assister à l'Orestie d'Eschyle, qui permet aux auteurs de continuer leurs digressions et d'établir des liens ténus entre les différents aspects du récit (comparaison entre la rage des furies et la rage d'Hitler, mise en avant de la force de la raison, etc.). Trois niveaux chronologiques ne suffisaient donc pas : il fallait en rajouter in extremis un quatrième, ancré dans la Grèce antique. C'est maladroit, barbant et somme toute très pédant.

Graphiquement bon mais sans plus

Et les dessins dans tout ça ? Hé bien ils sont grosso modo dans le style de la ligne claire... Heureusement d'ailleurs, au vu de la difficulté et de la complexité du propos ! Dès la première page, j'ai néanmoins l'impression de voir une référence explicite à Scott McCloud, l'auteur de BD américain à l'origine de plusieurs essais théoriques sur la BD (dont le célèbre Art Invisible, 1993). McCloud, dans ses BD théoriques tout au moins, s'adresse lui aussi directement à ses lecteurs.

Pour le reste, le dessin reste assez banal, un peu fade. Je ne dis pas qu'Alecos Papadatos ne sait pas dessiner, mais simplement qu'il ne dessine pas comme quelqu'un qui est censé cosigner "le plus extraordinaire roman graphique de tous les temps". Tout n'est pas négatif, loin de là (ha bon ?) : il y a malgré tout une preuve certaine de savoir-faire : on reconnaît directement chaque personnage... Le "vieux Russell" ressemble au vieux Russell, avec son éternelle pipe ; Wittgenstein (assez réussi) ouvre, sur chaque case où il apparaît, ses grands yeux de génie excentrique... Revers de la médaille : le tout reste assez figé et il est possible de trouver des pages entières sans presque aucune variation de visage (à ce sujet, les scènes décrivant la conférence de 1939 sont assez exemplatives – voilà, j'aurai au moins placé un belgicisme dans ce texte).

Et puis, pourquoi toutes ces bulles gorgées de longues explications ? C'est un gâchis tellement dingue que j'ai du mal à y croire : nous avons devant les yeux une BD qui traite de philosophie et de logique, mais qui n'exploite pas l'immense possibilité du média. Quitte à copier Scott McCloud, pourquoi ne pas le faire jusqu'au bout ? Pourquoi ne pas avoir remplacé ces centaines de cases remplies de gros phylactères gorgés de textes par des schémas, des dessins expliquant plus légèrement certains concepts ? Mis à part quelques exemples rapidement expédiés (comme le paradoxe du barbier, représenté sous la forme d'un dessin plus "cartoon" qui ne paie pas de mine), rien, nada, que dalle.

Et sinon, ça parle de quoi ?

Enfin, un dernier constat : ce livre traite de tellement de sujets à la fois qu'il est difficile d'en connaître le thème principal. En bref : ça parle de quoi tout ce bazar ? De la quête des fondements des mathématiques ? De la philosophie humaniste de Russell ? De sa vision du pacifisme et, au-delà, de son avis sur la Seconde Guerre mondiale ? Du rapport entre les questions posées par la tragédie grecque et le monde contemporain ? De l'apport des logiciens de la première moitié du XXe siècle à l'informatique ? Ou tout simplement de la manière d'écrire un roman graphique sur la "quête des fondements" ?

Les auteurs savaient-ils eux-mêmes où ils mettaient les pieds ? S'ils avaient su ce qu'ils devaient écrire, ils auraient pu supprimer sans problème un des niveaux : celui de l'autoréférence, cette partie futile où ils se mettent constamment en avant. La BD aurait gagné en fluidité : Russell parlant de son passé, c'eût été parfait, plus intéressant et beaucoup moins lourd. Seulement voilà : j'ai comme l'impression que ce livre est autant une apologie de Doxiadis, Papadimitriou et consorts qu'un retour sur la vie de Russell... Ou bien tout simplement une expérience qui a permis à quelques universitaires de digérer une matière et de faire leurs dents dans le monde de la bande dessinée. 

À force de vouloir traiter de tout, ce livre traite de... pas grand chose. Les auteurs prennent de grandes libertés avec l'histoire, inventant des rencontres qui n'ont jamais eu lieu : ce n'est dons pas un livre à vocation historique. Et malgré de nombreuses conversations, les questions de logique et de philosophie ne sont qu'effleurées : ce n'est donc pas non plus un livre de vulgarisation (à moins de ne pas du tout connaître le sujet). 

Je ne sais donc toujours pas quel est le sujet central de cette BD. Ce n'est pas grave : ça ne m'empêchera pas de dormir la nuit... Quoique...

Une journée en mono

Les écouteurs de mon lecteur MP3 sont définitivement usés, foutus, cassés, morts... C'est toujours le même problème : un jour, à force de triturer les fils dans tous les sens, l'écouteur gauche rend l'âme. Pendant quelques heures, je peux réparer le problème en chipotant au fil comme un forcené. Et puis, après un dernier soubresaut accompagné d'un déchirant "krprschribfrxfprtkrt", c'est le décès, le vrai, celui dont on ne revient pas, et je n'entends plus tristement que le canal droit de la stéréophonie, ce qui est très désagréable car j'ai comme l'impression d'être sourd d'une oreille. La vie en mono est d'un triste. Je ne demande pas le 5.1, simplement un existence en stéréo.

Impossible de vivre plusieurs jours sans musique dans mes (deux) oreilles : après mon boulot, je me rends donc à la FNAC près de la place Saint-Lambert à Liège pour m'acheter de nouveaux écouteurs : des Logitech qui ont la merveilleuse capacité de couper tout bruit extérieur. J'en profite pour m'acheter un nouvel appareil photo : pas le gros appareil reflex de la mort, mais un petit Canon Ixus 115 HS en réclame. C'est marrant, du moins en français, de donner "HS" comme nom à un appareil photo, ça apporte un éclairage sur son avenir : "Hors service".

Cela faisait longtemps que je ne m'étais plus acheté d'appareil photo et je suis légèrement abasourdi par les avancées technologiques effectuées en dix ans sur les appareils de type compact : miniaturisation, diminution du poids, haute sensibilité qui permet de se passer quasiment tout le temps du flash, prise en main facile. Revers de la médaille : impossible de modifier le diaphragme et la profondeur de champs, de jouer convenablement avec la vitesse d'obturation. Pour ça, mon gars, faut que tu t'achètes un reflex.  
Et dire que j'en ai un, de reflex, un Leica "R3mot Electronic", un vieil appareil argentique qui appartenait au grand-père de Maïté. Celui-ci était photographe professionnel et conservait de nombreux appareils photos dans sa cave/chambre noire : des Leica et des Hasselblad principalement, soit deux marques extrêmement réputées pour la qualité de leurs appareils. À la mort du grand-père, ma belle-mère m'a proposé de récupérer un appareil au choix et deux-trois optiques. Le boîtier que j'ai choisi (le R3 électronique, un peu gadget) ne fonctionne plus très bien. Par contre, les optiques sont de petites merveilles, surtout les deux premières : deux objectifs Leitz de 35 mm et 90 mm ainsi qu'un grand angle. Je ne m'en sers pas pour le moment. Il faudrait que je rachète un boîtier numérique qui accepte les vieux objectifs Leica de type "R", pour autant que cela existe (je ne me suis jamais posé la question, pour tout dire).

* * *

Je suis fatigué, presque autant qu'hier, mais je n'ai guère envie de me morfondre chez moi. J'envoie un message à Emily pour savoir si elle ne veut pas aller boire un verre quelque part, "peu importe l'endroit" (à l'exception d'un pub anglais du cœur de Londres). Réponse : "Je suis déjà à la Maison du Peuple, si tu veux." Ben voyons !
Maison du Peuple, donc. Emily est installée à une petite table au centre du café, près d'une des colonnes. Elle travaille sur son PC portable et le range quand j'arrive. La salle est noire de monde, il y a beaucoup de bruit et des clients qui passent dans tous les sens. Pendant qu'Emily va chercher deux Chimay blanches au bar, j'ouvre rapidement mon ordinateur à mon tour car j'ai besoin de récolter quelques renseignements la concernant. Lorsqu'elle revient, je lui demande donc : "Alors, Emily, les mathématiques, universelles ou pas ?". Je ne me rappelais plus de sa réponse (intéressante) de ce dimanche et j'en ai besoin pour terminer un article.
Amusant : les branches scientifiques préférées d'Emily sont la biologie et la chimie (elle est d'ailleurs biologiste de formation), soit les deux que je déteste le plus. De mon côté, je préfère les mathématiques et la physique. Allez savoir pourquoi... Peut-être à cause de l'intérêt que je porte à l'informatique et à l'astronomie ?

Emily me reconduit chez moi en voiture en fin de soirée, pas trop tard, comme d'habitude. Je m'installe chez moi à la petite table que m'a passée Léandra pour mon réveillon. Je mets de la musique. Je passe mon temps à relire d'anciens articles de ce blog. J'ouvre une bouteille de vin et je ne vois pas le temps passer... Double erreur : lorsque je regarde l'heure, il est déjà 2 heures du matin et quand je regarde la bouteille, elle est déjà presque vide. 

Cholécystectomie laparoscopique et stoemp saucisse

Reprise du boulot. Ma collègue Charlotte est de retour après un mois de congé "maladie". Elle a été opérée, comme moi, pour une ablation de la vésicule biliaire, mais curieusement pas de la même façon. En ce qui concerne mon petit (?) ventre meurtri, mon chirurgien italien sympa a effectué une seule incision au niveau du nombril. Dans le cas de Charlotte, il y a eu quatre incisions et elle a dû porter des agrafes pendant quelques jours. Pourquoi cette différence ? Ha, mais Madame c'est que moâââ j'ai été opéré par un génie, spécialiste mondial de la cholécystectomie laparoscopique par incision ombilicale unique... Ou bien alors c'est une vaste conspiration contre ma personne et l'on ne m'a rien enlevé du tout. En tout cas, si je dois subir une seconde opération du ventre, je demanderai à ce que ce soit le même chirurgien de l'hôpital Saint-Pierre à Bruxelles qui s'en charge.

Je suis exténué par ma reprise du boulot. Je suis totalement décalé, car je n'ai presque pas réussi à dormir cette nuit... Même si je n'ai pas besoin de beaucoup de sommeil pour être opérationnel, j'accuse tout de même (comme Zola – elle est nulle, je sais) une fatigue certaine. Petit sourire intérieur quand ma collègue Christiane me dit de bon matin, lorsque je remarque qu'elle a de petits yeux cernés : "Oh, c'est rien : je n'ai pas pu aller dormir avant minuit à cause de mon fils, qui est malade pour l'instant."

* * *

Le soir, Léandra m'invite à manger chez elle. Elle avait envie de cuisiner et a donc préparé un revigorant "stoemp saucisse". J'ai apporté deux Orval, au cas où... Un peu comme Marius qui apporte sa bouteille de Bordeaux rien que pour lui dans les Bronzés font du ski, parce qu'il ne "digère pas le vin blanc, c'est dingue !"

Après le souper, je m'allonge sur le divan. J'ai vraiment besoin de dormir. Je suis trop paresseux pour prendre quelques notes durant la soirée et ne me souviens plus vraiment des discussions que nous avons eues. Nous avons parlé de Jonas et du fait que Léandra et lui ressemblent plus à un "vrai couple" pour le moment. Nous avons parlé de Logicomix (le roman graphique sur Russell, Wittgenstein et compagnie, que Léandra m'a offert pour la Noël), dont la lecture me déçoit (la suite prochainement). J'ai sans doute également ennuyé Léandra avec mes questions existentielles sur tel ou tel sujet barbant ou sur telle ou telle personne, mais je ne m'en souviens plus.

Après un dernier thé (oui, oui, un thé) en compagnie de mon amie, je rentre chez moi, totalement crevé. Il est à peine dix heures du soir lorsque je reviens à mon appartement. Le problème, c'est qu'une fois dans mon lit, je n'ai plus sommeil du tout et rallume mon ordinateur... Cela me fait penser à un discours d'une psychologue de l'ONE (Office de la naissance et de l'enfance), il y a environ cinq ans : "Faites en sorte que votre enfant ne prenne pas son lit comme un terrain de jeu mais bien comme le lieu où il dort, afin qu'il associe cet endroit à un endroit de repos et non d'activité physique ou intellectuelle." Je suis un grand enfant et, pour arriver à dormir dans ce lit, je devrais peut-être m'obliger à m'installer autre part quand je suis devant mon PC...

Badminton sans raquette

Tiens, qui voilà ! Mais quelle surprise ! Emily est installée à une table de la Maison du Peuple, avec le PC de son boulot, pour ne pas changer. Elle écrit ses vœux pour la nouvelle année. De mon côté, j'ai du travail : je dois rattraper le temps qui passe sur mon blog. C'est pas gagné...
Je cours après mon retard d'écriture en rédigeant un article prétentieux, égocentrique et autodestructeur sur l'intelligence et la dépression. En me relisant, je me dis que je devrais avoir honte de coucher pareilles idées sur le papier, tant c'est pédant : "Baudelaireuh, qui s'est laissé allé à la pensée aristocratiqueuh blablabla". Je n'aime pas Baudelaire et, par ailleurs, ce que j'écris à son endroit ne signifie pas grand chose. Marrant, cela dit : ce journal devient un lieu d'expression où je me critique moi-même. Strange Case of Dr Lionel and Mr Hamilton.
Emily me conduit en voiture jusqu'au badminton. Je croyais qu'elle me déposerait près de chez elle (soit à 500 mètres de la salle de sport) mais non : elle me dépose pile devant l'entrée du bâtiment. Merci Emily ! 
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"Tiens, qui voilà ! Mais quelle surprise !" : c'est à peu de choses près ce que me dit Hamilton III, le serveur de la buvette qui surplombe les six terrains de badminton, lorsqu'il me voit débarquer. Ça fait environ quatre mois que je n'y ai plus mis les pieds : en prévision de mon opération chirurgicale, j'avais en effet décidé d'arrêter le sport dès septembre, histoire de ne pas payer une cotisation complète pour des prunes.
Je regarde avec Hamilton III la salle en contrebas : très peu de joueurs sont présents. Sur une moitié de terrain, Toine et Mary me voient et mon font de grands signes de la main. Pendant ce temps, Hamilton III me parle de sa vie qui change : "C'est l'enfer, mec, ma compagne est enceinte !", puis plus tard : "Si personne n'est là dans une demi-heure, je ferme la buvette et rentre chez moi !" Pour être auprès d'elle ? Pas du tout : "Pour jouer à la Playstation tant que le mioche n'est pas encore sorti !"
Après deux cafés, je descends dire bonjour à mes amis badistes. Les voir jouer me donne furieusement envie de recommencer ce sport. Ce sera sans doute pour la semaine prochaine. Quelques joueurs me saluent quand je passe. Pas de Lewis en vue. Flopov arrive un peu après moi et pousse un "Ooooh !", surpris comme si elle avait vu un revenant (c'est un peu le cas, en fait). Je leur explique la situation : pourquoi j'ai été absent, etc. De son côté, Toine s'est foulé la cheville en septembre et a lui aussi dû arrêter le sport pendant quelques mois. 
Jean, professeur de mathématique à la retraite, le plus vieux joueur du club, est dans la salle : il ne peut plus faire de sport mais est venu faire un petit coucou pour le Nouvel An. Je suis content de le revoir. Pendant ce temps, sur le terrain, Mary rate un coup et lance, furieuse, un "Haaaaa, fuck, fais chier, putain !". Je ne peux m'empêcher de faire, tout sourire, cette remarque à Jean : "Rien n'a changé ici, comme tu peux t'en rendre compte par toi-même."

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Après le badminton, Mary, qui est en voiture, m'invite à boire un verre chez elle (elle habite à un kilomètre de chez moi). Elle a notamment de la Tripel Karmeliet dans son frigo.

Trois de ses colocataires sont présents quand nous arrivons : John (celui qui monte toujours dans sa chambre très tôt), Matt (celui que je n'avais encore jamais vu) et Sebastian (celui qui ne parle pas beaucoup, du moins de prime abord). Sont également présents, au tout début de la soirée, le frère de John et sa compagne.

Au cours de la soirée, Mary revient sur son obsession : me rhabiller. Il faut que je me rhabille. Elle propose de m'aider. Elle me bassinera avec ça jusqu'au moment où je lui dirai : "Oui, Mary, je vais suivre ton conseil, Mary". En outre, elle sait déjà ce qu'elle va m'offrir à mon anniversaire : un vêtement. Par pitié, qu'on ne me parle plus de vêtements !

Mary me reconduit en voiture vers 23h. Merci Mary ! Je suis fatigué, il faut vraiment que je dorme mais ne suis pas sûr du tout d'y arriver, à cause de cet horrible décalage causé par ma soirée de Nouvel An...